3- Les territoires africains comme base arrière de
l'intervention militaire française
L'opération militaire de la France s'est appuyée
sur plusieurs Etats frontaliers du Mali pour le transfert du matériel
militaire vers le théâtre. En effet, pour pallier l'enclavement de
l'Etat malien et l'exiguïté de son infrastructure
aéroportuaire, les Etats voisins, frontaliers ou non, ont
été transformé en plates-formes de transit de la
logistique, d'acheminement des troupes vers les lieux d'affrontement, de
ravitaillement du matériel militaire sur le front. Ces territoires
africains devenaient ainsi que le nomme J-F. Owaye147, des points
d'appui stratégiques pour accueillir les équipements militaires
français, qui arrivaient par voie maritime ou par voie aérienne.
Ainsi, le Sénégal, le Niger, le Burkina-Faso et le Tchad ont
été des bases stratégiques sur lesquelles la France s'est
appuyée pour relancer ses opérations sur le front.
S'agissant du transport de la logistique par voie maritime, le
Sénégal fut transformé en interface entre la France et le
théâtre malien. En effet, le port de Dakar recevait toute la
logistique que la France acheminait par la mer. Selon le Ministère de la
Défense française148, les trois affrètements
maritimes DIXMUDE ; MN EIDER et Louise RUSS, en provenance de l'Istres en
France, avaient stocké au port de Dakar, un dispositif militaire de 9170
tonnes, comprenant des véhicules, des engins de génies et des
munitions. C'est donc à partir de ce port que le matériel
militaire convoyait par voie terrestre vers la partie septentrionale du Mali,
où se déroulait l'opération Serval.
La France s'était également servie des bases
aéroportuaires des territoires voisins du Mali pour alimenter
l'opération Serval. En effet, en dépit de l'aéroport de
Bamako, les espaces aéroportuaires d'Ouagadougou, de Niamey, de Dakar et
de N'Djamena ont servi de tremplin à cette opération militaire.
Ces aéroports avaient permis à la France de réaliser un
« acheminement stratégique »149 en
provenance des bases aéroportuaires françaises de Pau et
d'Evreux. Ainsi, durant l'opération, 18500 tonnes de matériels
militaires transitaient par ces différents ports africains avant leur
utilisation sur le théâtre.
A cette utilisation des sites portuaires et
aéroportuaires, l'intervention française s'appuyait
également sur les Etats africains dotés des bases de
pré-positionnent. Ces dernières offraient une plus-value à
l'opération française. Ainsi, les bases situées en
Côte-d'Ivoire, au Tchad et au Gabon, ont fournis un important dispositif
militaire dans cette opération. Le matériel militaire en
provenance du Gabon et de la Côte-d'Ivoire se composait de trois avions
militaires parmi lesquels deux C160 Transall et un Casa CN235, et du Tchad, on
avait trois
147J-F. Owaye, La sécurité
nationale gabonaise, Introduction par les textes (1958-2000), Libreville,
Presses Universitaires du Gabon, 2010, p.222.
148Dossier de presse, ministère de la
Défense française, 2013, p.8.
149 Dossier de presse, ministère de la Défense
française, op.cit.,
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mirages 2000D, deux mirages F1 CR, un avion Hercules C130 et
deux avions militaires de transports de type Boeing C135 et C160transall. Tous
ces appareils étaient utilisés, soit pour le transport de la
logistique et des soldats, soit pour le combat aérien. Cette
exploitation des espaces portuaires et aéroportuaires des pays voisins
du Mali et de l'utilisation des sites de pré-positionnement
français durant les premières phases de l'opération
Serval, démontre combien les territoires africains occupaient une
position stratégique dans l'aboutissement de cette action militaire. Ces
territoires servaient donc d'arrière-cour à l'armée
française en guerre au Mali.
Au regard de tout le dispositif militaire français
déployé sur le théâtre malien, il est clair que
l'objectif de l'armée française était de
déstabiliser les groupes armés rebelles et terroristes et
détruire leur implantation. Il reste à savoir si cet objectif
global a été atteint et quels ont été les autres
effets de l'intervention militaire française.
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