III.2.3 Comportement alimentaire
L'activité alimentaire est plus intense dans la
matinée, plus encore après la pluie, elles profitent certainement
en plus de la sève de Euphorbia balsemifera, des herbes grasses
et de feuilles fraîches pour satisfaire leur besoin en eau à
l'absence de citrouille sauvage (Citrullus colocynthis) dont la
présence n'a pas été notée dans la réserve
et habituellement utilisée pour celui-ci. D'où leur
présence marquée sous le boisement3 prélevant
de l'herbe mais surtout des jeunes feuilles d'acacia et d'autres arbustes
accessibles lorsqu'elles arrivent à se tenir sur leurs pattes
arrière. Elle a un régime mixte qui fut déjà
observé par Le Berre (1990) qui la qualifiait d'être à la
fois un brouteur-paisseur, avec une préférence pour les feuilles,
en particulier d'acacias et son aire de distribution serait
inféodée à ce genre botanique. Aux heures chaudes et en
soirée, elles s'alimentaient moins vue que l'herbe perdait de sa
fraicheur, donc plus souvent observer au repos : soit couchées, soit
immobiles mais sur les quatre pattes sous un houppier ou sur le plateau
probablement pour la rumination. Cette période peut être mise
à profit pour les inventaires.
III.2.4 Facteurs d'influences et de menaces sur la
faune
Toutes les populations changent de taille au cours du temps
(augmente ou diminue). Ce changement de la taille d'une population
dépend du nombre de naissances et de décès dans celle-ci.
Elle augmente chaque fois que le cumul des naissances est supérieur au
nombre de décès, pour une population fermée. Le tout
étant lié au caractère contraignant du milieu et aux
relations milieu-population. Les perturbations subies par cette population ne
sont certainement pas sans effets. La capture des individus devrait
obéir à des procédés tenant compte des relations
sociales au sein de la population. Le fait de capturer les individus par
rabattage, donc de manière aléatoire pourrait déstabiliser
la structure même de la population et entrainer des adaptations et
associations nouvelles qui sont certainement longue à se mettre en
place. De plus dans un milieu qui n'est pas de toute stabilité. D'une
part la régénération du couvert végétal
contribue à la régression des habitats disponibles qui s'exerce
à travers la prolifération du cactus Opuntia tuna et les
associations Euphorbia balsemifera-Commiphora africana qui forment des
«fourrés4». D'autre part, la
vétusté du grillage accroit l'intrusion humaine et celle du
bétail domestique en plus de celui
3 Boisement : Peuplements forestiers d'un biotope
donné.
4 Fourré: massif dense de
végétaux arbustifs dont le branchage des individus qui se
jouxtent est enchevêtré rendant sa pénétration
difficile.
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déjà présent dans la station. Cette
intrusion accentue la pression et la concurrence sur la faune car ils utilisent
les mêmes abreuvoirs, les mêmes ressources alimentaires et en plus
dégradent le couvert végétal au contraire des G. dama
mhorr qui assurent sa restauration par dissémination des graines
(Beudels-Jamar et al., 1998). Aussi, cette population étant
issue d'un petit nombre de colonisateurs d'un habitat inoccupé par
l'espèce peut perdre de la variabilité génétique du
simple fait du hasard, dans le processus de dérive
génétique : effet de fondation (Ricklefs et Miller, 2005). Nous
allons ici faire allusion à la consanguinité panmictique,
utilisée pour faire référence à la
probabilité non nulle que deux gènes d'un individu soient
identiques par descendance au sein d'une population panmictique de taille
finie, analysent Glémin, (2003); Leberg et Firmin, (2008) (Defazio,
2010). Etant liée à la baisse de l'effectif, la
possibilité de s'apparier avec un partenaire non-apparenté
devient inexistante au fil des générations et conduit à
une hausse de l'homozygotie. Niang (1990) s'inquiétait
déjà des relations parentales de plus en plus étroites
entre ces animaux, issus d'un petit groupe de reproducteur. Il entrevoyait la
consanguinité comme problème inhérent à cette
population. Elle est généralement plus importante dans un petit
effectif et sous des conditions stressantes comme une compétition intra
ou interspécifique élevée, charge parasitaire, privation
ou faible quantité de nourriture etc. Son coût est donc attendu
être moins sévère en captivité qu'en milieu naturel.
Plusieurs auteurs : Kempenaers et al.(1996) ; Laikre et
al.(1997); Eldridge et al.(1999) ; Whiteman et
al.(2006), la considèrent comme néfaste, principalement,
pour toutes les composantes de la survie et de la reproduction tels que la
longévité, la fécondité, la survie des stades
immatures, la résistance aux maladies etc. Son coût a
été quantifié et la reproduction entre parent-enfant ou
frère-soeurs a été considérée comme
augmentant d'environ 33% la mortalité juvénile (Defazio, 2010).
De manière générale la taille d'une population est
régie par des facteurs dépendants de la densité et, dans
certains cas, par des facteurs indépendants de la densité. Les
facteurs dépendants de la densité ont plus d'effet à
mesure que la densité de population augmente, à cause de
l'augmentation de la compétition intraspécifique,
interspécifique ou des maladies en l'absence de prédation. Etant
un système fermé donc espace et aliments en quantité
limitée : notion de capacité limite du milieu c'est-à-dire
le nombre maximal d'individus pouvant vivre dans un milieu donné. Nous
pouvons comprendre qu'il s'agissait peut être d'un effectif trop grand
qui avait été lâché. Toujours est-il que dans ce
genre d'écosystème et en général, les populations
atteignent un seuil de taille, s'y stabilisent et dès lors : nombre de
naissance = nombre décès.
Cet ensemble de facteurs constitue des menaces réelles
qui pèsent sur cette population et peuvent expliquer la situation
vieillissante de son effectif.
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