Changement de cap
C'est ainsi que la colonisation belge eut l'idée
impérieuse d'orienter l'économie de la colonie vers d'autres
secteurs, notamment ceux des minerais et des voies ferrées pour
l'exploitation pourtant toujours destinée à la
métropole.
Déjà, vers 1955, au Congo, contrairement
à l'Ouganda et au Rwanda- Urundi, dont le trois quarts des exportations
mis en valeurs étaient constitués de coton et de café,
deux tiers environs des exportations étaient minières (cuivre,
étain, or, diamant, etc.). En ce qui concerne le tiers restant, il
était constitué de produits agricoles et industriels provenant
des sociétés européennes non destinés aux
autochtones.
La leçon à tirer, c'est que les politiques
amorcées furent en gros soutenues par les institutions de recherche ou
concrètement par des stations scientifiques qui dépassaient
déjà 40 bien avant la Conférence de Berlin.
De l'indépendance à
la deuxième République
La première République a quasiment reproduit la
politique belge en matière de la recherche scientifique. La
deuxième République, quant à elle, a crée l'IRS
(Institut de recherches scientifiques) en 1972 après l'ONRD (Office
National de Recherche et de Développement).
En 1990 - 1991 s'organise la Conférence Nationale
Soudaine. La conférence nationale souveraine a proposé un certain
nombre de recommandations liées à la recherche au gouvernement de
la République Démocratique du Congo dont les unes sont
déjà mises en application, les autres pouvant l'être
progressivement, au nombre desquels nous pouvons relever :
1) La mise en place des structures qui organisent le secteur
de la recherche scientifique et technologique notamment:
- un ministère exclusivement chargé
de la recherche scientifique et technologique ;
- le conseil scientifique national ;
2) La convocation des états généraux de
la recherche scientifique;
3) Le respect des préalables et des principes de base
de la recherche scientifique et technologique :
- L'activité de la recherche scientifique
et technologique doit veiller au développement intégral de
l'homme ;
- La société démocratique
comme garant contre l'entrave à la liberté d'expression et de
circulation de l'information, promotrice des droits fondamentaux de
l'homme ;
- La promotion des valeurs morales et
sociétales, sous-jacentes à toute activité de recherche
crédible, la discipline de vie, amour et défense de la
vérité, esprit critique, éthique de vrai, du bien et du
beau ;
4) La définition des options de la politique
scientifique et technologique :
- La recherche scientifique et technologique devrait
s'élaborer dans l'optique d'un développement soutenable,
centré sur l'homme enraciné dans sa culture, acteur et
bénéficiaire principal de son labeur ;
- Prendre en compte les objectifs socio-
politique et socio -économique que la nation d'assigne librement et
rationnellement ;
- Assurer la satisfaction des besoins de
base de la population : besoin alimentaire, vestimentaires, sanitaire, de
logement, de transport et d'éducation ;
5) L'adoption des objectifs de la politique scientifique et
technologique :
5.1. Objectifs généraux :
- le progrès de la
connaissance ;
- L'intégration de l'activité de
recherche scientifique et technologique dans le plan global de
développement ;
5.2. Objectif spécifique :
- La connaissance, la maîtrise et la
gestion de l'espace physique ;
- La connaissance, la connaissance et la
valorisation des ressources naturelles ;
- La maîtrise des techniques de
pointe, notamment les bio -technologies, l'informatique et la
télématique, les énergies renouvelables non
polluantes ;
- La contribution à
l'intégration industrielle.
6) Les axes de programmes de l'activité de recherche
scientifique et technologique dont l'articulation et l'harmonisation
incombent au Conseil scientifique national:
6.1. L'homme :
- culture ;
- société et
civilisation ;
6.2. Santé :
- recherche bio -médicale et
pharmacologique ;
- médecine naturelle
(traditionnelle) ;
6.3. Agriculture et alimentation :
- valorisation des denrées
alimentaires locales ;
- maîtrise des
bio-technologiques ;
- préservation de la
diversité génétique ;
- Habitat et construction ;
- valorisation des matériaux
locaux.
