L'école et la violence. Analyse sémio- pragmatique de l'ONG IDI (Initiatives pour le Développement Intégral )en RDC( Télécharger le fichier original )par jean- Claude MUHINDO MATABARO Université catholique du Congo - 2012 |
3.1.2. Violences scolaires
Le 29 octobre 2002, lors de la Journée Mondiale de la santé mentale (dont le thème était « Les conséquences des événements traumatisants et de la violence sur les enfants et les adolescents »), Mashako Mamba, alors ministre de la Santé en RDC, déplora que les adultes, surtout les enseignants, créent chaque jour un environnement de violence et de traumatisme sur les enfants. Selon lui, cela pousse ces derniers dans l'errance et il a notamment dit ceci : « de nos maisons, de nos églises, de nos écoles et autres milieux de travail, nous envoyons des milliers d'enfants dans la rue». Aux enfants, il a demandé de revendiquer leurs droits, mais aussi d'éviter la violence, de ne pas copier les adultes pour ne pas la perpétuer à leur tour174(*). Deux autres aspects complètent le concept de la violence éducative ordinaire : l'exclusion des études des ayants droit et les conditions dans lesquelles les enfants étudient. Gratien Mokonzi Bambanota175(*) affirme que « l'une des manifestations de la déchéance du système éducatif congolais se remarque au niveau de son expansion quantitative. En effet, bien que le nombre d'élèves augmente d'année en année, l'importance de ce nombre par rapport à la population scolarisable, exprimée par le taux brut de scolarisation, diminue systématiquement. Au niveau de l'enseignement primaire, ce taux est passé de 76% en 1990 à 52% en 2001 » 176(*). En outre, il a été observé que le taux net de fréquentation scolaire augmente avec l'âge des enfants, allant de 55 % chez les enfants de 6 ans à 83 % chez les plus âgés de 11 ans. Entre 2001 et 2010, les taux de fréquentation scolaire du primaire ont augmenté, passant de 52 à 75 % dans l'ensemble, de 55 à 78 % chez les garçons et de 49 à 72 % chez les filles. L'indice de parité des sexes au niveau primaire est de 0,93 filles pour 1 garçon177(*). C'est dans ce cadre que C-Change en collaboration avec IDI a initié un projet pilote pour prévenir et lutter contre les violences en milieu scolaire en prenant comme groupe cible les élèves de 5ème et 6ème primaires et ceux de 1ère et 2ème secondaire. Ce projet, basé au Katanga, est exécuté par l'ONG Initiative pour le développement Intégral (IDI). Le projet sur les violences sexuelles et celles basées sur le genre en milieu scolaire a été initié suite aux plaintes des filles boursières sur la maltraitance et le harcèlement sexuel de la part de leurs enseignants dont elles sont victimes. La mise en oeuvre de ce projet exige au préalable une évaluation initiale de ce phénomène pour identifier la nature et l'ampleur de la violence qui s'exerce contre les enfants en milieu scolaire. Cette étude permettra aussi aux responsables du projet de mieux comprendre les facteurs sociaux et environnementaux qui favorisent l'augmentation de la violence dans ce milieu et les pistes de solutions pour rendre ce milieu sans violence et accueillant pour les enfants. Comment corriger un tel phénomène qui prend de l'ampleur inquiétant ? Comment éradiquer ce fléau sociétal dans l'imaginaire congolais ? En effet, le gouvernement, les organismes tant nationaux qu'internationaux ainsi que les membres de la société civile ont dénoncé et condamné le mal. Cependant, en se penchant trop à la question, ils n'ont fait que s'attaquer aux effets alors qu'il faut plutôt s'attaquer aux causes. * 174 Article de Kamandji G., « Le Phare » 30/10/2002, Kinshasa RDC * 175 Professeur à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'Université de Kisangani * 176 « Les exclus de l'école congolaise », cf. CODHOD, C-CHANGE, op.cit., p.19. * 177 « Enquête nationale sur la situation des enfants et des femmes (MICS2/2010) », UNICEF, 2011, Kinshasa. |
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