V-2 : RECOMMANDATIONS POUR UNE MEILLEURE ATTENUATION DES
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Ces recommandations présentent d'abord les directives
données par le HCR en matière d'environnement, ensuite exposent
des perspectives formulées pour les différents cas de
dégradation des ressources naturelles et humaines causées par les
réfugiés en Afrique de l'Ouest. Enfin, des conseils
spécifiques ont été proposés pour les cas de
dégradation des ressources aux Burkina Faso.
V-2-1 : RECOMMANDATIONS HCR
Pour une meilleure gestion des impacts environnementaux des
réfugiés de conflits, nous allons d'abord énumérer
des mesures d'atténuation proposées par le HCR à
l'échelle mondiale et ensuite, formuler des recommandations propres au
regard des connaissances acquises tout au long de cette étude pour la
sous-région ouest africaine. Ainsi, selon le HCR :
La planification et la résolution des problèmes
environnementaux associés aux réfugiés ou aux
rapatriés doivent se faire suivant trois phases essentielles :
·
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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La phase d'urgence ;
· La phase de soins et d'entretien et
· La phase des solutions durables.
Dans le cadre des opérations en phase d'urgence, le
système d'information du HCR qui permet de disposer d'informations
détaillées sur :
· La topographie ;
· La géologie ;
L'hydrologie ;
·
· La couverture végétale ;
· Les sols ;
· Les conditions climatiques ;
Les espaces fragiles ou protégés se trouvant
à proximité des camps, le contexte socio-économique et les
infrastructures existantes, constitue une base à partir de laquelle
dresser une planification prospective, afin de mieux choisir l'emplacement du
site, organiser la disposition intérieure du site, positionner les
infrastructures telles que routes, pistes d'atterrissage et décharges,
et établir des plans de gestion des zones forestières. Aussi, le
choix pour l'installation du camp doit tenir également compte du climat,
des spécificités locales en matière de maladies, des
conditions de drainage et/ou la disponibilité en eau. Ainsi, les mesures
préventives et palliatives doivent devenir la norme plutôt que
rester l'exception. La démarche préventive devient de faite la
seule solution véritable. Une sélection soigneuse des sites
d'installation et une organisation spatiale bien réfléchie des
habitations au sein de ces sites constituent deux exemples de cette
démarche (HCR/UICN, Août 2005).
Suite à la phase d'urgence, la phase de soins et
d'entretien (stabilisation des effectifs de réfugiés et
début de l'intervention du HCR) est celle durant laquelle les effets
cumulés des différents types d'impacts commencent à se
faire sentir de manière marquée par la population
réfugiée comme par la population locale. Ces impacts
environnementaux découlant de la présence de
réfugiés sont divers et susceptibles d'avoir des
répercussions négatives sur l'alimentation, la santé et le
bien-être des populations locales ainsi que des réfugiés
eux-mêmes. Pour pallier à ces problèmes selon le HCR, il y
a lieu :
.SUR LE PLAN ALIMENTAIRE
De promouvoir les préparations alimentaires enrichies
ou composées, telles que les mélanges maïs-soja, et les
légumes frais ne doivent pas être cuits trop longtemps pour
préserver leurs qualités nutritionnelles (se reporter aux
directives conjointes du HCR et du PAM
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concernant les programmes d'alimentation sélective).
Promouvoir l'utilisation de réchauds économes en énergie,
produisant peu de fumée et la distribution de denrées de ration
générale sous la forme nécessitant le moins
d'énergie de cuisson (farine au lieu de grain, par exemple). La
fourniture de denrées alternatives, plus respectueuses de
l'environnement (par exemple des aliments à cuisson rapide
nécessitant moins de combustibles) devrait être encouragée
si le contexte s'y prête.
Choisir les denrées ou les sources d'approvisionnement
impliquant moins de besoins de transport, de manipulation et de
conditionnement. L'alimentation de la population entière par
distribution de biscuits énergétiques et de repas tout
prêts ne doit concerner que des périodes courtes.