6.4. Ressources et industries
minières :
- valorisation des ressources
minières ;
- nouveaux matériaux ;
6.5. Communication, télécommunication,
transport ;
6.6. Qualité de la vie :
écologie ;
6.7. Maîtrise de l'espace physique ;
6.8. Sciences et technologie
traditionnelles ;
6.9. Energie renouvelable et non
polluantes ;
6.10. Structure et évolution de l'univers et
de la matière ;
6.11. Sciences et technique de gestion ;
6.12. Science et technique de
l'éducation ;
6.13. Information et documentation :
- information,
télématique ;
- documentation ;
7) La définition d'un statut particulier du personnel
de la recherche scientifique et technologique ;
8) L'élaboration et l'adoption d'une législation
cohérente de la recherche scientifique et technologique (voir les
lacunes de l'ordonnance -loi n° 82-040 du 5 novembre 1982) ;
9) La coopération recherche scientifique et
technologique :
- intégrer la coopération scientifique dans le
cadre de la politique générale recherche scientifique et
technologique ;
- former des homologues nationaux par l'octroi de bourses de
recherche ;
- la participation des chercheurs et des gestionnaires des
unités de recherche à la négociation et à la
conclusion des projets de recherche en coopération ;
- La libération régulière par le
gouvernement des fonds de contre -partie pour les projets en
coopération ;
- La renégociation des accords ou conventions de
coopération scientifique et technologique signés entre le pays et
ses partenaires, de manière à les adapter aux nouvelles
réalités socio-économiques et socio -politiques du pays.
Bien plus tard et sur recommandation de la Conférence
Nationale Souveraine (CNS) et depuis le 21 juillet 2005, le ministère de
la Recherche Scientifique et Technologique a organisé sous la
présidence du Vice -Président de la République
chargé de la Reconstruction et du Développement les premiers
Etats généraux de la recherche en RD Congo. En effet, la
Conférence Nationale Souveraine (CNS) avait en son temps
décidé, en plus de cette tenue des Etats Généraux
de la recherche scientifique, de l'élaboration de la loi--cadre ad
hoc.
Ces premiers Etats Généraux ont réuni
environ 150 personnalités et pris les recommandations
suivantes :
- Le Projet de mise en place d'un cadre institutionnel
rénové de politique scientifique et technologique ;
- La réorientation des pratiques et des structures de
recherche sur base de contrats de recherche.
C'est pour répondre à ces recommandations au
sujet notamment d'un cadre institutionnel rénové que le Ministre
de la Recherche Scientifique et Technologique a signé un
arrêté portant nomination d'un Conseil Scientifique National
(CSN), organe chargé d'abord de la mise en oeuvre de la politique de la
recherche scientifique en RD Congo, ensuite de contrôler la gestion de
Centres et Instituts de recherche, et enfin d'approuver le budget
affecté à la recherche et le règlement organique. Il
convient de signaler que cet organe est crée par l'Ordonnance-loi du 5
novembre 1982.
Voilà pourquoi, à l'endroit du Gouvernement, les
recommandations suivantes ont été prises :
- Le choix de programmes de recherche compatibles avec les
priorités du plan de développement, entendez le Document des
Stratégies de la Croissance et de la Réduction de la
Pauvreté (DSCRP);
- La promotion des savoirs endogènes.
C'est dans ce contexte que oeuvre le CSN mais sans bureau ,
pour un programme à court et à moyen terme. Deux autres projets
et programmes sont actuellement initiés par le ministère de la
recherche scientifique et technologique : un programme minimum pour la
recherche scientifique et technologique en rapport avec les actions
initiées par le Gouvernement et le Projet de Fonds d'appui à la
recherche (FAR) qui s'étale sur cinq ans, mais non alimenté.
Il est superflu de rappeler aujourd'hui que tous ces Centres
et Instituts de recherche fonctionnent sporadiquement avec l'appui des certains
organismes internationaux : FAO, PNUD, etc. La réorientation des
pratiques et des structures de recherche doit désormais être faite
sur base de contrats de recherche avec les partenaires. Souvent c'est la besoin
de ces derniers qui priment, c'est la main qui donne qui est au dessus.
|