IV-2 : LES IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES LIBERIENS
A
ACCRA
En Guinée d'une part et au Ghana d'autre part, les
afflux de réfugiés libériens ont donc été
différents en termes chiffrés autant qu'en termes de lieux
d'accueil, ce qui s'explique par la situation géographique des deux pays
par rapport au Libéria, l'un voisin direct et l'autre
éloigné de plus de 500 km. Les modèles adoptés pour
accueillir ces réfugiés au Ghana ont également
été mieux planifiés, limitant du même coup leurs
impacts sur le milieu biophysique et humain. En effet, au Ghana, les
arrivées de réfugiés libériens ont
été moins nombreuses et immédiatement pris en charge par
l'Etat. Ce dernier a choisi d'ouvrir un camp pour les
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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accueillir tout en veillant à ce que les fonds investis
par le HCR pour les réfugiés de manière plus tardive qu'en
Guinée soient en partie gérés par les ONG nationales.
IV-2-1 : LES IMPACTS DES REFUGIES LIBERIENS SUR LE
MILIEU BIOPHYSIQUE A BUDUBURAM
L'impact des réfugiés libériens sur les
ressources naturelles à Accra sans être exhaustif, se limitera
dans le cadre de cette étude à la pression exercée par ces
réfugiés sur les ressources foncières notamment autour du
camp de Buduburam.
a) Impact du camp de Buduburam sur les ressources
foncières
Le camp de Buduburam est passé de modeste centre
d'accueil pour quelques libériens en 1990 à une petite ville de
plusieurs milliers d'habitants au début des années 2000. Sans
barbelés pour le séparer des habitations du village voisin, le
camp s'est peu à peu étendu vers lui au point que la
différence entre les deux entités n'est pas visible sur les
images satellites. Cette expansion au-delà du périmètre
initial préempté par l'Etat sur les Stool lands, a
suscité des pressions foncières et fait rejouer des enjeux
fonciers anciens entre autorités coutumières rivales. AGBLORTI S
(2011) montre quant à lui que les Ghanéens de Buduburam se
sentaient spoliés de leurs terres par l'installation et le maintien par
l'Etat du camp de réfugiés sur le territoire du village. A la fin
de la première guerre civile libérienne, les chefs
traditionnelles de la région et la population ont exprimé le
souhait de récupérer ces terres réquisitionnées par
le gouvernement sans compensation (ASARE V.N.B, 2000), insistant sur le fait
que les réfugiés les occupaient gratuitement alors que les terres
ne cessent de prendre de la valeur dans ce secteur en plein urbanisation
(BOAMAH-GYAU K, 2003). La reprise du conflit libérien a repoussé
le règlement de cette question mais la cessation du statut de
réfugiés en 2012 la soulève à nouveau.
L'installation massive des libériens dans ce camp doit être
replacée dans le phénomène de croissance des
périphéries urbaines de la capitale ghanéenne qui offrait
peu de choix à ces réfugiés.
b) L'Assainissement
Des problèmes d'assainissement existaient
également au sein du camp car peu de maisons sont équipées
de toilettes, de salles de bains ou de douches. Les réfugiés sont
donc contraints d'utiliser les toilettes et les douches collectives construites
grâce aux fonds du HCR et des ONG partenaires (BOAMAH-GYAU K, 2008) ou
sur des fonds privés (libériens ou ghanéens). En raison de
leur accessibilité payant (2 à 5 centimes d'euro), de nombreux
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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résidents du camp se lavaient chez eux ou en plein air,
le plus souvent à la nuit tombée. Les résidents utilisent
parfois des seaux cuvettes chez eux, qu'ils doivent ensuite vider en dehors de
leurs maisons, notamment dans des caniveaux à ciel ouvert parcourant le
camp. Là encore, il faut souligner que ces conditions d'hygiène
sont partagées par de nombreux citadins ghanéens. Beaucoup se
rendent dans des espaces non habités près du camp, pour aller aux
toilettes en plein air, par exemple dans le Gulf, un espace
marécageux en bordure de la zone 1, à l'Est du camp.
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