Première Partie : ANALYSE
THEORIQUE
CHAPITRE I : cadre théorique
L'objet principal de ce chapitre est de faire ressortir les
théories, écrits, ouvrages et travaux empiriques expliquant le
chômage.
Sur le plan théorique, les recherches sur le chômage
sont très vastessi bien qu'il est difficile pour les économistes
d'avoir un consensus dans ce domaine. Il existe une infinité d'approches
sur la question duchômage, nous retiendrons ici les principaux à
savoir l'approche classique et néoclassique, l'approche keynésien
et nouveaux keynésiens et l'approchemonétariste.
1)APPROCHE CLASSIQUES ET NEOCLASSIQUES DU CHOMAGE
Dans la théorie classique on a comme auteur Adams
Smith (1776), Jean Baptiste Say (1803), David Ricardo (1815), Alfred
Marshall (1890) et Arthur Pigou (1933). Selon ces derniers le
chômage est purement et simplement volontaire (les agents
économiques refusent de travailler car le salaire du marché est
bas)
L'approche orthodoxe est la première approche qui à
tenter d'expliquer le chômage. Selon cette approche le travail est
traité comme n'importe quel autre bien. Les ménages cherchent
à maximiser leurs satisfactions. Ils font un arbitrage entre le travail
et le loisir (Cahuc, Zylberberg,1996). Afin de faire le choix entre le travail
et le loisir, les ménages comparent les avantages et les
inconvénients de chaque alternative et optent pour la plus
intéressante. Le fonctionnement de l'économie est analysé
à partir de deux types d'individus : le consommateur et le
producteur. Ces derniers sont rationnels et maximisâtes.
Chaque individu cherche à maximiser sa fonction
d'utilité sous contrainte de son budget ou de son cout. Le choix de
l'offre de travail de la part des individus se fait synchroniquement avec le
choix de la demande de biens. Le consommateur est doté de la fonction
d'utilité suivante U (x1 x2.... xn , L)
L est le temps de loisir et xi le bien (i = 1,... n) exprimé en
volume
. L'individu est doté d'un temps total No qu'il
doit partager entre loisir et travail N.
1.2. APPROCHE NEOCLASSIQUE
La détermination du salaire et de
l'emploi
Selon les néoclassiques, le salaire est
déterminé par la confrontation de la demande de travail et de
l'offre de travail sur un marché : le marché du travail.
L'offre de travail émane des travailleurs et correspond à la
demande d'emploi. La demande de travail émane des entreprises (des
employeurs) et correspond à l'offre d'emplois.
La demande de
travail est décroissante avec le salaire : plus le salaire
augmente, moins les entreprises demandent du travail. L'entreprise n'embauche
un travailleur que si sa productivité (marginale) est supérieure
au coût salarial unitaire.
L'offre de travail est croissante avec
le salaire : plus le salaire augmente, plus les travailleurs accroissent
leur offre de travail : d'un côté, il y a davantage de
travailleurs qui désirent travailler ; de l'autre, chaque
travailleur désire travailler plus longtemps. En effet, un individu
effectue un arbitrage entre le travail et le loisir. Plus le salaire en vigueur
augmente, plus le coût d'opportunité du loisir augmente : en
ayant une heure de loisir plutôt qu'une heure de travail, l'individu
« se prive » du salaire horaire.
GRAPHIQUE
1 L'équilibre sur le marché du travail
Il existe un niveau de salaire (qualifié de
« salaire d'équilibre ») pour lequel l'offre et la
demande de travail sont égales (cf. graphique 1). En
l'occurrence, si le salaire est à son niveau d'équilibre, alors
il n'y a pas de chômage : l'ensemble des travailleurs
désirant travailler au salaire courant sont effectivement
embauchés. Par contre, si le salaire en vigueur est supérieur
à son niveau d'équilibre, alors il y a un excès d'offre de
travail (cf. graphique 2) : plusieurs travailleurs
désirent travailler au salaire courant, mais ils ne trouvent pas
d'emploi, si bien que l'on peut éventuellement parler dans leur cas de
« chômeurs involontaires ». Si le salaire est pleinement
flexible, une situation d'offre excédentaire devrait entraîner une
baisse du salaire (cf. graphique 3). La baisse du salaire se poursuit
tant que l'excédent demeure, c'est-à-dire tant que le salaire
n'est pas revenu à son salaire d'équilibre.
