Les multiples déplacements des hommes
nécessitent une bonne structuration de l'espace par la mise en place des
systèmes de transport. Ces systèmes de transport se sont
modernisés et se sont perfectionnés suivant les progrès
techniques et scientifiques, répondant ainsi aux besoins et aux
exigences des économies. L'évolution des infrastructures et
surtout des moyens de transport a été impressionnante dans le
monde développé. Les faits historiques, les régimes
politiques et économiques, ont permis la mise sur pied des divers
réseaux et moyens de communication expliquant la variété
des modes de transport dans ce monde. Pour WOLKOWITSCH M., (1982), «
la diversité des équipements correspond au degré
d'aptitude des sociétés humaines à mettre leur territoire
en valeur ». La dynamique de l'économie actuelle est le fruit
d'une révolution des transports qui a eu lieu entre le
XVIIIème et le XIXème siècle dans
les pays les plus développés d'aujourd'hui. Il faut
reconnaître que là où les moyens de transport n'existent
pas ou sont défaillants, les activités économiques sont
aussi bloquées au stade de subsistance et d'autoconsommation ; ce qui
empêche de profiter des avantages offerts par la division du travail et
de la spécialisation.
Dans cette même optique, SEGBOR K.P., (1991), dans son
article « Transport et développement au Togo : approche
géographique » affirme que « les Transports
constituent des phénomènes géographiques dont la plus ou
moins bonne organisation permet de se faire une idée de
l'économie d'une région ».
Les pays en voie de développement et
particulièrement ceux de l'Afrique n'ont pas connu ce genre de
progrès. C'est seulement la route et ses moyens de transport qui ont
été développés pour des raisons
d'intérêt économique colonial.
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Aujourd'hui, dans bon nombre de pays en développement,
la voiture est le moyen qui assure en grande partie le transport des personnes
et des marchandises sur moyenne et longue distance. Face à la croissance
démographique à laquelle s'associe la faiblesse des revenus
financiers pour disposer de voitures personnelles, les Etats en
développement ont promu le transport collectif pour répondre
à la demande sans cesse croissante des déplacements de leurs
populations.
Dans certains pays africains tels que la Côte d'Ivoire,
le Burkina Faso, le Mali, etc...., ce mode de transport existe
déjà pour le transport longue distance avec une capacité
de charge variant entre 25 et 70 places.
Ce mode de transport crée également une
dynamique et une reconfiguration des espaces dans lesquels il assure les
liaisons. Il contribue en une part importante dans l'économie des pays
de par les taxes, les impôts et les rémunérations qu'il
procure aux acteurs qui y travaillent.
Au Togo, ces moyens de transport collectif communément
appelés bus ou autocars n'ont pas été vite
intégrés au circuit comme cela a été le cas dans
certains pays de la sous région. Arrivés principalement en
début des années 2000, ces bus, gérés par des
compagnies privées, vont très vite ouvrir un lien entre le nord
et le sud du pays en reliant quotidiennement Lomé et Kara. En effet, 18
ans après l'indépendance du Togo, le parc automobile était
évalué pour l'ensemble du pays à 22000 véhicules
légers, 7000 camionnettes, 150 autocars, 4000 camions, des
véhicules spéciaux et des tracteurs ; (Atlas du Togo, 1981). La
surprise a été de constater qu'à la fin des années
90, aucun autocar ne sillonnait les routes du pays sauf au sud et
particulièrement à Lomé où on pouvait rencontrer
des autocars ghanéens, burkinabés, maliens ou encore des bus de
l'Université de Lomé.
Selon des travaux réalisés sur Kara, le parc
automobile de la préfecture de la Kozah s'évaluait, au cours de
l'année 2000, à cent quarante sept (147) véhicules
affectés au transport en commun interurbain, dont seulement dix et neuf
(19) pour l'axe Kara-Lomé. Il a été débarqué
à la gare routière de Kara-sud et à la gare
routière du grand marché, au cours de la période du 10
juillet au 18 Août de cette même année, plus de 14000
passagers, soit une moyenne journalière de 350. Chaque véhicule
de transport en commun (taxi brousse ou minibus) charge en moyenne 18 passagers
au lieu de 15 que
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doit contenir le véhicule, (BILANTE B, 2001). Face
à ces chiffres, il est à remarquer l'importance de la demande par
rapport à l'offre.
En effet, pendant longtemps la population de Kara a eu du mal
à se rendre facilement et aisément à Lomé ;
tellement les minibus étaient insuffisants qu'il fallait attendre des
heures, avant de se faire embarquer.
Dans la préfecture de la Kozah et
particulièrement dans la commune de Kara, ces nouvelles compagnies de
transport interurbain ont stimulé l'éclosion d'une nouvelle forme
d'économie se remarquant par des changements socio-économiques
notables dans la vie des hommes. Au-delà de la simple fonction de faire
voyager sur Lomé tout passager qui sollicite leurs services, les
nouvelles compagnies de transport interurbain ont comblé les attentes
des populations de par leurs prestations de qualité et par les
changements observés dans les activités socio-économiques
de la commune.
Notre thème intitulé « les nouvelles
compagnies de transport interurbain à Kara » porte
précisément sur l'importance de ces compagnies dans la commune de
Kara et partant de là, le degré de satisfaction observée
chez les usagers autrefois contraints à se faire embarquer dans les
taxis brousse et minibus, dans des conditions déplorables. De ce
problème de recherche découlent un certain nombre de questions
secondaires qui sous-tendent notre problématique :
- D'abord, quel est l'état des lieux du système
de transport interurbain à Kara ?
- Dans quelles circonstances ces nouvelles compagnies
ont-elles fait leur apparition à Kara ?
- Quel est le profil des passagers qui les utilisent ?
- Quel est l'impact des ces nouvelles compagnies sur la vie
socio-économique des populations ?
- Quelles relations entretiennent-elles avec les transports
en commun existants ?
Voilà autant de questions que soulève notre
sujet et dont nous trouverons des approches de solutions dans ce
mémoire.