III l'agriculture paysanne de rente
A côté des cultures vivrières de rente que
nous venons de citer, les paysans de ngweshe cultivaient des cultures
industrielles jusqu'en 1985. Ils existaient en effet des milliers des petites
exploitations paysannes de quinquina, de thé, de café des
eucalyptus et cyprès. On le rencontrait spécialement à
kabare et à walungu.
Ces exploitations étaient installées, on s'en
doute, sur les terres de kalinzi et de bugule. Elles étaient souvent de
dimension modeste. Elles varient entre quelque are et 2 ou 3 hectares. Pour
l'entretien de son exploitation, les paysans ne comptaient que sur sa force de
travail, contrairement aux plantations qu'ils utilisent une main d'oeuvre
salarié et/ou des locataires des parcelles sur les plantations.
Après la période faste des années 70 ou
la pharmakina incitait par le prix les paysans à produire le quinquina,
la majorité des exploitations familiales ont été
progressivement laissée à l'abandon. Il semble que le cours de
ces produits s'est effondré dès le début de la
deuxième moitié des années 80.
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Il apparait donc qu'actuellement, les seuls cultures de rente
paysannes sont les cultures vivrières pour lesquels il existe une forte
demande urbaine. Parmi ces cultures, la bananeraie occupe jadis une place de
choix.
Bananeraie et habitation sont toujours liées : le Mushi
habite encore au milieu de sa bananeraie. Par le passé, les cultures
saisonnières et l'élevage se faisaient autour du noyau central
constitué par la bannerai, en particulier sur des pentes.
L'accroissement de la population et la diminution des terres
de plateau disponibles a entrainé plusieurs modifications dans
l'organisation de la ferme.
? La bananeraie a progressivement été
étendue sur le piémont, sur les pentes et dans les ravins ;
? La part relative des cultures saisonnières dans
l'ensemble des cultures paysannes a diminué, celle de la bananeraie
s'est accrue ;
? Les parcelles satellites consacrées aux cultures
saisonnières ont été repoussées à des
distances plus grandes, soit sur des pentes encore disponibles, soit sur les
marais.
La structure traditionnelle des fermes a pratiquement disparu
dans les zones denses et paysages s'y est transformé en une
mosaïque continue de parcelles bananières et de parcelles sous
cultures saisonnières. La bananeraie est en effet sources de revenu
privilégié pour les paysans du Bushi. Une bananeraie moyenne
produit, d'après l'enquête de H. DUPRIEZ, 20 régimes par
mois. Outre son importance économique, la bananeraie revêt pour le
paysan une grande importance sociale et psychologique. Dans les circonstances
de la vie (mariage, naissance, deuil, fêtes diverses), la bière de
banane joue un rôle particulier. Tous les amis se joignent à
l'évènement en rapport à la cruche de bière qu'ils
consomment ensembles. La bière aide également a renforcé
les amitiés et les relations de voisinage. Après les travaux de
la journée, les hommes se trouvent pour échanger les nouvelles
chez celui qui a préparé la bière.
La bière de banane sert aussi à témoigner
les reconnaissances envers les autorités coutumières. Le paysan
offre une deux calebasses de bière de banane à celui qui lui a
donné le kalinzi ou au chef coutumier du village. C'est une
manière de renouveler la confiance ; de solliciter la sympathie ou la
protection de son chef politico foncier.
L'extension de la bananeraie sur les meilleurs terres, nous
l'avons déjà mentionné, marginalise les cultures
saisonnière et domestique. Elle témoigne d'une transformation
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l'économie agraire qui tend à privilégier
les revenues monétaires par rapport à l'économie
domestique49
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