II- Analyse des déterminants de la compétence
du propriétaire-dirigeant
et ses implications
Les tests statistiques propices pour nos
différentes hypothèses de recherche sont
récapitulés dans le tableau ci-après.
Tableau 28 : Méthodes de
vérification des hypothèses
Hypothèses
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Méthodes
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Tests statistiques
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H1, H2
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_
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Chi-deux
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H3, H4
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Régression linéaire
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- test de student
- test de Fisher-Snedecor
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Source : Notre enquête
A- Analyse de la relation entre environnement
socio-culturel et compétence du propriétaire-dirigeant
L'environnement dans lequel évolue un individu exerce
une certaine influence sur le comportement de ce dernier. Ainsi, cet
environnement qu'il soit proche ou lointain a-t-il un impact sur les
compétences d'un propriétaire-dirigeant. A l'aide du chi-deux,
nous examinerons si cette relation est vraie pour notre échantillon
d'étude.
1- Relation entre milieu familial et
compétences du propriétaire-dirigeant
Il est question pour nous de vérifier à travers
les tris croisés s'il existe une relation entre les compétences
d'un propriétaire-dirigeant et le fait que ce dernier ait des proches
dans les affaires. Comme nous l'avons vu plus haut en théorie,
l'environnement familial exerce une grande influence sur les habiletés
des managers. Le paragraphe suivant nous permettra de préciser la
relation qui existe entre ces deux concepts. Autrement dit, ces variables
sont-elles positivement corrélées ? C'est à partir du
tableau de contingence que nous pouvons le préciser.
Tableau 29 : Tableau de contingence
entre compétences du propriétaire-dirigeant et milieu familial
Chi-deux Pearson = 13,619
Phi = 0,472 c = 0,427 ddl
= 1 Prob = 0,000
Source : Notre enquête
À la lecture du tableau, nous remarquons que la
probabilité du chi-deux est de 0,000 ; ce qui est très
significative car inférieur à 0,05. Bien qu'une case ait un
effectif inférieur à 5, le test du chi-deux peut être
toléré vu la très faible proportion non respectée.
La valeur du chi-deux donne 13,619 pour un degré de
liberté égale à 1. Ainsi, la valeur calculée du
chi-deux est nettement supérieure à la valeur théorique
qui est de 3,841 pour 1 degré de liberté. Ces
résultats signifient en clair qu'il y a une dépendance entre
l'environnement familial et les compétences du
propriétaire-dirigeant. De ces résultats, il ressort que 60,6 %
des propriétaires-dirigeants non compétents n'ont pas dans leur
entourage les proches dans les affaires contre seulement 14,3 % de ces derniers
qui sont compétents sans avoir un proche manager. En plus, parmi les
45,9 % des peopriétaires-dirigeants, compétents, jusqu'à
39,3 % de ceux-ci ont un de ses proches dans une activité
créatrice de revenu.
Le coefficient phi et le coefficient de contingence ont
respectivement les valeurs de 0,472 et 0,427 pour un seuil de signification de
0,000. Ces valeurs s'éloignent de zéro. Il n'y a donc aucune
chance que les écarts entre les compétences du
propriétaire-dirigeant et son milieu familial tiennent du hasard ;
ce qui signifie en clair qu'il existe une liaison parfaite entre
compétences et environnement familial.
En somme, nous pouvons dire que le milieu familial a une
influence positive dans l'acquisition des compétences du
propriétaire-dirigeant. L'hypothèse 1 est donc
confirmée. Cette confirmation nous conduit à rappeler
les travaux effectués par Mbemba (1989) selon lesquels :
« le contexte familial plus précisément jouerait un
rôle important dans l'acquisition des compétences en raison de
l'éducation apportée et en particulier, de l'apprentissage par
imitation des rôles adultes par l'enfant ».
2- Relation entre culture communautaire et
compétences du propriétaire-dirigeant
Comme nous venons de voir, le fait d'avoir un proche ou parent
entrepreneur stimule le développement des compétences chez un
propriétaire-dirigeant. De même, chaque individu appartient
à une communauté et celle-ci exerce aussi une influence sur son
comportement. À partir du tableau de contingence, nous verrons si ces
deux variables sont réellement dépendantes chez les managers du
Grand Nord Cameroun. Le tableau ci-après nous permet ainsi de
dégager un ensemble de résultats.
Tableau 30 : Tableau de contingence entre
compétences du propriétaire-dirigeant et culture communautaire
Chi-deux Pearson = 0,786 Phi
= -0,114 c = 0,113 ddl = 1
Prob = 0,375
Source : Notre enquête
De ce tableau de résultat, nous pouvons lire que parmi
les propriétaires-dirigeants compétents, 71,4 % n'ont jamais
obtenu le soutien de leur communauté contre seulement 28,8 % qui ont
reçu du soutien. En plus, des 34,4 % des propriétaires-dirigeants
ayant obtenus le soutien de leur communauté, seuls 13,1 % sont
compétents. Cependant, nous avons une probabilité de 0,375 et un
chi-deux de 0,786 ; ce qui montre qu'il n'y a pas de
relation entre la compétence du propriétaire-dirigeant du Grand
Nord et la culture communautaire.
Le coefficient phi et le coefficient de contingence ont
respectivement les valeurs de -0,114 et 0,113 pour un seuil de
signification de 0,375. Ces valeurs sont presque nulles et vont dans le
même sens que la valeur du chi-deux de Pearson. Ceci signifie en clair
qu'il n'y a pas d'association entre ces variables. Elles sont parfaitement
indépendantes. En clair, l'hypothèse 2 est
infirmée.
Des différents résultats enregistrés,
deux de nos hypothèses viennent ainsi d'être analysées.
L'hypothèse H1 : L'origine familiale du
propriétaire-dirigeant lui procure des compétences et
l'hypothèse H2 : La culture communautaire favorise
le développement des compétences des
propriétaires-dirigeants. L'hypothèse 1 est ainsi
confirmée par contre l'hypothèse 2 est infirmée.
Seulement, les propriétaires-dirigeants compétents
parviennent-ils à atteindre facilement les objectifs qu'ils se
fixent ? A l'aide du test de régression multiple nous tenterons de
répondre à cette question dans le deuxième paragraphe.
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