.SUR LE PLAN AGRICOLE
Il convient d'accorder une attention particulière aux
mesures de préservation des sols et de leurs réserves en eau dans
le cas de cultures pluviales à travers l'introduction de méthodes
et de techniques agricoles durables (rotation des cultures avec
légumineuses, utilisation d'engrais organiques tels que le compost et le
fumier). Encourager la conception et la construction de systèmes
d'irrigation adaptés dans le cas de cultures irriguées.
Sensibiliser et éduquer les réfugiés et autres
bénéficiaires à la nécessité
d'économiser l'eau. Pour ce faire, promouvoir des pratiques exemplaires
en matière d'utilisation optimale de l'eau comme l'amendement des terres
et la promotion de pratiques agricoles (zaï, cordons pierreux).
La réalisation communautaire des activités de
foresterie au niveau des camps, des villages locaux, des plantations d'arbres
le long des routes et des canaux d'irrigation ; la construction de prises
d'eau, de barrages-déversoirs fixes, de terrasses ou de diguettes de
rétentions participent à la préservation des sols et des
ressources en eau. Des techniques alternatives de traitement des
déjections humaines devraient être utilisées dans la mesure
du possible, telles que la production de biogaz et sa transformation en engrais
organique. De même, les dispositifs de collecte et de stockage des eaux
de ménages peuvent permettre leur acheminement vers des jardins potagers
ou des arbres. Afin de compenser la faible production agricole dans certaines
zones d'accueil de réfugiés, il convient d'accompagner les
réfugiés par le développement d'activités
génératrices de revenus chez les femmes surtout en leur octroyant
des fonds de roulement (UICN, 2005).
.SUR LE PLAN LOGISTIQUE ET SANITAIRE
Travailler à limiter les allées et venues
inutiles et optimiser l'utilisation des véhicules vides : les divers
organismes de mise en oeuvre devraient coordonner et optimiser l'utilisation
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de ces véhicules, y compris les livraisons de
ravitaillement, afin de limiter les besoins en matière de transport. De
plus, lorsqu'un équipement lourd est utilisé, il convient
d'éviter absolument les terrassements abusifs ou une destruction
étendue de la couverture végétale du sol. Au contraire, la
présence d'arbres et d'arbustes doit être respectée autant
que possible lors de la construction des routes et des autres infrastructures.
Les facteurs topographiques doivent également être pris en compte,
les terrassements se faisant en suivant les lignes de niveaux. L'emplacement
des lieux d'habitation doit permettre de maintenir en place le plus de
végétation existante possible.
Réduire à la source les emballages inutiles et
évacuer ces déchets là où ils pourront être
recyclés et/ou éliminés dans un site d'enfouissement
géré à plus long terme. Les déchets de construction
doivent être recyclés ou éliminés dans les
règles. Règlementer autant que possible, les activités
génératrices de revenus car elles sont parfois une source
excessive de nuisances diverses, telles que fumée, suie ou bruit, au
point de porter atteinte à la qualité de vie des personnes
demeurant à proximité. Même s'il est surtout important de
percevoir que, de manière générale, la multiplication des
opportunités de revenus peut permettre de réduire les impacts des
réfugiés sur l'environnement.
Après la phase de soins et d'entretien, vient la phase
de solutions durables, où il est essentiel de veiller à la
restauration des sites d'accueil des réfugiés après leur
rapatriement, aux soucis environnementaux posés par l'intégration
des réfugiés dans le pays hôte ou la
réintégration des rapatriés dans leurs propres pays
d'origine. Egalement, des précautions spéciales sont de mises en
ce qui concerne tous les déchets dangereux tels que les déchets
d'origine médicale, les récipients ayant contenu des pesticides
et les produits chimiques périmés ou usagés. Le plan de
gestion des déchets devrait comporter en bonne place la mise en oeuvre
d'un programme d'application des « 3 R » (réduire,
réutiliser, recycler) et il est préférable d'instituer si
possible l'utilisation de moyens de lutte non chimiques. Enfin, oeuvrer
à ce que les éléments potentiellement dangereux, tels que
les logements abandonnés, les fosses des latrines ou les zones
d'enfouissement des déchets, soient démontés et
évacués en toute sécurité ou traités selon
les règles en usage (HCR, 2005).
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