L'école et la violence. Analyse sémio- pragmatique de l'ONG IDI (Initiatives pour le Développement Intégral )en RDC( Télécharger le fichier original )par jean- Claude MUHINDO MATABARO Université catholique du Congo - 2012 |
2. ANALYSE DESCRIPTIVE DES ENONCIATIONS SCRIPTO-VISUELLES DES DISPOSITIFS SOCIO EDUCATIFS D'IDIDans cette analyse, nous focaliserons notre attention sur ces trois dispositifs socio-éducatifs - Dix mesures à observer par l'enseignant ; - Modules 5 & 6 sur les violences et discipline positives ; - Règlement d'une classe sans violence. 2.1. Les Dix mesures à observer par l'enseignant194(*)2.1.1. DescriptionLe dispositif dont il est question est composé d'une image et d'un texte. 2.1.1.1. L'imageAvant de décrire notre image, il s'avère indispensable de revenir sur cette notion. Nous le savons, toutes les images ne jouent pas le même rôle, les unes sont fonctionnelles, les autres sont des images de reconnaissance pour un groupe donné, etc. pour analyser l'image, il est important de situer les photographies dans l'ensemble des signes que l'on dénomme souvent, sans autre forme de distinction, « images ». Afin de pouvoir situer les images, nous recourons à la catégorisation des signes chez Peirce pour avoir un peu de lumière. En effet, Peirce distingue trois grandes catégories de signes : l'icône, l'index et le symbole195(*). Parmi ces catégories, Peirce situe l'image dans la mouvance des icônes. Il part du postulat selon lequel si l'icône est un type de signe spécifique, dont le signifiant a une relation d'analogie avec ce qu'il représente, alors, il convient de distinguer différents types d'analogies et donc différents types d'icônes. Il en propose trois : l'image, le diagramme et la métaphore196(*).
Dans la catégorie de l'image, il y a aussi deux sous catégories : les images matérielles et les images immatérielles197(*). Le concept d'image désigne , le plus souvent d'ailleurs des images visuelles fixées sur des supports comme papier, pellicule, etc.
Sans entrer dans le détail de cette nomenclature, notre visée va droit au but : l'image. Pour D. Peraya, l'image a quatre fonctions : la fonction de conviction, de désignation, d'apprentissage et la fonction vicariale198(*). De cela, il ressort que les images ont comme fonction informative et une fonction éducative.
Mais une question parait pertinente, comment les images parviennent elles à informer, à éduquer alors qu'elles sont polysémiques? En effet, R. Barthes associe polysémie et image. Mais cependant, pour ce dernier, la notion de polysémie est aussi présente dans le langage verbal199(*).
Selon les sémiologues, l'image est souvent considérée comme objective et polysémique200(*). Aujourd'hui, il est prouvé que l'image n'est ni vraie, ni fausse, puisqu'elle est entachée de subjectivité. Chaque photographe, en effet, saisit les scènes ou les objets à l'aide de ses schèmes culturels et de sa subjectivité. Lorsqu'il s'agit d'images commandées, elles porteront les traces de l'intentionnalité de leurs commanditaires. Des images neutres n'existeraient donc pas, tout comme il n'existerait pas d'image à valeur universelle201(*). L'image est rebelle aux codifications. L'image apparait comme le côté sauvage du système. Elle rôde comme une ombre inquiétante à la périphérie du code. C'est dire que l'image n'est jamais la même et que, par conséquent, elle se dérobe à l'ordre et au pouvoir202(*).
