II) SELON LE MILIEU DE RESIDENCE
Selon l'INSD le chômage au Burkina Faso touche
généralement le milieu urbain que le milieu rural ceci se
confirme par le tableau suivant :
Tableau 1 : Evolution du taux de chômage selon
le milieu de résidence en%
|
1994
|
1998
|
2003
|
2005
|
2007
|
2010
|
2014
|
Total
|
Urbain
|
15,6
|
15 ,3
|
13,8
|
10,4
|
8,6
|
9,2
|
7,1
|
11,42
|
Rural
|
0,8
|
0,5
|
0,8
|
0,8
|
2,2
|
0,2
|
6,4
|
1,67
|
Ensemble
|
2,6
|
2,5
|
2,8
|
2,7
|
3,3
|
2,2
|
6,6
|
3,24
|
Sources : INSD, Enquêtes prioritaires 1994 et 1998,
Enquête burkinabé sur les conditions de vie des ménages
2003 et enquêtes annuelles sur les conditions de vie des ménages
(EA-QUIBB) 2005 et 2007
Le tableau montre qu'en moyenne, en milieu urbain le taux
chômage vaut six (6) fois celui du milieu rural. Ce qui montre que le
chômage est essentiellement un phénomène
urbain puisqu'en campagne c'est l'agriculture qui y est
développé. Ce qui peut se confirmer par le graphique
suivant :
Graphique 4 : Evolution du taux de chômage selon le milieu
de résidence
SOURCE : Construit par l'auteur à partir des
données de l'INSD, Enquêtes prioritaires 1994 et 1998,
Enquête burkinabé sur les conditions de vie des ménages
2003 et enquêtes annuelles sur les conditions de vie des ménages
(EA-QUIBB) 2005 et 2007.
Le graphique ci-dessus montre l'évolution du taux de
chômage selon le milieu de résidence. On constate que de
façongénérale de 1994 à 2014 le taux de
chômage baisse au cours du temps en milieu urbain (la courbe de tendance
est décroissante au cour du temps) ; cela s'explique par
l'efficacité des politiques de lutte contre le chômage ou à
la hausse du taux d'absorption des chômeurs durant la période.
Mais toutefois on constate une légère baisse en 2007 et une
hausse entre 2007 et 2010, cela peut s'expliquer par les crises telles que la
crise de 2008, la vie chère en 2010-2011. En milieu rural c'est le
contraire qu'on observe de 1994 à 2014 le taux de chômage augmente
au cours de la période (courbe de tendance croissante au cours du temps)
on constate également une forte baisse en 2010 ; cela ne peut être
due à l'instabilité de la pluviométrie.
Mais de façon globale on constate qu'au cours de la
période 1994 à 2014, le taux de chômage en milieu urbain
est supérieur à celui du milieu rural.
2.2 Evolution du taux de chômage selon les
régions en 2010
Dans la région du Centre qui est essentiellement urbaine
(Ouagadougou), on enregistre le taux de chômage le plus
élevé (7,7%). Ce chômage est aussi accentué dans la
région des Hauts Bassins (3,3%). En revanche, c'est dans les
régions du Centre Nord, et de la boucle du Mouhoun qu'on enregistre le
taux de chômage est la plus faible (0,1%) au centre Nord et (0,2%)
dans la boucle du Mouhoun. Le tableau ci-dessous confirme ces
résultats
Tableau 2 : Evolution du taux de chômage selon
les régions en 2010
Regions
|
Mouhoun
|
Cascades
|
Centre
|
Centre Est
|
Centre Nord
|
Centre Ouest
|
Centre Sud
|
Est
|
Haut-Bassin
|
Nord
|
Plateau Central
|
Sahel
|
Sud Ouest
|
Ensemble
|
2010
|
0,2
|
0,9
|
7,7
|
0,6
|
0,1
|
0,4
|
0,3
|
1,8
|
3,3
|
0,4
|
0,3
|
0,3
|
0,5
|
1,8
|
Souce :INSD, annuaire statistique 2010
Graphique 5 : Taux de chômage selon les
régions en 2010
SOURCE : Construit par l'auteur à partir des
données de l'INSD, annuaire statistique 2010
Le graphique ci-dessus confirme bien les données du
tableau, le chômage touche plus la région du centre et des hauts
bassins.
Ø Un taux de chômage qui croît avec
le niveau d'éducation et selon le sexe
Le taux de chômage est très accentué chez les
actifs ayant le niveau d'éducation élevé et surtout le
sexe féminin. Au supérieur on enregistre (27,6%) pour les hommes
contre (28%) pour les femmes. Par contre il est relativement très faible
chez les actifs sans aucun niveau d'éducation (1,5%) pour les hommes et
(3,7%) pour les femmes et enfin au primaire on a (5,1%) pour les hommes contre
14,4% pour les femmes.
