3.2. La théorie des insiders/outsiders
Certains économistes nouveaux keynésiens (en
l'occurrence Lindbeck et Snobera) ont développé la théorie
des insiders/outsiders. Les insiders désignent les travailleurs qui sont
déjà embauchés dans une entreprise. Les outsiders sont les
travailleurs désirant être embauchés par une entreprise (et
parmi eux, il peut y avoir des chômeurs...). Le problème est que
les insiders vont profiter de leur position, du fait d'être
déjà dans l'entreprise, pour accroître leurs salaires, mais
ce sera au détriment des outsiders. En effet, cela coûte cher
d'embaucher une nouvelle recrue : il faut le former, il n'est pas tout de
suite pleinement efficace, il doit s'intégrer, etc. Ce sont ces
coûts de rotation (turnover). Donc, les patrons sont prêts à
verser un plus haut salaire à un insider plutôt qu'embaucher un
outsider, tant que la différence de salaire est inférieure au
coût d'embauche. Or, pour que le patron accepte de leur accorder de
fortes hausses de salaires, les insiders vont faire tout leur possible pour
accroître le coût d'embauche (d'un outsider). Par exemple, ils vont
notamment compliquer l'intégration des outsiders dans l'entreprise, en
les isolant, en refusant de travailler avec eux, etc. Où : les
insiders vont exiger à ce que les outsiders soient mieux formés
lorsqu'ils sont embauchés, ce qui accroît donc les coûts de
formation. Par conséquent, les patrons sont plus réticents
à embaucher (des outsiders), mais plus enclins à accepter les
hausses de salaires exigées par les insiders. En l'occurrence, les
insiders vont tout particulièrement profiter des périodes de
récession et de chômage pour profiter de leur situation. Le
problème qui en découle est que les chômeurs voient leurs
chances d'être embauchés réduites par le comportement des
insiders. Par conséquent, la théorie des insiders/outsiders
permet ainsi d'expliquer (en partie) pourquoi un chômage
élevé a du mal à diminuer (malgré, par exemple,
l'amélioration de la conjoncture).
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