Les compagnies de transport ont une devise qui est « le
confort et la ponctualité dans le transport ». C'est un
idéal qui est renouvelé chaque jour pour la fierté des
usagers. Les résultats de nos enquêtes le confirment. En effet, 70
% des usagers affirment que le confort est le motif principal de leur
préférence pour les cars, (graphique13). Et c'est seulement 8%
des usagers qui ont émis quelques réserves relatives aux pannes
des autocars. Ce qui prouve que les compagnies de transport assurent
effectivement le confort lors des voyages à leurs usagers. Ce confort
est matérialisé par la présence de la
télévision pour les voyages (photo3), des fauteuils individuels
et réglables biens conçus (photo4), la présence de la
climatisation, (photo 5) et même des toilettes pour des besoins d'urgence
et de la réfrigération pour de l'eau distribuée
gratuitement.
76
Photo 4 : Fauteuil réglable pour le
confort des usagers Source : Cliché de l'auteur, août 2009
Photo 5 : Sortie d'air conditionnée
à l'intérieur d'un autocar
Source : Cliché de l'auteur, août 2009
77
Tout comme le confort, la sécurité est un
facteur déterminant dans le choix du moyen de transport. En effet, eu
égard aux nombreux accidents qui affectent le transport routier au
niveau des minibus, 56% des usagers des compagnies de transport affirment que
la sécurité des cars lors des voyages est un facteur qui explique
leur préférence (graphique12).
De plus, en prévention aux éventuels accidents,
des assureurs ont mi sur pied un nouveau produit baptisé «PROMO
SECOURS AUX VOYAGEURS». Il permet aux victimes, en cas d'accident, de
bénéficier d'abord d'une évacuation vers un centre de
santé le plus proche, et ensuite d'une prise en charge
matérielle, morale et juridique jusqu'à hauteur de 85000 FCFA. La
souscription à ce produit se fait dans n'importe quelle gare
routière. Pour en bénéficier, il suffit d'acheter avant
chaque voyage le bon de voyageur à 100FCFA matérialisé par
le document 1
Document 1 : Bon du voyageur «PROMO SECOURS AUX
VOYAGEURS»
Toutes ces mesures de secours en cas d'accident sont presque
ignorées au niveau des minibus qui sont spécialisés dans
les surcharges. En effet, l'un des maux dont souffre le transport routier au
Togo est le problème de surcharge. Que ce soit les conducteurs de
taxis-motos ou de voitures (tous poids confondus), les conducteurs ont pris
cette mauvaise habitude de surcharger leur engin. Circuler avec trois personnes
sur une moto, avoir 7 à 8 personnes dans un taxi de cinq places est
devenu monnaie courante sur les
78
routes. La manière dont les surcharges se font laisse
à désirer. C'est devenu un phénomène qui a pris de
l'ampleur car il se pratique au vu et au su des syndicalistes et même des
forces de sécurité qui se laissent corrompre. « Dans un
minibus de 9 places, nous sommes 14 personnes à bord, en direction de la
ville de Lomé. Chemin faisant, deux autres passagers viennent s'ajouter
avec chacun, un enfant de 7 à 9 ans qu'ils portent sur les genoux. Nous
nous retrouvons chacun assis sur une fesse, les pieds immobilisés. Les
lamentations des uns et des autres ne dissuadent point le chauffeur qui, avec
un sang froid, a continué paisiblement son trajet », raconte
un usager lors de notre enquête. Tout se passe comme si les surcharges ne
sont plus contrôlées, ni punies par les forces de
sécurité. Les minibus sont considérés comme pleins
s'ils ont 19 personnes à bord. La situation est pire dans les zones
rurales où même le capot et la toiture sont susceptibles
d'être occupées par les passagers.
Interrogés sur cette question, les conducteurs
expliquent en ces termes ce qui suit : « Notre métier n'est
plus bénéfique car nous payons beaucoup de taxes
parallèles. En plus de ce que nous dépensons à nos postes
de contrôle, on est encore pillé par certaines forces de
sécurité. Alors pour combler le déficit, nous sommes
obligés de surcharger » (1). A en croire
certains, c'est un phénomène qui s'est érigé en
système. « Quand on est dans cette situation, on paie une
caution et le tour est joué. Il n'y a pas question de sanctions. Qui va
t'arrêter pour faute de surcharge ? Il suffit de glisser quelque chose
à la personne et tu es libre. Entre forces de sécurité et
nous, il n'y a pas de problème. Il faut te soumettre à la
règle. Chacun doit manger et on se comprend », ironise un des
conducteurs.
Les gros camions sont souvent chargés sans un
contrôle adéquat du poids qu'ils doivent supporter. C'est le cas
souvent au PAL (Port Autonome de Lomé) où ces camions sont
surchargés et ont toutes les peines du monde à rouler. Les
tournants et les fossés de la faille d'Alédjo et de la zone de
Défalé ne leur facilitent pas le trajet. En plus de cela, ils
endommagent les routes qui sont déjà dans un état peu
enviable. Ce comportement des conducteurs, couplé de la largesse dont
les autorités font preuve sur les différents axes routiers sont
à l'origine de plusieurs accidents de circulation. Le
(1) Entretien du 28 juillet 2009 avec les
chauffeurs de la gare routière de Kara Sud
79
dernier en date est le drame qui s'est produit à
Togblékopé où les 19 passagers à bord du minibus de
15 places ont perdu leur vie.
Que ce soit les forces de sécurité, les
douaniers, les syndicalistes, tous se complaisent dans cette anomalie puisque
chacun y tire son profit et la vie du passager n'est point
considérée.
Il urge que les institutions concernées planchent
davantage sur ce fléau qui fait perdre beaucoup de vies humaines.