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Lutte contre le grand banditisme au Burkina Faso: bilan et perspectives.

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par Marcel KAFANDO
Ecole Nationale de Police - Commissaire de police 2015
  

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A. L'existence d'organes spécialisés dans la répression du grand banditisme

Plusieurs corps spécialisés au sein de la police et de l'armée ont été créés dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme avec des équipements spécifiques de nature à rassurer les populations

1. Les institutions publiques

De nombreuses mesures ont été prises dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme. Au sein des corps de sécurité, les autorités ont soutenu la création de plusieurs unités aux missions spécifiques pour l'appui à la lutte contre le grand banditisme et le terrorisme. La police nationale dispose à elle seule de trois corps constitués et équipés pour ces missions. On peut citer :

? L'Unité d'Intervention Polyvalente de la Police Nationale (UIP-PN) créée par arrêté n°2013-038/MATS/DGPN portant création, organisation, attributions et fonctionnement de l'Unité d'Intervention Polyvalente de la Police Nationale. Sa devise est « Force reste à la loi », son logo est un BUFFLE d'Afrique, symbole de force, de vigilance et de ténacité55. Basée à Ouagadougou, elle effectue des missions sur toute l'étendue du territoire national, partout où des actes de banditisme ou des actes terroristes sont signalés. « l'UIP-PN est une unité d'élite de la Police Nationale ayant pour mission de lutter contre le grand banditisme et le terrorisme. Elle intervient dans les situations d'extrême violence ou à haut risque... »56 ;

? La Brigade Anticriminelle (BAC) créée en 2009, elle est basée à Ouagadougou et est spécialisée dans l'appui à la lutte contre l'insécurité en milieu urbain ;

? Les Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) est basée à Ouagadougou et dans de nombreuses régions du Burkina Faso. Leur mission n'est pas spécifiquement liée à la répression du grand banditisme mais à la sécurité publique en générale ;

? Les Services Régionaux de Police Judiciaire qui sont les premières unités spécialisées dans la lutte contre le grand banditisme.

Au niveau de l'armée, on a :

? L'Unité Mobile de la gendarmerie nationale...

55 Article 1 idem.

56 Article 2 décret n°2013-038/MATS/DGPN portant création, organisation, attributions et fonctionnement de l'Unité d'Intervention Polyvalente de la Police Nationale

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? L'armée de l'air qui apporte de façon ponctuelle son appui à la lutte contre le grand banditisme quand il s'agit de raid aérien.

La constitution de ces corps permet une intervention plus rapide, mieux orientée et plus efficace, quand on sait que ces corps sont des unités d'élites formées et équipées pour des missions de haut risque.

2. Equipement et moyen d'action

Face à la montée du grand banditisme et au besoin du gouvernement de sécuriser les personnes, les biens et les institutions de l'Etat, les investissements et les acquisitions en matière de sécurité ont connu une nette amélioration.

L'évolution de la dépense publique relative au sous-secteur de la sécurité se présente comme suit57 :

Année

 

2011

 
 

2012

 
 

2013

 

Prévision 2014

Dotation liée au

fonctionnement et à
l'acquisition de biens et services

4

064

993

710

42

785

863

613

34

491

406

001

29 556

07058

Volet Sécurité

2

797

382

013

15

578

480

303

13

239

066

750

16 085

512

Source : Ministère de la Justice, document de diagnostic, politique sectorielle de l'Administration du territoire et de la Sécurité (PSATS), 2013.

Commentaire : face au grand banditisme et à l'insécurité de façon générale, des moyens financiers et matériels sont mis à la disposition du Ministère en charge de la Sécurité pour assurer la prévention des infractions et au besoin réprimer. Force est de reconnaitre cependant que malgré ces efforts, les équipements destinés aux forces de sécurité restent insuffisants. Des efforts continuent d'être menés.

