III- Analyse et discussion des résultats
Dans ce passage, il s'agit de mettre au clair les
résultats qui se sont révélés conformes à
la prédiction de notre recherche et surtout ceux qui en seraient
contraires pour éventuellement mettre en relief les aspects à
approfondir dans nos futures recherches. De ce fait, nous allons analyser et
discuter les résultats des tests statistiques hypothèse par
hypothèse.
Résultat 1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
Le test de chi-deux effectué a
établit une relation significative entre l'origine familiale du
propriétaire-dirigeant et ses compétences. Il faut
préciser que ce résultat était attendu vu le nombre
important d'écrits qui ont déjà établit cette
relation. C'est le cas par exemple des travaux de Letowski (2004) pour qui,
l'appartenance à une famille d'entrepreneurs facilite le management
d'une entreprise. Dans le même ordre d'idées, Reynaud et Simon
(2004) affirment que l'accumulation des connaissances au fil des ans à
partir d'un héritage familial fort permet au manager d'acquérir
des compétences considérables. Dans une étude menée
au Gabon, Mbemba (1989) aboutit au résultat selon lequel le contexte
familial joue un rôle important dans l'acquisition des
compétences. Seulement, dans le contexte du Grand Nord Cameroun, il n'y
a pas encore d'écrits faisant ressortir cette relation. C'est ce qui
rend plus intéressants les résultats obtenus qui corroborent avec
ceux effectués en Occident. Ce résultat est tout aussi
intéressant car répond à la deuxième question de
notre recherche.
Résultat 2 : La culture communautaire
favorise le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants
Les résultats obtenus à l'issus du test du
chi-deux montrent qu'il n'y a pas une relation significative entre la culture
communautaire et les compétences des propriétaires-dirigeants. En
effet, il faut tenir compte qu'un dirigeant d'entreprise est vu comme une
élite au Grand Nord Cameroun et doit aider toute sa communauté.
Toutefois, le faire pourrait conduire son entreprise en faillite. C'est
pourquoi Sambo (1996) précise que le dirigeant camerounais en
général subit des contraintes sociales qui à la longue
participent à nuire à son ouvrage. C'est peut être cet
aspect qui a été négligé et on aboutit
nécessairement au biais du résultat.
Résultat 3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
Ce résultat est d'une grande importance car il
répond à notre troisième question de recherche. Le test de
régression linéaire multiple a établi que les
compétences du propriétaire-dirigeant ont une influence positive
sur l'atteinte des principaux objectifs de la firme. Ce résultat
corrobore celui de Baum (1995) dans le contexte Nord Américain. En
effet, il a effectué ses travaux auprès des entrepreneurs,
propriétaires-dirigeants de petite entreprise qui lui a permis
d'affirmer qu'il existe une relation significative entre compétence et
croissance. Nous savons par ailleurs que les indicateurs de la croissance sont
entre autres le chiffre d'affaires, le résultat, les investissements,
bref les principaux objectifs retenus dans notre étude.
De manière générale, le modèle de
régression apparaît pertinent et on peut souligner que dans
l'ensemble, les conditions d'application de la régression
linéaire ne sont pas violées. En effet, les tolérances des
variables explicatives qui désignent la proportion de leur
variabilité non expliquée par les corrélations entre elles
sont élevées et prouvent que cette condition est loin
d'être violée et, par conséquent, que l'estimation des
paramètres du modèle est stable. De plus, il n'y a pas
possibilité d'autocorrection des résidus car les données
obtenues sortent d'une ACP préalable.
Résultat 4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise
Le résultat obtenu est d'une grande importance car
répond déjà à notre troisième question de
recherche. Il témoigne une fois de l'importance des compétences
du propriétaire-dirigeant. Certes, ce résultat était un
peu attendu dans la mesure où plusieurs chercheurs l'ont relevé.
Cependant, le contexte diffère énormément et c'est
là que cette recherche trouve son intérêt. Il permet de
confirmer les résultats des recherches de Devos et Taskin (2005) pour
qui, la gestion par les compétences est l'une des nouvelles pratiques
qui soutien la flexibilité et l'adaptation continuelle de
l'entreprise.
