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Analyse des facteurs explicatives du chômage au Burkina Faso.

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par Patrice SOULAMA
OUAGA2 - DEA PTCI 2017
  

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3. Les théories des nouveaux keynésiens

Les nouveaux keynésiens rejoignent plusieurs idées de Keynes, en l'occurrence l'idée selon laquelle le chômage apparaît en raison d'une demande globale insuffisante et l'idée selon laquelle le salaire est rigide à la baisse. Pour montrer que le marché du travail ne peut s'autoréguler comme le suggèrent les néoclassiques, ils identifient plusieurs rigidités empêchant effectivement le salaire de diminuer et donc de rejoindre un quelconque « équilibre ». Puisqu'il y a une défaillance de marché, l'action publique s'en trouve justifiée.

3.1. La théorie du salaire d'efficience

Selon la théorie néoclassique, les travailleurs reçoivent un salaire d'autant plus élevé qu'ils sont productifs (en d'autres termes, le salaire dépend de la productivité, des efforts des travailleurs). Les économistes nouveaux keynésiens renversent le sens de la causalité : plus le salaire est élevé, plus les travailleurs seront productifs (autrement dit, la productivité dépend elle-même du salaire). En l'occurrence, les entreprises auraient intérêt à verser un salaire supérieur à ce que serait le salaire d'équilibre selon les néoclassiques selon les raisons suivantes :

En proposant un salaire élevé, une entreprise atténue le phénomène d'anti sélection : en effet, les travailleurs les plus qualifiés (donc les plus productifs) refusent de travailler pour de faibles salaires, si bien qu'ils ne se portent candidats que pour les entreprises qui proposent de hauts salaires.

En proposant un salaire élevé, une entreprise réduit le phénomène de risque moral (aléa moral) : une fois embauché, un travailleur risque de réduire ses efforts (c'est-à-dire d'adopter un comportement de tire-au-flanc, surtout lorsque son patron a le dos tourné) ; mais si le travailleur reçoit un salaire élevé, en particulier un salaire plus élevé que dans les autres entreprises, cela l'incite à fournir davantage d'efforts, car il aura plus de difficultés à retrouver un aussi bon salaire ailleurs (on dit que le « coût d'opportunité » du licenciement s'accroît).

En augmentant le salaire, l'entreprise réduit la rotation (turnover) du personnel, puisque les salariés sont davantage incités à rester. Or, plus un travailleur reste à son poste de travail, plus il devient performant, grâce à l'apprentissage par la pratique (Learning-by-doing). (L'entreprise y gagne, d'une part parce que les travailleurs deviennent plus performants en restant plus longtemps, d'autre part parce qu'elle n'a pas à payer des frais pour former de nouveaux candidats.)

Les travailleurs ont le sentiment d'être « bien traités » lorsqu'ils sont davantage rémunérés, ce qui les motive à faire plus d'efforts.

La théorie du salaire d'efficience a notamment été développée par des nouveaux keynésiens comme Carl Shapiro (1984 ) et Joseph Stiglitz (prix Nobel d'économie en 2001), Janet Yellen et George Akerlof (prix Nobel en 2001 )...

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo