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Impacts environnementaux des réfugiés autour des zones conflictuelles en Afrique de l'ouest

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par Abdoulaye DIALLO
Université Ouaga I Pr Zoseph KI-ZERBO - Master II recherche (Gestion des Ressources Naturelles) 2015
  

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III-2 : ACCUEIL ET ETABLISSEMENT DES REFUGIES LIBERIENS A ACCRA

Au Ghana, comme en Guinée, les autorités n'étaient pas prêtes à accueillir les réfugiés. Le pays avait bien accueilli des militants africains indépendantistes et anti- apartheid mais ces « freedom fighters » n'ont jamais représenté des milliers de personnes. Il s'agissait surtout d'étudiants qui ont été hébergés dans des Foreign Students' Hotels mis en place notamment près de l'université d'Accra par la politique panafricaniste de Kwame N'krumah entre 1957 et 1996 (ADJAKRA A.D.Y, 1990 ; ALIFO N.M.K, 1999). C'est le gouvernement militaire de John. J. Rawlings au pouvoir depuis le coup d'état de 1981, qui a ouvert un camp à une quarantaine de kilomètres à l'Ouest d'Accra, dans le village de Gomoa-Buduburam (communément appelé Buduburam) pour les réfugiés libériens en nombre croissant en Septembre 2000.

III-2-1 : LE MODELE D'ACCUEIL GHANAEEN : UN ENCADREMENT DES REFUGIES

Les premiers libériens arrivés au port de Tema ont été accueillis par le Ghana Immigration Service (GIS) comme l'atteste la photo 1. Au nombre d'une centaine, ils ont d'abord été hébergés à Afienya, une localité au Nord-est de Tema, dans une école transformée par l'Etat en centre de transit (OKAE-MENSAH K, 1997). D'autres réfugiés arrivés plus tard ont emprunté les lignes aériennes régulières et ont bénéficié de l'aide de l'armée ghanéenne, empruntant les avions, et surtout les bateaux militaires ghanéens. A partir de la création du camp de Buduburam, le GIS a orienté les réfugiés arrivant à Accra vers ce lieu d'accueil où ils étaient estimés à 9000 en 1990 et 15 000 en 1996. Toutefois, le gouvernement ghanéen n'a jamais obligé les libériens à s'installer à Buduburam et ESSUMAN-JONHSON A, 1992b précise ainsi qu'environ 2000 libériens s'étaient installés par leurs propres moyens à Accra ou ailleurs tout en ajoutant que certains ont par la suite cherché à rejoindre le camp où le degré d'aide était important (Ghanaian Times, 05/10/1990). Le camp a également servi de lieu de transit, avant qu'ils ne rejoignent leur pays d'origine, à des centaines de ressortissants africains, nigérians par exemple, fuyant la guerre civile libérienne. Dans ce grand camp d'accueil, les réfugiés ont été hébergés dans des maisons préexistantes sur le terrain ainsi que sous des tentes données par l'armée.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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Photo 1 : extraits de presse ghanéenne montrant l'arrivée des réfugiés libériens à Accra

Source : Ghanaian Times, 09/10/1990

Ces extraits de presse ghanéenne en anglais montrent que les premiers arrivants à

Accra n'ont pas été accueillis à bras ouverts par la société civile, mais ont été pris en charge par le gouvernement.

Le camp de Buduburam, situé à 45 km d'Accra, peut être considéré comme une centralité libérienne au Ghana, au sens où il concentre une forte population de réfugiés et de services proposés par et pour eux, et où il entraine des mobilités particulières de la part des libériens installés ailleurs. Le camp est en effet pour eux un point de repère et un lieu de sociabilité important, mais à des degrés divers, selon l'éloignement géographique, le capital socio-économique et l'histoire personnelle des individus (ASARE V.N.B, 2000). Point d'ancrage non résidentiel pour ces derniers, le camp est surtout le signe d'une reterritorialisation des libériens au Ghana (AGIER M, 2013). La majorité des réfugiés libériens rencontrés au Ghana, soit 44 sur 50, vivaient ou avaient vécu dans le camp de Buduburam. A l'échelle de l'agglomération d'Accra, DICK S (2002a), proposait de distinguer les « camps refugees » des « town refugees » et observait elle aussi de nombreux allers et retours entre le camp et la ville.

IMPACTS ENVIRONNEMENTAUX DES REFUGIES AUTOUR DES ZONES CONFLICTUELLES EN AFRIQUE DE L'OUEST

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A l'instar du camp urbain de Buduburam, le camp de Krisan visible sur la carte 5, situé en milieu rural, à 80 km de l'agglomération de Sekondi-Takoradi, a également accueilli un petit nombre de réfugiés à partir de 1996. Le camp de Krisan a hébergé des libériens et de petits groupes de réfugiés sierra-léonais, soudanais ou encore centrafricains. Les arrivées de libériens au Ghana ont été ponctuelles et diffuses comme en Guinée et la lenteur des rapatriements étaient visible.

Carte 5 : Plan du camp de Buduburam et répartition inégale des libériens à Accra

L'analyse de cette carte dévoile que l'installation des réfugiés s'est faite le long de la zone côtière à Accra et que les trois localités qui concentraient le plus de réfugiés libériens étaient respectivement Buduburam, Tema, Kasao.

Outre ces réfugiés, le Ghana a surtout été marqué entre 1993-1995 par la présence de réfugiés togolais en nombre irrégulière comme le montre la figure 2, dans la partie Est du pays qui fuyaient les troubles politiques de leur patrie. A l'Ouest, ce sont les réfugiés en provenance de la Côte d'Ivoire qui ont franchi la frontière ghanéenne dans les années 2000. Le nombre total de réfugiés dépassait les 40 000 en 2003 (ASARE V.N.B, 2000).

En plus de ces effectifs, le Ghana a aussi enregistré le retour de ses ressortissants fuyant la guerre civile du Libéria. Le Ghana Immigration Service (GIS) s'est chargé de séparer les libériens des ghanéens grâce à l'absence d'ethnies communes entre le Libéria et le Ghana et surtout le broken english des libériens. Le gouvernement ghanéen, via le GIS, a aidé

financièrement au retour de ces nationaux vers leurs villages d'origine, mais ne leur a pas octroyé d'aide spécifique. Ces ghanéens ont d'abord séjourné dans le camp de Buduburam avant de choisir un lieu spécifique pour leur réintégration lorsqu'ils n'avaient pas de villages d'origine. Ces 15 000 ghanéens d'origine rurale, sont revenus les mains vides entrainant une réinsertion difficile comme à Senya Beraku, un village proche de Buduburam (DEKKER R, 1995). Ils ont néanmoins obtenu des micros crédits de l'ONG Assemblies of God Relief and Development Services qui est également intervenue dans le camp de Buduburam.

Figure 2 : arrivées des différents réfugiés de conflits et exilés ghanéens à Accra entre 1990 et 2009

Ce graphique atteste que de 1990 à 2009, l'accueil du plus grand nombre de réfugiés au Ghana a eu lieu de 1993 à 1996, constitué à majorité de réfugiés togolais fuyant les troubles électoraux au Togo. L'arrivée du deuxième contingent important de réfugiés s'est déroulée de 2002 à 2007 et dominée par les réfugiés libériens issus de la deuxième guerre civile de leur pays.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon