III-2-2 : LES LIMITES DE L'ACCUEIL DES REFUGIES A
ACCRA
Le gouvernement ghanéen, d'abord accueillant, est
devenu plus réticent à recevoir davantage de
réfugiés libériens à partir du milieu des
années 1990, après l'afflux de milliers de réfugiés
togolais dans l'Est du pays et les échecs répétés
de négociations de paix au Libéria. Les autorités
ghanéennes ont affirmé également les limites de leur
accueil et les ont reformulées à plusieurs reprises pendant mais
surtout à la fin de chaque guerre civile, c'est-à dire à
la fin des années 1990, puis de nouveau après 2003, encourageant
les libériens à rentrer chez eux. Les limites de l'accueil ont
surtout été révélées avec acuité en
2008, lors d'une manifestation pendant laquelle les réfugiés
libériens ont rejeté l'éventualité de rester au
Ghana et ont réclamé d'être réinstallés par
le HCR dans des pays tiers (Etats Unies d'Amérique,
IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES
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Australie, Canada). Cette manifestation a conduit à
l'expulsion de quelques libériens et entraîné une remise en
question de leur présence au Ghana en tant que
réfugiés.
Egalement, l'épopée du bateau Bulk challenge
en 1996 (NAGBE K.M, 1996) qui avait quitté Monrovia après
les combats d'«April 6 » a erré plusieurs semaines dans le
Golfe de Guinée, les autorités ivoiriennes puis ghanéennes
lui interdisant de débarquer ses passagers sur leur territoire, le
soupçonnant de transporter des anciens combattants en déroute.
Après quelques jours, le navire a néanmoins accosté au
port de Takoradi le 15 mai 1996, suite aux pressions internationales et
à la détérioration de la situation à bord. Les
quelques 2000 libériens du Bulk Challenge, installés
dans le camp de Krisan dans l'Ouest du pays près de la ville de Sanzule
ont peu à peu rejoint le camp de Buduburam ou bien sont rentrés
au Libéria à la fin de la première guerre. A la fin du
mois de mai 1996, des libériens embarqués sur un autre bateau, le
Zolotitsa n'ont pas eu cette chance et ont passé plusieurs
jours en mer avant de retourner à Monrovia (Ghanaian Times,
19/06/1996).
A cela s'ajoute le phénomène de « refugees
fatigue ». Cette notion de fatigue (lassitude des bailleurs de fonds du
HCR et pays accueillant les réfugiés) a d'abord été
exprimée par les pays donateurs, notamment les pays
industrialisés qui contribuent pour l'essentiel au budget du HCR
(CAMBREZY L, 2001), mais aussi par le pays hôte, qui est le Ghana. Ces
deux types de fatigue interviennent le plus souvent face à des
situations dites d'exil prolongé (LOESCHER G, MILNER J, 2005).
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