INTRODUCTION GENERALE
Les différentes crises économiques et
financières récentes ont entrainé une progression
très forte du chômage dans le monde, notamment chez les jeunes.
Selon le Rapport 2009 du Bureau international du travail (BIT, 2009), le nombre
de chômeurs dans le monde avait atteint près de 212 millions en
2009, en raison d'une hausse sans précédent de 34 millions par
rapport à 2007. L'Organisation internationale du travail (OIT, 2016)
indique qu'il y aurait 71 millions de chômeurs supplémentaire en
2016 et voir plus en 2017. Les jeunes travailleurs âgés de 15
à 24 ans sont les plus frappés par ce phénomène.
Leurs risques de se retrouver au chômage est trois fois supérieur
à celui des adultes (OIT ,2011). Cette crise de l'emploi
n'épargne aucune nation dans le monde. En effet selon l'INSEE 2016,
le nombre de sans-emploi a atteint plus de 2.805.000 habitants en France au
troisième trimestre 2016 (INSEE, 2016)). Cette crise est encore plus
préoccupante dans les pays en développement.
Dans les pays africains, les statistiques montrent un faible taux
d'absorption,à peine 10% des 17 millions de jeunes actifs arrivent
chaque année sur le marché de l'emploi (OIT, 2014) et la
faiblesse de ce taux est révélatrice d'importants déficits
d'emplois envers les jeunes. Si des actions fortes ne sont pas initiées
pour accroître les opportunités d'emplois en Afrique, ce
déficit risque de s'aggraver.
Le Burkina Faso, à l'instar des autres pays
africains, est fortement confronté au problème du chômage
et du sous-emploi des jeunes. Selon la BAD et le BIT le chômage est
très élevé au Burkina Faso et concerne majoritairement les
jeunes, le principal problème auquel ces jeunes sont confrontés
sur le marché du travail est leur manque de compétences ou
l'inadaptation de ces compétences aux besoins du marché du
travail. En effet, 58% des jeunes de 16 à 24 ans et 71% de ceux de 25
à 35 ans ne sont ni instruits ni alphabétisés (BAD et BIT,
2013).On constate également qu'au Burkina Faso, le chômage est
surtout un phénomène urbain. En milieu urbain, 29,4% des jeunes
âgés de 15 à 24 ans sont au chômage contre 21,4% pour
ceux dont l'âge est compris entre 25 et 29 ans. Quant au milieu rural, il
est surtout marqué par un taux de sous-emploi relativement
élevé de l'ordre de 26,7% du fait que l'activité agricole
est soumise au cycle des saisons pluvieuses (EMILE ,2014).
Pour s'attaquer au problème du chômage, les
autorités ont mis en place une multitude d'actions tant conjoncturelles
que structurelles qui visent à promouvoir des
emploisdécents.C'est ainsi qu'on a créé en 2006 un
Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi (MJE), restructuré en
2011 Ministère de la Jeunesse, de la Formation Professionnelle et de
l'Emploi (MJFPE) qui a pour rôle de canaliser et de coordonner l'action
du gouvernement au profit de la population.Trois politiques sectorielles sous-
tendent cette triptyque Jeunesse Formation professionnelle-Emploi. Il s'agit
des Politiques nationales de jeunesse (PNJ), d'enseignement et de formation
techniques et professionnels (PN/EFTP) et d'emploi (PNE), toutes
adoptées en 2008. Ces trois politiques sectorielles ont
été conçues et adoptées dans un contexte de mise en
oeuvre du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP),
qui était le cadre référentiel de développement du
Burkina Faso. En 2010, le Gouvernement burkinabè a adopté la
Stratégie de croissance accélérée et de
développement durable (SCADD) pour la période 2011-2015. Ce
dernier se veut être un instrument d'orientation stratégique
axé sur les résultats, dont l'opérationnalisation des axes
est du ressort des politiques sectorielles. En 2012, un programme
spécial de création d'emploi en faveur des jeunes et des
femmes(PSCE/JF) fut créé.L'actuel gouvernement a pris des
engagements forts pour résoudre ce phénomène à
travers le recrutement des 4200 enseignants dont 3519 pourvu et
l'élaboration du PNDS pour la période 2016- 2020. Malgré
ces efforts fournit par le gouvernement le chômage reste toujours
élevé. Selon l'enquête multisectorielle continue de 2014,
le taux de chômage est estimé à 6,6% de la population
active âgée de 15 ans et plus. Ce taux est de 8,6% chez les jeunes
de 15 à 24 ans. Il est encore plus élevé chez les jeunes
filles (30%). Quant au taux net d'activité, il se situe à 67,9%
au plan national. Ce taux est plus élevé en milieu rural (69%)
qu'en milieu urbain (64,8%). On constate que ces actifs ont un emploi
précaire de façon générale. Alors l'on se pose la
question suivante : qu'est ce qui explique cette hausse du
chômage au Burkina Faso ?quels sont les principaux facteurs qui
expliquent le chômage au Burkina Faso ?
Le but principal de cette recherche est d'analyser la
question du chômage au Burkina Faso. De manière spécifique,
il s'agit de montrer d'abord en quoi les variables économiques
comme l'aide publique au développement(APD), le taux de change, les
importations, le taux d'inflation et la consommation peuvent expliquer le
chômage ensuite, voir si les variables socioéconomiques à
savoir le taux brut de scolarisation et la situation sécuritaire
influencent le chômage et enfin expliquer en quoi la variable
démographique (taux de naissance) a un impact sur le chômage.
Notre recherche sera fondéesur les hypothèses
suivantes :
Les variables économiques tel que l'aide publique au
développement(APD), le taux de change, les importations, le taux
d'inflation et la consommation expliquent le chômage.
Les variables socioéconomiques à savoir le taux de
scolarisation et la situation sécuritaire influencent le
chômage.
La variable démographique (taux de naissance) a un impact
sur le chômage.
Les recherches précédentes se sont
basés d'abord sur le modèle probit et logit, ensuite
beaucoup se sont basé sur l'analyse du chômage des jeunes, de plus
ces recherches se sont fondé sur l'approche unidimensionnelle et enfin
ce sont les données qualitatives qui sont les plus utilisées dans
ces recherches. Nôtre recherche sera plutôt global (jeunes, adultes
et vieillards), de plus le modèle utilisé ici se base sur la
méthode des moindres carrées ordinaires(MCO) et sur la
période 1985 -2016 (données actualisées), nous utiliseront
une approche multidimensionnelle et des données quantitatives.
L'intérêt de l'étude est
d'éclairer les décideurs politiques sur l'ampleur du
phénomène de chômage au Burkina Faso et en même temps
faire des propositions pour résoudre le phénomène.
A la fin de la recherche, nous avons abouti aux résultats
suivants : le chômage touche généralement les jeunes
surtout les jeunes filles et est un phénomène urbain et il y a
une relation inverse entre le chômage et certaines variables et une
relation positive avec d'autres.
Le document sera présenté de la façon
suivante : lepremierchapitre portera sur le cadre théorique, le
deuxième sur l'état des lieux du chômage et enfin le
dernier portera sur la présentation des résultats de la
régression.
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