IV-1-2 : LES IMPACTS HUMAINS DES REFUGIES EN GUINEE
c) Les impacts sanitaires
En Guinée, aucun centre urbain n'a
échappé à l'impact démographique des
réfugiés. Les centres urbains souffrant d'un manque de
systèmes efficaces et viables pour la collecte, le transport et le
dépôt de tous les types de déchets, en particulier les
déchets solides, supportaient de grandes décharges et immondices
en leur sein surtout avec l'installation des réfugiés. Les villes
du Sud de la Guinée, ainsi que Conakry la capitale font face aux pires
problèmes sanitaires en Afrique Subsaharienne. Les petits
dépôts de déchets, la pollution des cours d'eau et le
manque de latrines sautent aux yeux. Des forages sont creusés à
proximité de certains égouts notamment dans les
périphéries concentrant les réfugiés. Les
épidémies sont une menace sérieuse et au milieu des
années 1990, il y a eu des cas de choléras et de
méningites. Et si la situation d'hygiène n'est pas
améliorée, d'autres cas d'épidémies pourraient
apparaître avec l'augmentation de la population, particulièrement
chez les enfants. En outre, les autorités comme les populations locales
constatant une hausse du nombre de personnes infectées par le virus
VIH/SIDA en Guinée forestière, ont fait le lien avec les
réfugiés (FALCONER J, 1990).
d) Mésententes entre populations autochtones et
réfugiés
Certains réfugiés tels que les Mandingues qui
avaient davantage de conscience politique et le monopole du commerce dans les
villes, s'intégrèrent dans la vie économique citadine.
Mais leur brusque augmentation marginalisa davantage les groupes ethniques de
forêt (Mano, Guerzé, Toma et Kissi), ce qui exacerba les tensions
qui existaient déjà. Ces tribus de forêt étaient
loyales à l'égard du NPFL qui avait persécuté les
Mandingues au Libéria. En Juin 1991, les tensions entre Guerzés
et Mandingues s'accrurent fortement à N'Zérékoré,
aboutissant à des conflits qui firent plus de deux cents morts. A
Macenta aussi, les tensions entre les Mandingues, connus sous le nom de
Tomamania, et les Toma augmentèrent.
Egalement, le sur-enregistrement des réfugiés et
l'appropriation des cartes alimentaires par les marchands et autorités
locales suscitaient de graves problèmes dans les villes. En effet,
lorsque la distribution de l'aide alimentaire devient
irrégulière, les réfugiés des villes
protestèrent auprès des services du HCR et en 1995, des pressions
politiques furent exercées en faveur des réfugiés des
villes afin d'éviter les tensions. Il est même arrivé que
ces réfugiés
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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urbains adoptent un comportement plus exigent et revendicatif.
L'image de réfugiés rebelles et violents a souvent
été mise en avant par le HCR. En exemple, les incidents de Juin
2003 à Conakry où des réfugiés sierra
léonais et libériens avaient violemment pris à partie le
représentant du HCR pour réclamer de l'aide. De plus, l'aide
humanitaire qui était concentrée sur les réfugiés a
fait naitre un sentiment d'injustice chez les guinéens (DARDOIZE V,
1996). En effet, Douglas Henry écrit que « les Guinéens des
zones frontalières », face à l'aide déployée
pour les seuls réfugiés, avaient pris conscience de leur «
dénuement » et de leur « marginalité au sein d'un
État qui, jusqu'alors, ne s'était guère occupé
d'eux » (HENRY D, 2002). Et pour finir des vols de ressources
étaient enregistrés et les responsables locaux s'en plaignaient
énergiquement. Mais en 1995, il semble qu'un consensus ait
été établi : un certain niveau de larcin était
accepté par les responsables locaux.
.
Les chiffres concernant le taux de déforestation
guinéenne sont difficiles à prouver et on estime que l'Afrique
occidentale a déjà perdu 70% de sa forêt originelle
(GRAINGER A, 1993), ce qui représente plus de la moitié de la
déforestation globale africaine. Bourque et WILSON K.B (1990) font
remarquer que « la Guinée forestière fut à l'origine,
comme son nom l'indique, entièrement boisée » ajoutant
à cela que « la déforestation est extensive et progressive
à une allure soutenue ». Le consensus général est que
« toute forêt naturelle en dehors des réserves
forestières des ilots protégés par leur
inaccessibilité ou par la tradition risque de disparaître dans un
avenir très proche ».
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