CONCLUSION
La cuvette de Gueumbeul est mondialement connue pour sa grande
richesse en variété ornithologique, importantes concentrations
d'avocettes et des flamants roses. Les deux bandes forestières
adjacentes à la cuvette constituent des parcelles de
végétation sahélienne mises en défens.
L'étude menée dans la RSFG nous permet de relever des faits
positifs et des faits négatifs inhérents à la
réserve et à l'espèce elle-même. De manière
générale, ces parties sont aptes à accueillir la faune
sahélienne menacée de disparation d'où sa vocation
d'être un centre d'acclimatation et de restauration de cette faune pour
une réintroduction en milieu naturel.
En ce qui concerne les résultats, l'activité
alimentaire ou d'alimentation est plus intense en matinée qu'en
soirée et l'effectif est estimé à treize individus. Cette
baisse de l'effectif reflète un certain nombre de pesanteurs
(consanguinité, réduction de l'espace exploitable, la
compétition interspécifique, la perte de quiétude...).
La structure d'âge montre une population vieillissante avec un taux
comparé mâles et femelles relativement équilibré. La
répartition spatiale de cette espèce semble influencée par
des facteurs «inaccessibilité» et «quiétude».
La zone la plus fréquentée est située au centre, loin de
la piste aménagée pour des visites, qui constitue la zone avec
une faible fréquentation. Ces résultats demandent dans
l'immédiat des mesures et un plan d'aménagement pour une gestion
durable des effectifs, de la faune et du site. Cette population est soumise
à des facteurs déjà identifiés comme à
l'origine de la réduction de son effectif mondial et l'entrainant vers
une extinction. Son statut pourrait être le suivant : EN A2c, B1a, bi
établi selon les catégories et critères de l'UICN 2001
(Version 3.1). Signifiant qu'elle est confrontée à un risque
d'extinction imminent à «l'état sauvage» (EN), est en
diminution passée de 35 à 13 individus en 9 ans soit une
réduction d'environ 63% de l'effectif, une réduction de l'aire
d'occupation (A2c) et une aire de fréquentation de 2,4 km2,
fragmentée et en diminution (B1a, bi). Dans la suite de ce programme de
réintroduction il convient de fixer la durée des
différentes étapes de l'élevage en captivité et de
les appliquer bien que cela ne soit pas facile à déterminer, vu
que les budgets alloués à cette politique ne cadrent pas toujours
avec les besoins. On pourrait se demander à la longue si nos Etats,
malgré cette volonté de participer au maintien d'une certaine
faune disposeraient toujours des moyens pour supporter les coûts de cette
politique.
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Recommandations et perspectives pour une gestion
durable
Au regard de la bibliographie sur la biologie de la
conservation et des observations faites nous faisons des suggestions suivantes
:
> Renforcer le suivi-évaluation des effectifs des
différentes espèces réintroduites et en particulier les
G. dama mhorr de préférence tous les ans et avant chaque
hivernage. Ainsi, visualiser l'évolution de la dynamique de cette
population;
> Poser une nouvelle clôture de grillage
galvanisé ;
> Surveiller des intrusions humaines et de divagation du
bétail ;
> Evaluer de la charge ou de la pression des herbivores
domestiques, les relations entre ceux-ci et les animaux de la réserve en
général, sur les plans écologiques et sanitaires ;
> Procéder au défrichage du cactus, des pieds
de Euphorbia, et aux éclaircies de certains ligneux;
> Renforcer cette population par l'apport d'individus
d'autres «population-puits», cela introduirait certainement une
variabilité génétique importante dans la population et
ainsi lutter contre la consanguinité ;
> Installer des postes d'observations à vue
panoramique sur l'ensemble du site pour éviter de perturber la
quiétude des animaux par des visites (touristiques) déjà
à l'origine de l'éloignement des animaux ;
> Accroitre du périmètre pour augmenter la
capacité de réception ;
> Réduire les apports d'eau et planter dans cette
partie des espèces végétales à forte teneur en eau
comme la citrouille sauvage Citrullus colocynthis ;
> Doter la station d'un laboratoire équipé
pour des besoins d'analyse et de recherche ;
> Renforcer les capacités des gestionnaires des
aires protégées, les techniciens et les éco gardes en
gestion de l'élevage en captivité et de l'écologie des
antilopes Sahélo-sahéliennes;
> Estimer la taille minimale de population viable, pour
laquelle une population a une probabilité de survie de 90% sur 100 ans
à partir du moment où elle atteint un certain seuil. Outil
proposé par Shaffer (1981) pour la gestion des petites populations
(Corson, 2004).
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