Cette section nous a permis de présenter l'ensemble
des résultats relatif aux différents tests. Nos hypothèses
1 et 2 ont été testées à l'aide du chi-deux. Au
bout du test, l'hypothèse 1 l'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences se trouve
confirmée tandis que l'hypothèse 2 La culture communautaire
favorise le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants est infirmée. Les hypothèses 3 et
4 ont été testées au moyen de la régression
multiple. Ces hypothèses ont été confirmées. Ceci
revient à dire en clair que les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise et aussi facilitent sa flexibilité. En somme, une seule
hypothèse a été rejetée à l'issus de
l'analyse des données recueillies auprès des entreprises
septentrionales du Cameroun.
Ce quatrième chapitre consacré à la
présentation des résultats de l'analyse des données permet
de clôturer notre mémoire. Les tests effectués sont :
le tri à plat, l'analyse en composantes principales, le chi-deux et la
régression multiple. Les variables des deux premières
hypothèses étant qualitatives, nous avons effectué le
chi-deux ; à l'issus du test, la première hypothèse a
été vérifiée et la seconde a été
rejetée. En outre, les variables des deux dernières
hypothèses étant plutôt quantitatives, nous avons fait
l'analyse de régression. L'analyse en composantes principales nous a
permis de cerner le concept de compétence qui est désormais
tridimensionnel et ces composantes extraites constituent les variables
explicatives du modèle de régression multiple ; les concepts
d'objectifs et de flexibilité sont par contre unidimensionnels.
Au terme de la deuxième partie, après la
présentation de la méthodologie et la définition des
variables, nous avons procédé à une analyse des
données. Cette partie empirique a été indispensable pour
compléter notre recherche sur l'analyse des compétences des
propriétaires-dirigeants d'entreprise. Le traitement des données
nous a permis d'appréhender le niveau réel de compétence
des managers d'entreprise, les déterminants de ces compétences et
leurs implications. Les tests de chi-deux et les tests de régression
linéaire multiple nous ont permis d'analyser nos hypothèses. Il
ressort donc de ces résultats que le milieu familial détermine le
développement des compétences du manager mais que son milieu
culturel n'a pas d'influence significative. De plus, les compétences du
propriétaire-dirigeant influencent positivement à la fois les
objectifs de la firme et sa flexibilité.
Ainsi rendu au terme de notre étude, nous avons
essayé d'apporter des réponses à nos questions de
recherche sans prétendre avoir fait une étude exhaustive. Il est
à présent important de rappeler tour à tour les grandes
lignes qui l'ont constituées. Après un bref rappel des objectifs
et hypothèses de recherche, nous aborderons successivement les
résultats auxquels nous sommes parvenus, les implications de notre
travail, ses limites et enfin les axes futures de recherche.
v Rappel des objectifs de la recherche
L'objectif de notre recherche que nous venons d'achever est de
présenter l'importance que revêtent les compétences d'un
propriétaire-dirigeant. Pour mener à bien cette étude,
nous avons fixé quatre objectifs spécifiques à
savoir :
- analyser le concept de compétence du
propriétaire-dirigeant ;
- identifier les facteurs socio-culturels favorisant le
développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant ;
- voir l'intérêt pour une entreprise d'avoir un
propriétaire-dirigeant compétent ;
- et faire une typologie des compétences des
propriétaires-dirigeants du Grand Nord Cameroun.
Les résultats obtenus découlent des
hypothèses principales que nous avons formulées et qui feront
l'objet de notre prochain paragraphe.
v Rappel des hypothèses de
recherche
Pour atteindre ces différents objectifs, nous avons
formulé quatre hypothèses de recherche qu'on peut regrouper en
deux ensembles.
D'une part deux hypothèses cherchent à
vérifier si l'environnement socio-culturel du
propriétaire-dirigeant camerounais lui procure des compétences.
Ces hypothèses sont intitulées comme suit :
H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences
H2 : La culture communautaire favorise
le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants.