GRAPHIQUE 2 Le chômage involontaire apparaît si le
salaire en vigueur est supérieur à son niveau
d'équilibre
Tant que le salaire est flexible, le marché du travail
devrait être à son équilibre ou, tout du moins, tout
épisode de déséquilibre ne devrait être que
temporaire. Par contre, le chômage devrait perdurer si le salaire en
vigueur est supérieur à son niveau d'équilibre et si des
rigidités l'empêchent de diminuer. Ces rigidités trouvent
souvent leur origine dans l'intervention publique. Par exemple, si l'Etat
instaure un salaire minimum, alors les entreprises ne peuvent
rémunérer leurs salariés en-deçà de ce
dernier. En outre, en instaurant des prestations sociales, l'Etat
génère de fait un salaire plancher, car les travailleurs ne
désireront pas travailler pour un salaire inférieur au montant
des prestations sociales dont ils pourraient bénéficier sans
travailler. Enfin, en exigeant des hausses de salaires et surtout en combattant
les baisses de salaires, les syndicats contribuent à pousser les
salaires au-delà de leur niveau d'équilibre et à les
rendre rigides à la baisse. Par conséquent, l'élimination
du chômage néoclassique passe par la suppression du salaire
minimum, par la réduction des prestations sociales, par la suppression
des syndicat pour que le salaire soit pleinement flexible à la baisse.
GRAPHIQUE 3 Retour du salaire à son niveau
d'équilibre et disparition du chômageinvolontairesi le salaire est
flexible
Plus largement, les néoclassiques expliquent le
chômage volontaire par un coût du travail excessif. Dans le
raisonnement précédent, nous avons ramené le coût du
travail au seul salaire. En réalité, le coût du travail se
compose du salaire et des cotisations sociales. Dans l'optique
néoclassique, chaque entreprise décide d'embaucher (ou de garder)
un travailleur que si la productivité de ce dernier est
supérieure au salaire en vigueur. L'instauration de cotisations sociales
vient donc réduire la demande de travail pour un niveau de salaire
donné.
Le chômage volontaire
Les néoclassiques acceptent l'idée qu'un
chômage existe même si le salaire est à son niveau
d'équilibre, mais celui-ci est de nature « volontaire ».
Les individus acceptent ou non de rechercher un emploi en fonction de leur
salaire de réserve (ou salaire de réservation). Ce dernier
dépend notamment des allocations +sociales et des aides sociales auquel
l'individu
peut prétendre. En l'occurrence, plus le montant des
prestations sociales est élevé (plus le système
d'indemnisation du chômage est généreux), plus le salaire
de réserve des individus sera élevé. Ainsi, les
chômeurs sont susceptibles de ne pas être encouragés
à rechercher activement un emploi si le salaire proposé est
inférieur au salaire de réserve : ils
préfèrent alors le loisir au travail. On dit que les
chômeurs risquent de se retrouver dans une « trappe à
inactivité » (ou « trappe à non-emploi
»). Le salaire doit être significativement supérieur au
salaire de réserve pour que l'individu trouve rentable de reprendre un
emploi. En effet, la reprise d'un emploi s'accompagne de coûts
supplémentaires qui la rendent moins rentable aux yeux du travailleur
(il faut se déplacer, faire garder les enfants...).
Pour
réduire le chômage volontaire, il faut soit accroître les
salaires en vigueur (par exemple en accroissant le salaire minimum, mais le
chômage volontaire risque alors de laisser place à un
chômage involontaire, car à présent ce ne seront pas les
travailleurs qui sont réticents à travailler, mais les
entreprises qui risqueront d'être réticentes à embaucher),
soit en incitant les individus à réviser leurs salaires de
réserve à la baisse (par exemple en réduisant le montant
des prestations sociales). C'est précisément pour éviter
le chômage volontaire que le montant des allocations qu'un chômeur
reçoit est décroissant au cours du temps : plus longtemps un
chômeur est au chômage, plus le montant d'allocations qu'il
reçoit diminue, avant qu'il bascule dans l'assistance sociale et ne
reçoit alors plus que des aides sociales.
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