III. SUR LE PLAN CULTUREL ET CITOYEN :
1. OUVERTURE CULTURELLE
« On se bat pour avoir des ressources. Tous les
jours, les enfants demandent de
l'argent pour le cinéma, la gym... Il faut
toujours payer. »
La précarité vécue par de nombreuses
familles entraîne, je l'ai expliqué, une coupure avec le monde
extérieur. Et il est évident qu'aujourd'hui, l'accès
à la culture est aussi un vecteur d'inégalités sociales.
Les coûts sont souvent élevés, et un enfant issu de milieu
précaire souhaitant pratiquer un sport ou même partir en classe
découverte, se voit contraint d'abandonner ses idées.
Mais il est possible de passer à travers les mailles de
la dépense budgétaire, en se tournant vers les tarifs
préférentiels en musées, expositions, concerts et
cinéma. Il existe aussi un grand nombre de prestations culturelles
gratuites dans de nombreux domaines. Car favoriser l'accès à la
culture, c'est ouvrir aux enfants, une porte sur un monde qu'ils ne connaissent
pas, c'est donner le droit à la connaissance, c'est se familiariser avec
d'autres points de vue. Et c'est en ce sens que la Maison de Jeunes propose un
panel d'activités culturelles comme la danse, la cuisine du monde, la
création et l'art plastique, le sport, l'écriture de textes de
Rap, etc. Elle propose aussi des sorties découvertes, comme des
journées à Bruges, des sorties cinéma, ou encore un voyage
humanitaire au Congo.
Ces activités sont des espaces de partage pour les
jeunes en difficulté, où ils peuvent se réunir autour
d'une passion commune. C'est aussi un moyen pour eux, d'évacuer la
situation dans laquelle ils se trouvent, et d'avoir un moment de répit
où ils apprennent avec plaisir, et sans le savoir.
Mais la MJ ne fait pas que des offres d'activités et de
sorties, les jeunes eux-mêmes peuvent décider de ce qu'ils veulent
mettre en place, car s'il est important de mettre à leur disposition un
maximum d'ouverture culturelle, il faut aussi se rappeler que les jeunes
sont
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aussi porteurs de leur propre culture, et qu'en ce sens,
respecter leurs goûts et leurs attirances, c'est les respecter
eux-mêmes.
Rappelons que l'article 23 de la Constitution Belge stipule
que : « Chacun a le droit à l'épanouissement culturel et
social ».
La Maison de Jeunes est donc surtout une porte ouverte
à la culture, aux projets, et à l'expression. Une porte ouverte
aux nouvelles expériences, aux idées, à la création
ou encore à la découverte. Une porte ouverte aux savoirs, au
respect et à l'écoute. Une porte ouverte sur le monde, et sur les
questions les plus existentielles, car comme l'a dit André MALRAUX
:
« La culture, c'est ce qui répond à
l'Homme quand il se demande ce qu'il fait sur la
Terre »27
2. OUVERTURE CITOYENNE :
La participation active des jeunes dans la
société constitue non seulement un facteur facilitateur
d'inclusion sociale, de réussite et d'émancipation pour eux, mais
aussi un atout pour l'ensemble de la communauté.
C'est ainsi que la Maison de Jeunes a pour objectif d'amener
les jeunes à être des Citoyens Responsables, Actifs, Critiques, et
Solidaires (CRACS). En ce sens, un grand nombre d'actions sont menées
pour atteindre ce but. Je pense particulièrement aux concerts
27 MALRAUX André, discours à la Maison de la
Culture de Bourges sur le rôle de la culture au cours des siècles,
14 mai 1965.
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organisés pour faire la promotion du commerce
équitable et de la solidarité, je pense au projet Congo qui se
veut être un échange culturel, mais aussi humanitaire (apport de
denrées alimentaires, de vêtements, de livres, de jeux, etc). Je
pense aussi à l'ensemble des ateliers citoyens proposés, comme
des ateliers-débats sur les thèmes d'actualité, les
ateliers sur la lecture des programmes politiques lors des élections,
etc.
Toutes ces ambitions vont dans un sens : faire en sorte que
les enfants et les jeunes, en rupture avec le système et la
société dans laquelle ils évoluent, prennent conscience
que la citoyenneté active leur donne le droit d'avoir une place, et de
répondre à ce qu'ils répètent souvent : « de
toute façon, on sers à rien ».
Enfin, « Sois pauvre et tais-toi »,
titre d'une chanson du groupe de rock Les Sales Majestés,
illustre bien une vérité : quand on est précaire, on
n'est pas, de fait, un citoyen comme un autre. Il est
indispensable de davantage impliquer les jeunes dans les réflexions et
les processus consultatifs qui concernent aussi leurs espaces de vie : l'espace
public, l'école ou les institutions de l'aide à la jeunesse par
exemple.
Car je ne vois pas comment un lien social peut
être durable si les enfants et les jeunes issus de la pauvreté
restent tenus à l'écart de la vie démocratique du pays
dans lequel ils vivent, si nous n'essayons pas de changer en profondeur le
regard de la société sur la précarité et si,
finalement, nous ne permettons pas aux plus démunis d'appartenir
totalement à la communauté des hommes.
A ce moment-là, de quel droit pouvons-nous
clamer vivre en démocratie ? Périclès, au IVème
siècle avant Jésus-Christ, s'efforçait déjà
d'atténuer les inégalités économiques et sociales
d'Athènes par la pratique des liturgies (charges normalement
assumées par l'État, mais confiées aux plus riches des
citoyens), par un système d'entraide pour les plus
déshérités, et par du travail pour tous. Où en
sommes-nous aujourd'hui, plus de 2400 ans plus tard ?
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