D'autre part, deux hypothèses cherchent à
vérifier si les compétences du propriétaire-dirigeant
camerounais permettent à l'entreprise d'être viable. Ces
hypothèses sont formulées ainsi qu'il suit :
H3 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant permettent l'atteinte des objectifs de
l'entreprise
H4 : Les compétences du
propriétaire-dirigeant facilitent la flexibilité de
l'entreprise
La démarche adoptée est donc celle
hypothético-déductive. Elle nous a permis d'émettre ces
hypothèses. La vérification de ces hypothèses passe
nécessairement par l'analyse des données que nous avons
recueillies auprès de soixante unes entreprise des capitales
provinciales du Grand Nord Cameroun. L'outil de collecte de données
utilisé est le questionnaire.
v Les principaux résultats de la
recherche
L'analyse des données recueillies s'est faite à
l'aide du logiciel SPSS. Les tests utilisés sont : l'analyse en
composantes principales, le chi-deux et la régression
linéaire.
La première conclusion à laquelle nous sommes
parvenus est que le milieu familial favorise le développement des
compétences d'un propriétaire-dirigeant ; par contre le
milieu culturel n'est pas une variable déterminante pour le
développement des compétences. Ainsi, un
propriétaire-dirigeant qui a des parents entrepreneurs acquiert
certaines compétences par simple imitation.
En outre, la deuxième conclusion à laquelle nous
avons abouti est que les compétences du
propriétaire-dirigeant ont une influence positive sur l'atteinte
des objectifs de la firme et aussi sur sa flexibilité. En clair, plus le
propriétaire-dirigeant de la petite entreprise est
compétent, mieux son entreprise est performante et flexible. De ce fait,
cette étude a une double implication.
v Les implications de la recherche
L'apport de cette recherche est très précieux
à la fois pour les managers d'entreprise et les théoriciens en vu
d'une bonne amélioration de la situation des entreprises.
Pour les théoriciens, cela leur permettra d'enrichir
leurs connaissances en ce qui concerne les déterminants et les
implications des compétences du
propriétaire-dirigeant d'entreprise du Grand Nord Cameroun.
Pour les praticiens et précisément les managers
d'entreprises, cette étude leur permettra de comprendre l'influence de
l'environnement socio-culturel sur leurs compétences
managériales. Le propriétaire-dirigeant doit déceler
le côté positif de son environnement. De plus, ils savent
désormais les principales implications des compétences.
v Les limites de la recherche
Il est une évidence que tout travail scientifique a des
limites. Le notre n'échappe donc pas à cette règle. La
toute première est liée à la taille de
l'échantillon. Nous n'avons pas pu couvrir un grand nombre
d'entreprises, vu le délai trop court imparti à l'administration
des questionnaires. Seulement soixante un questionnaires ont pu être
exploités. Les résultats de cette enquête doivent donc
être pris avec prudence car l'échantillon n'est pas suffisamment
représentatif. La deuxième limite liée l'analyse des
données, concerne les tests utilisés. Le chi-deux par exemple
n'est pas validé lorsque plus de 20 % des cellules du tableau de
contingence ont moins de 5 observations. Ce test accorde donc beaucoup
d'importance à la taille de l'échantillon et peut biaiser la
réalité.
v Les pistes futures de recherche
L'ensemble des résultats que nous venons de rappeler
doit être pris avec beaucoup de prudence car, au regard des limites
d'ordre méthodologiques émanant de ce travail, nous pouvons en
citer d'autres. Il s'agit notamment de celles liées au choix de
l'échantillon résultant ainsi de la non existence de
données statistiques fiables dans notre contexte en ce qui concerne les
sciences sociales en générale et de la gestion des entreprises en
particulier.
Tout au long de notre travail, nous avons focalisé
notre attention sur l'analyse des compétences du
propriétaire-dirigeant d'entreprise dans la partie septentrionale
du Cameroun. Dès lors, suscite une interrogation : les
compétences des managers d'entreprises permettent elles la
pérennité de celles-ci ? De plus, étendre cette
étude dans tout le Cameroun rendrait encore plus intéressant la
recherche.
|