En effet, le sens de l'image n'est fixé par aucun code, il appartient à chacun de ceux qui la regardent. On note ainsi des variétés d'interprétation d'individu, voire pour une même personne203(*). Cela revient à dire qu'il n'existe pas de sens intrinsèque de l'image. L'image n'est pas porteuse d'un sens univoque. La bonne lecture pourrait élucider, et ferait du sémiologue le seul détenteur de l'interprétation légitime. La polysémie laisse supposer qu'une image visuelle comporte plusieurs informations et, à ce titre, peut générer des significations et des interprétations diverses204(*). C'est-à-dire l'image contient la plupart du temps plusieurs sèmes que l'on ne retient pas tous avec la même intensité. Joly et Metz soutiennent par ailleurs qu'en réalité, la polysémie n'est pas une spécificité de l'image, car ce n'est pas l'image qui est polysémique, mais le spectateur. Le terme polysémie désigne dès lors, la multiplicité des interprétations possibles liées à l'image. Autrement dit, la polysémie est due à la subjectivité des consommateurs d'image205(*) . Il nous semble que, des procédés existent en vue de réduire la polysémie d'une image. Parmi ces procédés, on souligne les procédés de la photographie (le cadrage, l'échelle de plans, l'éclairage, etc.). Un autre procédé consiste à accompagner l'image d'un texte ou d'une légende. Le texte, par rapport à l'image, exerce deux fonctions : celle d'ancrage et celle de relais206(*). L'image du dispositif « dix mesures à observer par l'enseignant » d'IDI est une image fixe. Elle constitue ici la première composante de la dimension visuelle de l'énonciation que nous allons examiner. L'image n'est pas ni une photo ni une caricature ni non plus une icône mais il s'agit d'un dessin. Alors que tous les dessins actuellement sont revendiqués par leurs auteurs, notre dessin n'a aucune signature. Il s'agit ici d'un dessin recopié à partir de la bande dessinée de IDI. Ce dessin est accompagné par trois textes sous forme de titres. En langage journalistique, nous pouvons penser directement au mécanisme pour élaborer une titraille. En effet, il y a un sur-titre : « la discipline positive » ; le titre : « dix mesures à observer par l'enseignant ». Ces deux éléments sont placés en haut de l'image. « Je renonce à la punition corporelle envers mes élèves »est pourrions-nous dire le sous-titre, il est en bas de l'image. Il s'agit ici d'un dessin qui ne renvoie pas à une image précise mais d'un dessin qu'on supposerait être celui d'un enseignant imaginaire. L'angle de prise de vue est de ¾ du visage. Notre plaquette est prise au plan américain. L'enseignant trousse les manches et jette son bâton. On a l'impression qu'il parle parce que la phrase « je renonce à la punition corporelle envers mes élèves » sort de sa bouche. Sa position est debout, on a l'impression qu'il se trouve dans une salle de classe mais rien ne le prouve parce qu' aucun élément ne le montre, aucune fenêtre, aucun tableau noir, aucune table, seulement une porte de l'entrée. On a l'impression que le bâton a été jeté avec la main gauche puis que c'est la main qui a l'action tandis que la main droite est inactive et immobile. L'enseignant porte une chemise rouge et un pantalon bleu. Son bâton jeté est de couleur presque chocolat (kaki). Il s'agit bel est bien d'un bâton sec d'un bois mort. Le titre encadré et est en vert ainsi que le sous titre alors que le sur-titre en bleu nage dans la couleur blanche. * 194 Cf. ANNEXE I * 195 Cf. PEIRCE Cité par G. TSHILOMBO, op.cit., p.97. * 196 Ibid.,p.98. * 197 Cf. G. TSHILOMBO, op.cit.,p.98. * 198 Cf. D. PERAYA, « Vers une théorie des paratextes : images mentales et images matérielles », dans recherches en communication, n°4, 1995, p.166. * 199 Cf. J.-P. MEUNIER, D. PERAYA, op.cit., p.218. * 200 Cf. G. TSHILOMBO, op.cit., p.102. * 201 Ibid., p.103. * 202 Cf. P. PARION, op.cit., p.142. * 203 Cf. C. COLLARD, I. GIANNATTASION, et alii., Les images dans les bibliothèques, paris, Ed. du cercle de la librairie, 1995, p.29 * 204 Cf. G. TSHILOMBO, op.cit., p.103. * 205 Ibidem * 206 Ibid., p.104. |
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