57 Document de diagnostic du secteur de l'administration du territoire et de la sécurité (PSATS), rapport provisoire, décembre 2013, page 33.

58 En cours d'exécution au moment des travaux.

39

La construction des commissariats de police, des brigades de gendarmerie, l'acquisition de gyrocoptères, d'équipements spécifiques sont autant de ressources acquises pour le volet sécurité et la lutte contre le grand banditisme en particulier.

Toutes ces ressources témoignent de l'intérêt que les autorités accordent à la question de la sécurité, surtout celle du grand banditisme. Ces moyens sont sensés faciliter les interventions du personnel de sécurité. Ils le sont encore plus quand on sait que les délinquants sont porteurs d'armes, des fois, de même calibre que ceux des forces républicaines. Un équipage suffisamment fourni rassure moralement les intervenants et dissuade assez les délinquants. C'est un signe assez dissuasif tant pour les populations qui ont besoin d'être rassurées quant à leur sécurité, que pour les adeptes à la délinquance qui sont sous la hantise permanente des forces de sécurité.

B. La communautarisation de la lutte

L'adoption de la loi sur la sécurité intérieure au Burkina Faso en 2003 a ouvert la voie institutionnelle à une approche préventive de la lutte contre la criminalité en général et contre le phénomène du grand banditisme en particulier. Le document portant stratégie nationale de la sécurité intérieure pose les fondements du concept de politique urbaine de sécurité intégrée en s'inspirant du concept de sécurité humaine auquel le Burkina Faso a souscrit au titre de ses engagements internationaux. Il fait la promotion de l'implication de la communauté dans un processus de coproduction de la sécurité.

La mise en place de la police de proximité à travers les initiatives locales de sécurité et les comités locaux de sécurité est une avancée majeure dans la problématisation des questions de sécurité. Ces structures apportent un concours extrêmement appréciable à travers les sensibilisations et le renseignement opérationnel. Elles permettent par ailleurs aux populations de prendre conscience des enjeux sécuritaires et de s'impliquer dans la prise en charge de leur propre sécurité. Cette expérience est encore utilement exploitée par les services de sécurité dans les régions classées hautement criminogènes.59

Récemment, une mesure nouvelle de lutte contre le grand banditisme, tendant à impliquer davantage les populations dans le renseignement opérationnel a été prise. Il s'agira, pour le gouvernement, d'encourager par des primes, les populations afin qu'elles travaillent en

59 Les services de police de la province du Bazèga font l'heureuse expérience de l'implication des chefs coutumiers dans la lutte contre l'insécurité. Le pouvoir communicationnel et de renseignement de ces derniers font oeuvre utile dans la lutte contre le grand banditisme (Témoignages DPPN-Bazèga ; avril 2015).

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collaboration avec les forces de sécurité dans la lutte contre le fléau. Pour le ministre, « toute personne ayant fourni des renseignements sûrs et vérifiés permettant d'interpeller des bandits sera récompensés par une somme d'argent allant de cent cinquante mille à deux cent mille Francs ; et cette somme pourrait, ajoute le ministre en charge de la sécurité, être revue à la hausse en fonction de l'enjeu »60.

Ces initiatives gouvernementales tendant à ouvrir la voie de la collaboration avec les populations est une solution irremplaçable dans la quête de la sécurité sociale et, en particulier, dans la lutte contre le grand banditisme. Cette lutte comporte encore l'avantage de s'inscrire dans la légalité, proscrivant les exécutions sommaires et extrajudiciaires61.

Paragraphe II : La légalité des interventions et la rigueur de

la répression.

La loi portant répression du grand banditisme, malgré son caractère hautement répressif, a l'avantage de couvrir des comportements illégaux qui, compte tenu des exigences de la situation du grand banditisme, pourraient devenir courants dans les pratiques. La loi a le mérite d'étendre la légalité aux manoeuvres des interventions et rendre rapide le traitement des dossiers dans la procédure judiciaire.

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