Conclusion
Le chapitre qui porte sur les propositions des solutions
visant à éliminer la contrebande des médicaments dopants
de contrebande à Maroua amène dans un premier temps à
constater et à présenter les mesures et les politiques prises par
les différentes autorités (Etat, Ministère de la
santé, Ordre national des pharmaciens du Cameroun, force de l'ordre et
autorités communales). Ce faisant, après la présentation
des différents acteurs et leurs méthodes de lutte contre la vente
illicite des médicaments dopants de contrebande, l'évaluation de
ces mesures a été faite. C'est-à-dire, questionner la
pertinence et l'efficacité des mesures prises par ces autorités.
A cet effet, on s'est rendu compte que la contrebande des médicaments
dopants dans la ville de Maroua jouit d'un certain nombre de privilège
qui lui permet non seulement de subsister, mais aussi d'évoluer car il a
été constaté qu'il s'agit d'un phénomène
qui va prendre encore beaucoup d'ampleur si rien n'est fait pour
l'éradiquer. A cet effet, plus de la moitié des vendeurs des
médicaments enquêtes ne sont inquiétés ni par les
autorités sanitaires, encore moins par les forces de l'ordre ou les
autorités communales. Cependant, face aux faiblesses ou déficits
que présentent les mesures des autorités de la ville de Maroua,
des propositions ont été faites qui permettront de trouver une
solution idoine entre les vendeurs des médicaments, les consommateurs,
les pharmaciens et les autorités administratives camerounaises en
général. Ces solutions vont ainsi permettre d'assainir et d'avoir
une bonne traçabilité sur la qualité des
médicaments vendus dans les rues de la ville de Maroua, mais aussi sur
la vente des médicaments psychotropes. Car, la vente de ces produits
sera soumise à la présentation d'une ordonnance
médicale.
Conclusion générale
Au terme de notre analyse où il était question
la contrebande des médicaments dopants et ses effets sur la santé
des consommateurs dans la ville de Maroua, il ressort que la vente illicite de
ces médicaments constitue un véritable phénomène de
société dans les villes camerounaises en général et
dans celle de Maroua en particulier. Il s'agit d'un trafic très complexe
dans la mesure où plusieurs facteurs alimentent le circuit des
médicaments de contrebande, dont le principal facteur qui le favorise
est la porosité des frontières entre l'Extrême-Nord du
Cameroun et le Nigéria. Ce dernier étant le pays d'origine des
médicaments dopants que l'on retrouve dans toutes les rues de la ville
de Maroua, le Nigéria abrite des entreprises pharmaceutiques
clandestines qui fabriquent des psychotropes tels que les amphétamines
et le tramol ; ces entreprises ont été découverts
dans la ville de Lagos (OICS, 2012). De plus, les produits fabriqués par
ces entreprises ne présentent pas le nom du fabricant encore moins la
notice de posologie. Il s'agit de ce fait des produits contrefaits nocifs pour
la santé des consommateurs. Cependant, il n'y a une autre
quantité importante de ces produits que le Nigéria importe depuis
les pays d'Asie tels que la chine et l'Inde.
L'acheminement de ces produits se faisait jadis par
les frontières de Banki-Amchidé, mais aussi par la ville
frontalière de Gambaru. Par ailleurs, depuis l'avènement de
l'insécurité par la secte Boko-Haram, les contrebandiers
empruntent la route de Mubi-Jimeta-guider-Maroua. Les méthodes
adoptées par les contrebandiers pour transporter leurs marchandises
à Maroua sont multiples. Ainsi, les contrebandiers transportent
généralement ces médicaments de mauvaises qualités
dans les gros porteurs transportant les marchandises légales à
l'intérieur desquelles les médicaments dopants sont
dissimulés afin de tromper la vigilance des douaniers et autres
contrôleurs. Il est également important de rappeler que certaines
pistes frontalières sont utilisées par les trafiquants des
médicaments dopants pour conduire leurs produits à Maroua. Une
fois arriver dans la ville de Maroua, les grossistes livrent également
leurs marchandises aux détaillants qui se trouvent dans les
environnantes.
Le recours à ces produits dopants est
intégré aux moeurs dans la mesure où, une fois que ces
médicaments arrivent dans cette ville, la distribution se fait par
chaîne. Ici, les grossistes situés au marché central
ravitaillent les détaillants situés dans les autres
marchés et dans les différents quartiers de la ville. Ceux-ci
à leur tour livrent aux vendeurs ambulants qui à l'aide de leurs
vélos satisfont la population autant dans les zones rurales qu'urbaines.
