III.2 Discussion
III.2.1 Dynamique de la population
Du point de vue de la conservation et de la gestion, le
premier chiffre important pour une population est l'effectif (Rickleifs et
Miller, 2005) mais sa seule connaissance ne suffit pas à la
caractériser. Ainsi le sex-ratio et la structure d'âge de la
population sont des facteurs déterminants de sa dynamique. En effet, le
taux comparé entre mâles et femelles peut affecter le
succès reproductif, pour cela il doit être comme c'est le cas ici,
proche ou de 1 :1, qui définit la «stratégie
évolutive stable» c'est-à-dire la valeur d'équilibre
du sex-ratio, selon le principe de Fisher (Ricklefs et Miller, 2005). Dans ce
cas les individus des deux sexes participent équitablement à la
génération suivante, aucune pression de sélection pour le
modifier. En captivité, les naissances ont lieu toute l'année
donc une reproduction en continue et renouvellement de la population, ceci
montre la perte de la saisonnalité dans la reproduction
détectée chez cette population pour les huit premières
années après sa réintroduction à la RSFG (Jebali,
2008). En liberté, elles sont conditionnées, parmi tant d'autres
paramètres à la disponibilité abondante des ressources
alimentaires (Abaigar et al., 2009). La chute de l'effectif
notée à partir de fin 2003 résulterait du transfert et la
discontinuité des données est liée à l'absence de
suivi après lâchage dans un espace plus grand. La structure
actuelle montre une population en panne de renouvellement,
«vieillissante» avec plus de femelles. Etant donné que dans la
nature le rapport est de 2 ou 4 femelles par mâles (Niang, 1990), cet
écart observé peut entrainer des agressions
intraspécifiques entre mâles. La structure d'âge influe sur
l'accroissement d'une population, car les différents groupes d'âge
ont des capacités de reproduction et des probabilités de
mortalité différentes, d'où la différence entre les
deux sex-ratios. Le faible taux des jeunes ou des sub-adultes risque de
compromettre la viabilité de cette population. A noter que
l'évaluation numérique des populations d'antilopes par
observation directe est très difficile en raison de la
végétation et de la mobilité des animaux. Il est
pratiquement impossible de différencier les animaux observés
(reconnaissance individuelle). Une des expériences souvent citées
et qui démontre la complexité des comptages visuels est celle
d'Andersen (1953), qui étudia le tir total d'une population de 213
chevreuils, alors que forestiers et gardes-chasse expérimentés de
la région en avaient dénombré 70 (Blant, 1987). C'est
ainsi que l'estimation
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de l'effectif des antilopes vivant dans un secteur
géographique déterminé est le plus souvent exprimé
par des approximations du genre «beaucoup», «rare» ou
«rarissime» (Corson, 2004). En plus la distance de fuite est
estimée à plus de 150 mètres alors que Niang (1990)
l'estimait à 20 mètres en captivité cela montre une
réadaptation à l'état sauvage qui induit une
méfiance de la présence humaine. Cette situation pourrait
être liée à bon nombre de facteurs, présentés
dans la suite.
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