CHAPITRE V : ASPECTS POSITIFS LIES A LA PRESENCE DE
REFUGIES ET PERSPECTIVES FACE AUX IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DE CES POULATIONS EN
AFRIQUE DE L'OUEST.
Ce volet de notre travail, sans être une contradiction
de tout ce qui a été dit jusqu'à là, met en exergue
les effets positifs de la présence de réfugiés pour les
pays d'accueil. Il propose également quelques solutions face aux impacts
environnementaux de ces populations en Afrique de l'Ouest.
V-1 : CONSEQUENCES POSITIVES DUES A LA PRESENCE DES
REFUGIES
Il est important dans cette étude de faire état
des répercussions positives possibles et réelles qu'entraine la
présence de réfugiés. Une accélération du
développement, une amélioration du bien-être en
particulier, sont fréquemment relevées une fois mise en place la
phase de soin et d'entretien. Ainsi, le développement des régions
d'accueil est susceptible d'être encouragé et dynamisé par
l'arrivée de fonds supplémentaires ainsi que par la
présence d'organismes internationaux promoteurs de développement
ou financeurs. Les populations locales au sein desquelles les
réfugiés sont accueillis profitent souvent de
l'amélioration des infrastructures routières à même
de donner un nouvel élan aux échanges commerciaux et des services
(BLACK. R, 1995). C'est le cas de la Guinée forestière,
auparavant délaissée par le pouvoir central et qui a connu un
désenclavement en devenant le centre de l'intervention humanitaire suite
à l'éclatement des guerres civiles au Libéria et en Sierra
Léone (Levron, 2006). On assista à l'amélioration du
réseau routier pour le trafic des camions d'aide humanitaire. Elle a
également connu un relatif développement économique, la
présence de réfugiés, tout comme celle des travailleurs
humanitaires amenant des activités économiques nouvelles
(DARDOIZE V, 1996 ; FERRY F, 2004).
En guinée, la diversité des situations
socio-professionnelles des réfugiés installés en ville,
dont certains sont d'anciens agriculteurs et d'autres évoluant dans le
secteur informel montrent que les réfugiés peuvent participer au
mouvement d'urbanisation, voire le développement de leurs pays d'accueil
grâce aux recherches d'opportunités économiques (LANDAU L,
2006). Il en est de même sur la présence, en milieu urbain, d'une
« élite » d'exilés-intellectuels, politiciens,
entrepreneurs, ingénieurs ou médecins qui arrivent à
s'intégrer correctement dans le jeu d'une économie formelle. Au
Ghana, plus précisément à Buduburam, le chef traditionnel,
N. K. Koranteng III déclare ouvertement que le développement de
son village est en partie lié aux réfugiés et à
l'aide du HCR (ACC, NKK, 01/12/2004) : grâce aux fonds du HCR, le village
a été doté d'un poste de police, d'une
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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caserne de pompier, de toilettes publiques et d'une
école inaugurée en 2009.
Dans la région du Sahel au Burkina Faso, les
populations autochtones qui sont à majorité des éleveurs,
ont tiré profit de leur hospitalité à travers le
développement d'ouvrages hydrauliques, la restauration du couvert
végétale, la réhabilitation des camps fermés tels
que Férerio, Gandafabou et Damba, la récupération des
terres dégradées et l'appui en aliment bétail. La
présence des réfugiés a par ailleurs redynamisé le
commerce de bétail et les intrants d'élevage comme les
sous-produits agro industriels et les produits vétérinaires. De
l'avis des services techniques d'élevage, le commerce du bétail a
connu un certain essor avec les réfugiés en termes de volumes
d'échanges et d'augmentation des prix des animaux. Il est à noter
que ces derniers ne pratiquent pas l'agriculture et vivent pour l'essentiel de
la vente de leurs animaux. Les ventes sont effectuées dans les
marchés (Dori, Djibo, Oursi, Déou et Gorom-Gorom). Les intrants
d'élevage sont également achetés dans ces mêmes
marchés. Enfin, les bouses de bovins en grande quantité
constituent un combustible pour le chauffage et la préparation des
repas. Les excréments des animaux domestiques (fumier) servent d'engrais
organique dans les potagers et les champs. Les bovins, les
camélidés et les ânes sont utilisés comme animaux de
trait ou de bât pour les travaux agricoles, le transport et d'autres
usages, permettant d'économiser des formes d'énergie non
renouvelables. En somme, la promotion de certaines activités, selon le
scénario le plus optimiste, contribue directement à une meilleure
gestion de l'environnement des animaux au Sahel (UNHCR, 2013).
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