III-2-3 : PRISE EN CHARGE DES REFUGIES LIBERIENS A
ACCRA
Le HCR est intervenu plus tardivement au Ghana qu'en
Guinée et il faut surtout y souligner la place importante qu'ont prise
les ONG nationales dans l'aide aux réfugiés du camp de Buduburam.
Les fonds internationaux débloqués par le HCR pour les
réfugiés libériens sont d'abord allés aux pays ou
ces réfugiés étaient les plus nombreux (Côte
d'Ivoire, Guinée, Sierra Léone) et non pas au Ghana. Avant 1993,
le HCR n'avait d'ailleurs qu'un seul chargé de mission dans le pays et
non un bureau permanent. Ce sont principalement les ONG ghanéennes qui
se sont investies auprès des réfugiés à Buduburam
et qui ont ensuite continué de les aider avec le financement du HCR.
Autant, la société civile ghanéenne a fait de nombreux
dons matériels et financiers aux libériens dans les premiers mois
d'existence du camp comme l'exprime la photo 2. En 1990 et dans les
années suivantes, le journal Ghanaian Times relayait
régulièrement les demandes d'aide supplémentaires
adressées à la population
par la National Reception Task Force, (Ghanaian Times,
09/10/1990) et rapportait ces gestes de générosité.
Ces dons ont largement été orchestrés par le pouvoir, mais
comme en Guinée, l'Etat, ayant peu de moyens, s'est appuyé sur la
société civile, tout en conservant son rôle principal dans
la gestion des réfugiés à travers le NMP (National
Mobilization Program) et le comité interministériel
d'accueil.
Photo 2 : extraits de presse ghanéenne montrant des dons
alimentaires aux réfugiés libériens à Accra.
Source : Ghanaian Times, 09/10/1990
Les différentes ONG et associations religieuses
sous la supervision de l'Etat ghanéen sont venues en aide aux
réfugiés libériens à Accra. Ces aides concernaient
des fournitures de biens de première nécessité.
Le HCR a ainsi entériné la répartition
des tâches qui avaient eu lieu avant son intervention et dans laquelle
les ONG nationales avaient une part essentielle, avec le soutien du
gouvernement ghanéen. Ces ONG étaient souvent confessionnelles.
On peut en citer quatre principales ayant joué un rôle majeur
dès les débuts du camp et qui continuaient à y être
actives en 2008-2009 : la Croix Rouge Ghanéenne, l'Assemblies of God
Development and Relief Services, la National Catholic Secretariat et le
Christian Council of Ghana. Avec le temps, les tentes du camp ont
été remplacées par des maisons en dur, construites par les
réfugiés eux- mêmes, grâce à des
matériaux donnés par ces ONG et le HCR ou acquis par le dynamisme
économique de ces derniers. Malgré la volonté initiale du
gouvernement ghanéen de ne pas créer l'impression que les
réfugiés libériens seraient au Ghana pour longtemps, le
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST
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IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
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camp de buduburam est devenu peu à peu un petit
village, voir une petite ville avec des services publics dépendant de
l'aide humanitaire du HCR mais essentiellement des ONG ghanéennes. Du
point de vue des conditions de vie, ce camp était
considéré comme un exemple par le HCR (ACC, NS, 20/07/2008).
La gestion du camp a été confiée à
un organisme déjà existant le National Mobilization
Program (NMP), dépendant du Ministry of Social Welfare,
qui avait été créé pour répondre à
des crises et était notamment intervenu dans la gestion du retour des
ghanéens expulsés du Nigéria en 1985 (ALIFO N.M.K, 1999).
Un fonctionnaire du NMP a été nommé responsable du camp,
camp manager, chargé de règlementer la vie à
l'intérieur du camp et doté d'assistants qui ont tous
été hébergés dans l'une des maisons du camp
baptisée par les réfugiés, the Mension en
référence au palais présidentiel de Monrovia et en signe
de reconnaissance de ce lieu de pouvoir. Cette équipe de gestionnaires
était payée par le gouvernement ghanéen et non le HCR qui
n'a commencé à financer l'aide aux réfugiés au
Ghana qu'à partir de 1992.
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