II. SUR LE PLAN SCOLAIRE :
1. RENFORCER L'IMPORTANCE DE L'ECOLE DES DEVOIRS :
La Maison de Jeunes est aussi Ecole des Devoirs tous les jours
de la semaine (hors week-ends) après les heures d'école des
enfants. A mon arrivée en stage, j'ai pu observer un brouhaha continu
lors de ce temps consacré à l'étude. Je ne comprenais pas
comment il était possible pour ces enfants de comprendre ce qu'ils
étudiaient, et j'ai vite remarqué que le travail était
bouclé le plus vite possible, dans l'idée de pouvoir faire autre
chose rapidement.
Il m'a donc paru essentiel de mettre en place un
règlement distinguant les conduites tolérées de celles qui
ne le sont pas. J'ai donc convoqué le conseil des jeunes, composé
des plus de 16 ans, et je les ai invité à établir une
liste des engagements qu'ils devaient prendre pour que l'Ecole des Devoirs soit
un endroit d'étude, et non de récréation. Les
éducateurs devaient eux aussi dresser une liste de leurs engagements.
Enfin, le règlement devait être voté
à l'unanimité, et signé par tous les membres de la MJ. En
voici le résultat page suivante.
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Règlement de l'Ecole des Devoirs :
JE M'ENGAGE A :
|
- Dire « Booonjouuuuur » en
arrivant,
- Venir ici pour travailler,
- Ne pas parler d'autres choses que des devoirs,
- Ranger mes affaires de façon à
ne pas gêner les autres,
- Rester poli et à m'adresser
correctement aux autres,
- Me tenir correctement (sur ma chaise, et en
général),
- Aider les autres lorsque les éducateurs
sont pris et lorsque j'ai fini mon
travail,
- Ne pas crier,
- Ne pas utiliser de téléphone, pc,
mp3, etc,
- Ne pas grignoter,
- Ne boire que de l'eau (pas de sodas et
autres),
- Etre à l'heure,
- Quitter l'école de devoirs
lorsque j'ai TOUT terminé.
|
LES EDUCATEURS S'ENGAGENT A :
|
- Etre clair dans leurs propos,
- Etre disponibles pour vous aider,
- A respecter et faire respecter ce
règlement.
|
Moi, ... m'engage à respecter correctement
ce
règlement, et à accepter la ou
les sanctions prévues en concertation avec les animateurs, et ce, en cas
de manquement à l'une ou plusieurs de ces règles.
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Enfin, je pense qu'il serait intéressant d'inclure les
parents dans l'Ecole des Devoirs. Comme je l'ai dit précédemment,
bon nombre des enfants interrogés avouaient que leurs parents ne
s'intéressaient pas ce qu'ils faisaient à l'école, ou ne
faisaient pas leurs devoirs avec eux. J'ai donc interrogé les enfants en
leur demandant s'ils étaient d'accord pour que leurs parents participent
à l'Ecole des Devoirs, et sur les 16, 2 enfants disent « oui
», 4 « oui, mais pas tout le temps », et 10 « non ».
Ceux qui sont le plus en demandes sont les 6-14 ans. Car il est
compréhensible que les jeunes adolescents ne souhaitent pas que leurs
parents les surveillent, et encore moins pour les devoirs. Mais pour les plus
jeunes, on voit nettement qu'une intervention des parents serait à leur
avantage.
Alors pourquoi ne pas les inclure dans ce processus ?
Cela ne nous permettrait-il pas de mieux cerner les difficultés
éducatives des parents en souffrances ? Cela ne rassurerait-il pas les
parents de savoir qu'ils sont compris et aidés ? Une fois encore, sans
vouloir faire d'aide à la parentalité, mais juste en apportant
quelques outils éducatifs et non des « conseils ». Recentrer
les parents sur l'intérêt de s'investir dans le travail de leurs
enfants, c'est ainsi dépasser la peur de les voir échouer ou
reproduire leurs erreurs. D'autant plus quand on sait combien les parents sont
en rupture avec les services d'aides spécialisés.
4. SENSIBILISER L'ETABLISSEMENT SCOLAIRE SUR LES
DIFFICULTES DE L'ENFANT :
Là encore, ce n'est effectivement pas le rôle
premier d'une Maison de Jeunes, mais entretenir un contact de qualité
avec les établissements scolaires des enfants les plus en
difficultés, serait une démarche intéressante. Surtout
quand on sait que les parents sont
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souvent très réfractaires aux rencontres
parents/professeurs, parce qu'ils s'exposent au regard de l'autre, qu'ils ont
honte de leurs situations, ou bien simplement parce que l'investissement des
parents est parfois inexistant, même si chez eux, « l'enfant est roi
».
J'ai en tête cet enfant de 8 ans, d'origine marocaine,
et dont la mère, seule au foyer, ne parlait pas un mot de
français. Il refusait de faire comprendre à sa mère les
problèmes qu'ils rencontraient à l'école. Il aurait pu les
lui traduire fidèlement en marocain, mais cette espèce d'avantage
du « bilinguisme non partagé », faisait qu'il
préférait mentir sur ses résultats plutôt que
d'inquiéter sa mère. Les deux seules actions qui s'offraient
alors à nous, étaient d'essayer de raisonner l'enfant pour qu'il
dise la vérité, ou faire en sorte que ses résultats
augmentent. La situation n'a pas évoluée sur les quatre mois de
stage que j'ai effectué.
Alors pourquoi, pour les enfants les plus en
difficultés, ne pas entrer en contact avec l'école ? Proposer des
remédiations en partenariat ? Tenter de faire le relai entre famille et
professeurs ? Ou encore réaliser une sorte de contrat entre l'enfant,
l'école et la Maison de Jeunes ? Est-ce vraiment impossible ? Je ne
crois pas, surtout sachant que sur les 16 enfants interrogés, tous
comprennent l'importance d'aller à l'école.
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