A. Le niveau actuel du grand banditisme
« Banditisme à l'Est : Nassougou et Tiasseri
dignes d'un Far West », titre le journal La vie
d'aujourd'hui51 peignant la flambée des attaques
à mains armées dans les régions de l'Est. Le journal va
plus loin en rapportant des témoignages relatant le calvaire des
populations qui cherchent refuge sur les arbres et dans la forêt, la nuit
tombée pour échapper aux délinquants. Cette situation
n'est pas propre à la région de l'Est qui fait partie des zones
rouges. Bien d'autres populations dans d'autres contrées comme dans les
cascades, le centre et le centre-nord vivent sous la menace constante des
attaques, qui de plus en plus, ont lieu en plein jour.
Ce tableau donne l'évolution des attaques à mains
armées au plan national depuis 200952.
N° d'ordre
|
Année
Région
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
01
|
BOUCLE DU MOUHOUN
|
07
|
08
|
04
|
10
|
759
|
21
|
02
|
CASCADES
|
03
|
03
|
04
|
04
|
343
|
11
|
03
|
CENTRE
|
147
|
97
|
81
|
162
|
249
|
188
|
04
|
CENTRE - EST
|
89
|
80
|
48
|
142
|
111
|
228
|
05
|
CENTRE - NORD
|
57
|
31
|
21
|
71
|
110
|
112
|
06
|
CENTRE - OUEST
|
34
|
07
|
13
|
60
|
42
|
45
|
07
|
CENTRE - SUD
|
14
|
19
|
13
|
24
|
37
|
45
|
08
|
EST
|
104
|
91
|
121
|
322
|
31
|
431
|
09
|
HAUTS-BASSINS
|
09
|
04
|
06
|
13
|
28
|
13
|
10
|
NORD
|
04
|
02
|
01
|
00
|
21
|
12
|
11
|
PLATEAU CENTRAL
|
19
|
15
|
18
|
10
|
15
|
38
|
12
|
SAHEL
|
17
|
22
|
15
|
22
|
12
|
38
|
13
|
SUD - OUEST
|
04
|
08
|
04
|
17
|
11
|
33
|
|
TOTAL
|
513
|
387
|
349
|
856
|
1769
|
1215
|
51 Aujourd'hui, N°139 du
vendredi 12 au dimanche 14 septembre 2014, p.6
52 Statistiques PN uniquement ; sources DPJ/DGPN
33
Commentaire : Comparativement à
l'année précédente, les attaques et agressions à
mains armées ont connu une baisse sur l'ensemble du territoire national
en 2014.
Cette baisse du niveau de l'insécurité pourrait
s'expliquer par les efforts conjugués des différents services de
police à travers l'intensification des patrouilles dans les zones
criminogènes et la collaboration de la population dans certaines
régions pour lutter contre cette délinquance.
B. Les nouveaux modes opératoires des
délinquants53
Les « modus opérandes » sont les
mécanismes ou procédés mis en oeuvre par les
délinquants pour atteindre leur but, celui de dépouiller les
victimes de leurs biens. Ils varient selon que l'on se situe sur une route
nationale, une route régionale, une route départementale ou une
piste rurale. Mais d'une manière générale, il faut retenir
que le mode opératoire des bandits sont les embuscades et le guet-apens
ou encore l'irruption sur la voie publique avec des tirs nourris.
1. Les Opérations par usage d'armes à feu
sur les grands axes routiers Les délinquants interviennent
généralement en groupes. Il s'agit d'associations très
diverses, allant de bandes organisées et professionnelles (type mafia)
à des groupements plus spontanés, liés à un certain
environnement social (bandits de grand chemin.)
La caractéristique première de ces sujets est la
rupture des liens avec la société environnante, donc avec la loi.
On retrouve aussi le besoin de réalisation immédiate des
désirs et, souvent, la fascination par la violence et par le plaisir de
la transgression. De tels éléments sont renforcés par la
déresponsabilisation, mais aussi le sentiment d'identité du
groupe, qui se renforce en s'opposant au milieu extérieur. Ces bandes
ont souvent leurs lois du milieu, parfois très rigoureuses.
La technique des bandits consiste en général
à cibler l'axe routier sur lequel ils vont perpétrer l'attaque.
Une fois le lieu choisi les délinquants se déportent sur le site
d'opération. Y étant, ils utilisent des objets pour obstruer la
voie et lorsqu'un automobiliste ou un motocycliste arrive à la hauteur
de leur barrage ou embuscade, une première équipe fait irruption
pour obliger les usagers de la route à marquer l'arrêt. Pendant
qu'une deuxième équipe se charge de fouiller les passagers et de
les dépouiller, une dernière équipe fait le guet dans les
deux sens pour alerter
53 Abou GUEL, Problématique de la lutte
contre l'insécurité dans la région de l'Est : cas des
attaques à main armée, p.5.
34
de tout danger éventuel. Il arrive parfois que
l'attaque se prépare dès le départ des transporteurs en
gare. En effet, généralement un des délinquants se tient
à la gare afin de communiquer à ses complices l'itinéraire
du véhicule et la position assise des victimes potentielles.
2. Les pratiques des bandes organisées des
délinquants
Une autre simulation est celle d'un blessé par accident
; une personne couchée sur la voie avec un air souffrant vous interpelle
en vous demandant de lui porter secours, si vous vous approchez pour l'aider,
il vous agresse ou ses complices sortent de leur cachette pour vous braquer. Il
y'a aussi la technique de la corde qui consiste à attacher un bout de
celle-ci à un arbre et de la faire traverser la voie. Les bandits se
cachent et à l'arrivée de la victime, ils tirent sur la corde et
la font tomber. Ils se ruent sur elle ensuite pour la piller.
La technique de la boule est une stratégie consistant
pour les bandits à se cacher et à guetter leur butin. Au passage
de la victime, ils lui jettent la boule et la font tomber, l'assomment, et lui
arrachent ses biens. Cette manière d'opérer des brigands, tout
comme la technique de la corde se fait généralement sur une
catégorie d'usagers de la route qui sont les cyclistes, les
cyclomotoristes et les motocyclistes. Elles sont surtout pratiquées de
nuit loin des habitants.
Une autre forme de technique se fait dans le cas des
cambriolages à domicile ou dans les institutions. Les bandits avant de
mener leurs opérations étudient le terrain. Ils se divisent en
plusieurs équipes dont l'une ira fréquenter les lieux et ramener
le plan des lieux à cambrioler. Une fois le terrain connu, l'autre
équipe se rend dans les lieux pour l'opération proprement dite.
Ils peuvent la faire à l'insu de témoin si les lieux ne sont pas
sous surveillance. Ils peuvent le faire même si le lieu est sous
surveillance.
Les bandits ont diverses techniques pour atteindre leur but.
Ils se servent aussi bien des armes à feu que des armes blanches si bien
qu'il est rare qu'ils échouent leur plan.
La volonté des dirigeants de relever les défis
de la sécurité s'est clairement exprimée à travers
les conventions internationales, régionales et sous régionales
auxquelles le pays a souscrit. Elle s'est davantage exprimée à
travers l'organisation juridique interne ingénieusement construite
à la lumière des libertés individuelles. La loi portant
répression du grand banditisme est l'expression de la volonté
d'un peuple qui n'en peut plus de sa criminalité de grand chemin. Mais
le résultat quinquennal montre que s'il faut maintenir la
répression pour sa valeur morale, il faudra imaginer d'autres voies
alternatives pour faire face à la montée inquiétante des
actes de grand banditisme.
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