Conclusion partielle
Le taux de chômage croît avec le niveau
d'éducation et touche les femmes plus que les hommes. Il en est
probablement ainsi parce que les moins instruits sont occupés par des
activités que ne veulent faire les plus instruits. Pour ce qui concerne
les femmes, elles sont plus occupées par les travaux ménagers ce
qui fait que le chômage y est plus élevé. En
général, le type d'emploi recherché par tout actif est
fonction de sa formation et de son niveau d'éducation. La hausse du
taux de chômage avec le niveau d'éducation pose un problème
d'adéquation du système éducatif au Burkina Faso avec les
emplois décents.
Tableau 3 : taux de chômage selon le niveau
d'instruction et le sexe
Niveau d' instruction
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
aucun niveau
|
1,5
|
3,7
|
2,6
|
Préscolaire
|
2,5
|
16,7
|
19,2
|
Primaire
|
5,1
|
14,4
|
9,75
|
Secondaire 1er cycle
|
11,4
|
27,5
|
19,45
|
secondaire 2nd cycle général
|
17,9
|
35,5
|
26,7
|
secondaire 2nd cycle Tech prof
|
23,5
|
15
|
19,25
|
Supérieur
|
27,6
|
28
|
27,8
|
ensemble
|
89,5/12,27
|
140,8/ 20,11
|
|
SOURCE : INSD, Enquêtes prioritaires 1994 et 1998,
Enquête burkinabé sur les conditions de vie des ménages
2003 et enquêtes annuelles sur les conditions de vie des ménages
(EA-QUIBB) 2005 et 2007.
Graphique 6: Taux de chômage selon le niveau d'instruction
et selon le sexe
SOURCE : Construit par l'auteur à partir des
données de l'INSD, Enquêtes prioritaires 1994 et 1998,
Enquête burkinabé sur les conditions de vie des ménages
2003 et enquêtes annuelles sur les conditions de vie des ménages
(EA-QUIBB) 2005 et 2007
Le graphique ci-dessus montre une tendance croissante du taux de
chômage selon le niveau d'instruction .On observe le taux le plus faible
aux individus n'ayant aucun niveau .cela s'explique par le fait que ces
derniers peuvent s'insérer facilement dans le secteur informel(en ville)
et sont généralement des cultivateurs(en campagne). Par contre,
le chômage est plus développé au supérieur et au
secondaire 2nd cycle général .cela est due au fait que
la formation générale n'est pas adaptée au marché
de l'emploi alors un problème d'insertion sur le marché de
l'emploi s'expose. Quant au secondaire 2nd cycle technique
professionnel, le chômage y est plus bas que le secondaire 2nd
cycle général dans la mesure où la formation est un peu
adaptée au marché de l'emploi.
Le chômage est aussi influencé par l'âge ce
qui se confirme par les statistiques suivantes :
Tableau 4 : Evolution du taux de chômage selon
la tranche d'âges
Tranche d'âges
|
Hommes
|
Femmes
|
Ensemble
|
15-29
|
6
|
10
|
8,2
|
30-49
|
1,9
|
4,8
|
3,5
|
50--64
|
2,4
|
2
|
2,2
|
Source : INSD, annuaire statistique 2013
Graphique 7 : Evolution du taux de chômage selon le
tranche d'âge
SOURCE : Construit par l'auteur à partir des
données de l'INSD, annuaire statistique 2013
Selon le graphique ci-dessusle chômage touche
essentiellement la jeunesse. Un taux de chômage de 8,2% est
observé chez les actifs de 15-29 ans alors qu'il n'est que de 3,5% chez
les 30-49 ans et 2,2% chez les 50-64 ans. Pour les jeunes des tranches
d'âge 15-29 ans et 30-49 ans, les femmes sont les touché par le
chômage. Pour les actifs de moins de 30 ans, le taux de chômage est
de 10% chez les femmes contre 6% chez les hommes. On a également 4,8%
comme taux de chômage de femmes contre 1,9% comme taux de chômage
des hommes dans la tranche d'âge 30-49 ans. Cependant, pour les plus de
50 ans, le taux de chômage des hommes dépasse celui des
femmes : respectivement 2,4% et 2%. Le chômage des femmes au plan
national est alors très préoccupant et donne lieu à des
questionnements quant à l'égalité des chances entre genre,
surtout en milieu urbain.
2.6 Autres personnes touchées par le
chômage
Le taux de chômage est plus élevé chez les
célibataires (6,6%), chez ceux vivant en union libre (4,2%) et chez les
divorcés/séparés (2,7 %), chez les mariés monogames
et les mariés polygames sont respectivement de 1% et 0,8% chez les
veufs/veuves (OUEDRAOGO ,2014)
2.7Les Politiques entreprises par l'Etat Burkina
Faso
Pour faire face aux défis de l'emploi décent et de
la réduction de la pauvreté, le Burkina Faso a entrepris depuis
près d'une décennie, le renforcement de son cadre institutionnel
et politique de promotion de l'emploi ainsi que la mise en place de projets et
programmes spécifiques de développement des compétences et
de promotion de l'emploi en faveur des jeunes.
Sur le plan institutionnel, la création d'un
Ministère en charge de l'Emploi et de la Jeunesse a été
l'élément déclencheur du processus de mise en place d'un
dispositif en vue de canaliser et de coordonner l'action gouvernementale au
profit de l'emploi des jeunes.
