Chapitre II : ETAT DES LIEUX DU CHOMAGE AU
BURKINA FASO.
I Définition du concept de chômage
La définition standard (au sens strict) du chômage
donné par le BIT précise les trois (3) conditions à
cumuler pour qu'une personne soit considérée comme chômeur
: (i) être sans emploi ; (ii) rechercher activement un emploi,
c'est-à-dire avoir pris des dispositions spécifiques au cours
d'une période récente spécifiée pour chercher un
emploi salarié ou non salarié ; (iii) être disponible pour
travailler dans un délai de deux semaines (Bureau International du
Travail, 2004).
Dans les pays en voie de développement, cette
définition pose problème car elle aboutit à des taux de
chômage très faibles. En vue d'adapter le concept de chômage
à certains pays, la treizième conférence des statisticiens
du travail a proposé que «[....] dans les situations où les
moyens conventionnels de recherche de travail sont peu appropriés,
où le marché du travail est largement inorganisé ou d'une
portée limitée, où l'absorption de l'offre de travail est,
au moment considéré, insuffisante, où la proportion de
main-d'oeuvre non salariée est importante, la définition standard
du chômage peut être appliquée en renonçant au
critère de la recherche de travail » (Bureau International du
Travail, 2004).
Cette recommandation, désormais prise en compte dans le
calcul du taux de chômage au Burkina Faso révèle qu'une
frange importante des personnes sans emploi et disponibles pour travailler ne
participe pas au marché du travail. Par conséquent, si rien n'est
fait, la vulnérabilité de ces personnes risque de
s'accroître entrainant une menace potentielle pour la stabilité
politique et sociale.
-CHOMEURS : personnes n'exerçant pas d'emploi
rémunéré ou pas travailleurs indépendants,
disponibles pour travailler et s'efforçant de trouver un emploi
rémunéré ou de devenir travailleurs indépendants
(cf. cours d'économie des ressources humaines ( Ouédraogo
,2014 )
-HALO-CHOMAGE : c'est la jonction entre trois
situations : inactivité-emploi-chômage
[]-CHOMAGE FRICTIONNEL : c'est celui qui découle de
l'activité de recherche d'un premier emploi et de la mobilité de
la main-d'oeuvre engendrée par les changements techniques.
-CHOMAGE NATUREL : est décrit par le
monétariste Milton Friedman sur le marché du travail ; il
existe un taux de salaire réel d'équilibre qui en ce point il
existe en même temps un chômage que Friedman qualifie de
chômage naturel. C'est le chômage auquel tend naturellement
l'économie.
-CHOMAGE D'ATTENTE, DE RECHERCHE OU DE PROSPECTION :
chômage volontaire correspondant à la période
d'investissement en information ou formation pour trouver le meilleur
emploi.
-CHOMAGE DE MOBILITE : les travailleurs employés sont
en permanente mobilité. A tout moment les individus quittent leur emploi
pour changer d'entreprise, de région, de salaire, de poste, de condition
de travail. En plus de cette mobilité d'emploi s'ajoute des
périodes de mobilité entre activité et
inactivité.
-CHOMAGE CONJONCTUREL OU CYCLIQUE : illustre l'idée
que l'emploi est tributaire du niveau de l'activité économique.
Il peut résulter d'un ralentissement de l'activité ou de
l'évolution négative de l'économie qui peut
présenter un caractère cyclique.
-CHOMAGE RESIDUEL : désigne la partie non
conjoncturelle du chômage
-CHOMAGE SAISONNIER : lié aux variations
d'activité au cours de l'année dans certain secteur
économique.
-CHOMAGE CHRONIQUE OU DURABLE : pointe le fait de certaines
activités ou certaines catégories de personnes peuvent être
confrontées de façon plus durable à une situation de
chômage.
-CHOMAGE STRUCTUREL : est causé par des
rigidités aussi bien des salaires que des qualifications.
-CHOMAGE DE CROISSANCE : correspond à des demandes
d'emploi non satisfaite et relevée par l'expansion économique.
-CHOMAGE EFFECTIF : est le niveau de chômage
calculé selon les normes édictées par le BIT
-CHOMAGE APPARENT OU DEGUISE : désigne des situations
de sous-optimisation de l'emploi, masquant en réalité un
chômage potentiel :
Situation de sureffectif dans les entreprises ou
administrations.
Salaire plus élevé que la productivité
moyenne des travailleurs.
-CHOMAGE PARTIEL : correspond à une réduction
du temps de travail entrainant une réduction de
rémunération.
-CHOMAGE TECHNIQUE : correspond à des arrêts de
travail pour des motifs techniques : difficultés
d'approvisionnement, indisponibilité des équipements, occupation
des locaux, intempéries.
-CHOMAGE TECHNOLOGIQUE : correspond à des mutations
et/ou pertes d'emploi occasionnées par le changement des méthodes
de production.
· Situation actuelle du chômage au Burkina
Faso
Cette section sera structurée de la façon suivante
on présentera d'abord le chômage selon le milieu de
résidence, ensuite selon les régions, de plus selon le niveau
d'éducation et de sexe enfin selon l'âge
Bref résumé sur la situation actuelle du
chômage
Au Burkina Faso, le chômage est un phénomène
essentiellement urbain qui touche particulièrement les jeunes. En effet,
selon les résultats de l'Enquête Intégrale sur les
Conditions de Vie des Ménages (EICVM 2009/2010), 11,5% des jeunes vivant
en milieu urbain sont au chômage, contre une moyenne nationale de 2,2%. A
cela, il faut ajouter le fait que la population jeune en âge de
travailler accuse un déficit important en compétences, environ
58% des jeunes de 16 à 24 ans et 71% de ceux de 25 à 35 ans ne
sont ni instruits ni alphabétisés. Seulement 12,1% des jeunes de
25 à 35 ans et 20,4% des jeunes de 16 à 24 ans ont un niveau
secondaire au moins. Un peu moins de 2% des jeunes de 25 à 35 ans ont un
niveau supérieur. Parmi les jeunes femmes de 16 à 35 ans, environ
72% ne sont ni instruites ni alphabétisées, contre 54% des jeunes
hommes. A peine 5% de la population de 16 à 64 ans a
bénéficié d'enseignement et de formation techniques et
professionnels (EFTP) dont 6,3% d'hommes et 3,1% de femmes. Il ressort des
données de l'EICVM 2009/2010 que le taux de chômage selon la
définition du Bureau International du Travail est de 8,5% en milieu
urbain, contre 2,2% au niveau national. Environ 9,5% des femmes et 11,5% des
jeunes sont au chômage en milieu urbain. 54% des chômeurs sont des
femmes, 82% des chômeurs sont des jeunes et 43% des chômeurs ont
moins de 25 ans. Le chômage urbain des jeunes s'accentue avec leur niveau
d'instruction. En effet, plus du tiers des jeunes de niveau supérieur
sont au chômage. Le taux de chômage est de 34,5% chez les jeunes de
niveau supérieur, contre 17,2% chez les jeunes de niveau secondaire,
11,3% pour ceux de niveau primaire. Seulement 5,4% des jeunes non instruits
sont au chômage. Ainsi, le chômage des jeunes est en partie
lié à la faible employabilité des jeunes formés
dans le système éducatif national.
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