PARTIE II : ANALYSE ET PERSPECTIVES DU SYSTEME DE
REPRESSION DU GRAND BANDITISME
« Le temps des atermoiements, des demi-mesures, des
remèdes lénifiants, des expédients de délais touche
à sa fin. Voici venu le temps des
conséquences»54.
Le système de répression du grand banditisme est
l'ensemble des mesures prises par l'Etat, tant au plan juridique qu'au plan
institutionnel pour combattre le phénomène. Ces mesures sont
très multiples, essentiellement coercitives. En effet, depuis
l'année 2009, beaucoup d'actions politiques ont été
menées pour résorber le phénomène. Les institutions
ont été renforcées dans leurs effectifs, leurs
équipements ; leurs organisations ont été
améliorées. Des actions communautaires ont été
menées. La plus forte des actions est l'adoption de la loi 017/AN du 05
mai 2009 portant répression du grand banditisme, qualifiée de loi
hautement répressive, censée fortifier les actions
juridictionnelles et fragiliser les capacités opérationnelles des
délinquants. En somme ; une guerre sans merci dont nous venons de
démontrer l'inefficacité a été lancée contre
le grand banditisme. D'où la nécessité de repenser le
système en envisageant autrement la répression. Mais avant de
passer à autre chose, il est important de trouver des réponses
aux questions présentes. Et ces questions portent d'une part, sur
l'organisation politique actuelle de la lutte contre le grand banditisme,
d'autre part, sur les raisons profondes du triomphe de la criminalité
propre au phénomène. C'est pourquoi, il est plus que jamais
nécessaire de faire une évaluation du système de
répression en relevant ses points positifs et négatifs
(chapitre 1er) afin de proposer des solutions
à même d'améliorer l'approche politique du fléau
(chapitre 2ème).
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54 W. Churchill, cité par Al Gore dans «
une vérité qui dérange », film documentaire,
2008.
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CHAPITRE I : EVALUATION DU SYSTEME DE REPRESSION DU
GRAND BANDITISME
L'évolution constante de l'environnement
sécuritaire suivant les bouleversements socio-politiques ainsi que les
progrès scientifiques et techniques confronte les Etats à la
nécessité de construire des politiques sécuritaires sans
faille et sans complaisance et d'innover régulièrement pour
garder une avance sur la délinquance. Dans le système de
répression actuel du grand banditisme, des insuffisances et failles du
dispositif sécuritaire influent négativement sur la
qualité de la sécurité attendue par les populations
(section I), même si de nombreuses réalisations
ont permis de faire des avancées énormes dans la quête de
la sécurité et qu'il convient de consolider (section
II).
Section I : Les forces de la politique de répression
du grand
banditisme
En vue d'éradiquer le phénomène du grand
banditisme, de nombreuses actions ont été entreprises par l'Etat
burkinabè. La mise en place d'un certain nombre d'unités
spécialisées dans les différents corps de
sécurité ayant pour mission l'éradication de la
criminalité spécifique du grand banditisme et le terrorisme est
déjà un progrès majeur (§ I). Mieux,
inscrire l'intervention de ces unités dans une légalité
absolue pour éviter l'arbitraire et ce, malgré l'animosité
des « bandits » agissant hors de tout cadre légal et moral est
une avancée significative dans la construction d'un Etat de droit
(§ II).
Paragraphe I : L'institutionnalisation de la lutte
contre le
grand banditisme
L'institutionnalisation de la lutte a donné lieu
à la mise en place de plusieurs composants militaires et paramilitaires
avec une allocation en matériels militaires pour faciliter
l'exécution des missions. Il s'agira dans cette rubrique de faire le
point de ces organes ainsi que de l'équipement mis à leur
disposition (A). Il s'agira aussi de relever comme
progrès majeur dans la lutte l'implication des populations à
travers la police de proximité (B).
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