Sur les plans politique et réglementaire, des mesures ont
été adoptées par le gouvernement en vue de favoriser
l'emploi des jeunes. Parmi ces mesures on peut noter l'adoption d'une Politique
Nationale de l'Emploi (PNE), l'adoption d'une Politique Nationale
d'Enseignement et de Formation Techniques et Professionnels (PN/EFTP),
l'adoption d'une Politique Nationale de Jeunesse (PNJ), l'institution d'un
corps de volontaires nationaux et la mise en place d'un Conseil National de
l'Emploi et de la Formation Professionnelle (CNEFP).
Outre le renforcement et l'amélioration du cadre
institutionnel et politique pour le traitement des questions de formation et
d'emploi, le gouvernement n'a cessé de développer des actions en
faveur de la promotion de l'emploi. Ces actions s'inscrivent dans une dynamique
de promotion de l'auto-emploi à travers le renforcement de l'appui
à la création de Micros et Petites Entreprises (MPE) qui se
matérialisent par l'accompagnement technique et financier des jeunes
promoteurs pour le montage et la mise en oeuvre de leur projet d'auto-emploi.
A ce titre, il a été mis en place un dispositif de financement
qui est composé essentiellement : d'un Fonds d'Appui au Secteur Informel
(FASI) ; d'un Fonds d'Appui à la Promotion de l'Emploi (FAPE) ; d'un
Fonds d'Appui aux Initiatives des Jeunes (FAIJ). Ce dispositif de financement
concourt fortement à la création et à la consolidation
d'emplois en faveur des jeunes de par leur accessibilité et leurs
modalités de remboursement des prêts octroyés qui tiennent
compte des réalités socio-économiques des jeunes.
Dans le but d'améliorer l'employabilité des jeunes,
plusieurs actions spécifiques tant conjoncturelles que structurelles a
été mise en place prenant en compte la nécessité de
développement de compétences adaptées aux besoins du
marché de l'emploi. C'est dans cette dynamique qu'il a été
mis en place un Programme de Renforcement de la Formation Professionnelle
(PRFP) et un Programme d'Appui à la mise en oeuvre de la Politique
Sectorielle de l'EFTP (PAPS/EFTP).
Pour impulser fortement la dynamique de promotion de l'emploi, le
gouvernement a mis en place en 2012, un Programme spécial de
création d'emplois en faveur des jeunes et des femmes (PSCE/JF) d'un
coût annuel de plus de 11 milliards de FCFA entièrement
financé par le budget national et dont l'objectif principal est de
contribuer à réduire le chômage et le sous-emploi des
jeunes et des femmes. Ce vaste programme traduit la volonté des
autorités politiques à réduire le chômage et le
sous-emploi des groupes vulnérables à travers une approche
holistique prenant en compte toutes les catégories sociales de jeunes et
de femmes.
Pour renforcer la dynamique de création d'emplois, le
gouvernement a procédé à la mise en oeuvre en 2014, d'un
nouveau projet visant la promotion de l'emploi des jeunes et des femmes et le
développement de leurs compétences (PEJDC). Aussi, prenant en
compte, la nécessité d'une adéquation entre la formation
et les besoins de l'économie, une stratégie de
généralisation de la formation professionnelle sera mise en
oeuvre avec une forte implication des collectivités territoriales qui,
dans le cadre de la décentralisation, assurent entre autres, « la
prise en charge, avec l'appui de l'Etat, de la promotion de l'emploi, de la
formation professionnelle et de l'alphabétisation ».Trois
politiques sectorielles sous- tendent cette triptyque Jeunesse Formation
professionnelle-Emploi. Il s'agit des Politiques nationales de jeunesse (PNJ),
d'enseignement et de formation techniques et professionnels (PN/EFTP) et
d'emploi (PNE), toutes adoptées en 2008. Ces trois politiques
sectorielles ont été conçues et adoptées dans un
contexte de mise en oeuvre du Cadre stratégique de lutte contre la
pauvreté (CSLP), qui était le cadre référentiel de
développement du Burkina Faso. En 2012, un programme spécial de
création d'emploi en faveur des jeunes et des femmes(PSCE/JF) fut
créé. En 2010, le Gouvernement burkinabè a adopté
la Stratégie de croissance accélérée et de
développement durable (SCADD) pour la période 2011-2015. Ce
dernier se veut être un instrument d'orientation stratégique
axé sur les résultats, dont l'opérationnalisation des axes
est du ressort des politiques sectorielles. L'actuel gouvernement a pris des
engagements forts pour résoudre ce phénomène à
travers le recrutement des 4200 enseignants dont 3519 pourvu et
l'élaboration du PNDS pour la période 2016- 2020.
Tableau 5 : La dynamique de l'offre du travail
Année
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Offre de travail
|
277692
|
286763
|
296132
|
305810
|
315805
|
326129
|
336792
|
336076
|
358730
|
SOURCE INSD IAP 2012
Graphique 8 :la dynamique de l'offre du travail
Construit par l'auteur à partir des
données de l'INSD IAP 2012
Le graphique montre une tendance croissante de l'offre de travail
au cour du temps sur la période 2004 -2012.
|
|