Les consommateurs des produits dopants sont en majorité celles qui
pratiquent les activités qui exigent beaucoup d'efforts physiques ;
comme les pousseurs, les chargeurs et déchargeurs. Cependant il y a
également une grande partie des populations de Maroua qui font appelle
à ce produit pour avoir des rapports sexuels.
A cet effet, la consommation abusive des médicaments
dopants présente un grand danger la santé humaine. De multiples
conséquences liées à la consommation du tramol par exemple
ont été relevés. Les effets de la consommation de ce
produit se repartissent en deux : les effets à long et à
court termes. Parmi les effets à court terme ou effets immédiats,
on a les convulsions les risques d'AVC, alors que les effets à long
terme sont beaucoup plus sévères que ça. Les principaux
effets à long terme sont entre autres la dépendance (physique et
psychique) les comportements maniaco-dépressifs. Afin de mieux cerner la
répartition spatiale de la contrebande des médicaments dopants,
nous avons dans un premier temps effectués un tableau qui
présente les quartiers des consommateurs en fonction de leur tranche
d'âge. Ensuite, nous avons effectués une carte des points de vente
de ces produits dans la ville de Maroua. Enfin, une carte qui présente
les différentes pathologies liées à la consommation des
médicaments dopants dans la ville de Maroua.
Face à la montée de ce phénomène,
le gouvernement camerounais à travers ses différents
démembrements (ministère de la santé, force de l'ordre et
commune) a pris des mesures visant à limiter l'expansion de ce
phénomène. Dans les villes de Yaoundé et Douala par
exemple, il y a souvent eut des opérations des forces de l'ordre et des
autorités sanitaires sur le terrain afin d'effectuer les saisies des
dits médicaments (Biena et al., 2010). Cependant, le constat est que ces
mesures manquent de rigueur et de sérieux car on rencontre dans la plus
part des villes camerounais en générale et dans les rues de
Maroua en particulier les vendeurs des médicaments dopants qui
effectuent leurs activités sans aucune inquiétude. A Maroua,
depuis les opérations de saisies des médicaments en 2008 par les
autorités sanitaires, on note aujourd'hui une inertie de leur part dans
la lutte contre la illicite des médicaments dopants à Maroua.
Plus en grave encore, les vendeurs des médicaments dopants en gros ont
même des boutiques qu'ils louent auprès de la communauté
urbaine de Maroua au marché central. Ce qui permet de conclure que cette
activité est désormais dépénalisée ;
car lors des enquêtes sur le terrain, avant de questionner les vendeurs
des médicaments installés au marché central, une
permission auprès du chef du marché qui couvre ces vendeurs a
été délivrée. Après tous ces constats
amères, des propositions qui non seulement vont limiter la consommation
des médicaments dopants dans la ville de Maroua, mais aussi va
résoudre le problème de contrefaçon des médicaments
dans l'ensemble ont été faites. A cet effet, nous rentrons dans
la logique selon laquelle chaque Pays, chaque ville va se développer
selon ses spécificités. Ainsi, le chômage et la
pauvreté sont étant des faits sociaux qui minent la ville de
Maroua, associés aux prix élevés des médicaments en
pharmacies nous avons pensés qu'il n'est pas nécessaire
d'interdire radicalement la vente des médicaments de la rue à
Maroua. Parce que si on le fait, le taux du chômage dans cette ville sera
revu à la hausse et il n'y aura également un impact sur le
pouvoir d'achat des populations de cette ville en produits pharmaceutiques.
De ce fait, plusieurs suggestions ont été faites
à l'Etat camerounais assainisse cette activité dans un premier
temps à travers la baisse conséquente des prix des
médicaments de tel sorte que chaque personne soit capable de s'acheter
les médicaments lorsqu'elle est malade. Ensuite, l'Etat propose une
formation d'initiation en pharmacie afin que les vendeurs des
médicaments de la rue aient des bases de conservations de distribution
et de dispensation des produits pharmaceutiques au patient. Enfin l'Etat doit
faire des contrôles systématiques de tous les produits qui entrent
non seulement dans notre territoire, mais aussi dans les rues de nos villes en
générale et celles de Maroua en particulier. Ainsi, les vendeurs
des médicaments de la rue doivent d'approvisionner dans les circuits
officiels que l'Etat va gérer. Concernant les produits psychotropes,
leurs ventes dans la rue doit de ce fait être effectué
après la présentation de l'ordonnance médicale par le
consommateur. Ainsi, si ces mesures sont prises, on est certain que les
médicaments qui vont circuler dans rues seront des médicaments de
qualité, mais aussi leur vente sera très minutieuse.
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