L'école et la violence. Analyse sémio- pragmatique de l'ONG IDI (Initiatives pour le Développement Intégral )en RDC( Télécharger le fichier original )par jean- Claude MUHINDO MATABARO Université catholique du Congo - 2012 |
Liste des abréviations, sigles et acronymesAED : Academy for Educational Development ASBL : Association sans but lucratif ASF : Association pour la Santé Familiale BD : Bande dessinée Cf. . : Confer CCC : Communication pour le changement de Comportement C-CHANGE : Communication for change CCSC : Communication pour le Changement Social et comportemental CODHOD : Comité des droits de l'homme et développement C.S. : Communications sociales Dir : Direction Ed : Edition Eds : Enquête Démographie - Santé EPSP : Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel F : Fille F.C.K. : Facultés catholiques de Kinshasa FHI 360 : Family Health International G : Garçon Ibid. : Ibidem Id. : Idem IDI : Initiatives pour le Développement Intégral IOV : Indicateurs Objectivement vérifiables Nbr : Nombre Kin : Kinshasa N° : Numéro NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de Communication OCB : Organisation Communautaire de Base OIVS : Observatoire International de la violence scolaire ONG : Organisation Non Gouvernementale ONU : Organisation des Nations Unies ONUSIDA : Organisation des Nations Unies pour le Sida P. : Page RDC : République Démocratique du Congo RACS : Revue Africaine de Communications Sociales SGVB : Violences Basées sur le Genre en milieux scolaires UCC : Université Catholique du Congo USAID : Agence Américaine pour le Développement Internationale WWW : World Wide Web VIH/SIDA : Virus de l'Immuno - Déficience Humaine / Syndrome Immuno - Déficience Acquise Vol. : Volume VGB : Violence basée sur le genre T. : Tome Liste des tableaux et graphiqueIntroduction générale0.1. Objet et problématiqueLa présente étude porte sur « l'école et la violence. L'analyse sémio-pragmatique des dispositifs socio-éducatifs de l'ONG IDI ». En effet, depuis déjà une décennie, cette IDI travaille en partenariat d'une part avec les associations internationales et d'autre part avec les secteurs éducatifs et plus particulièrement les écoles afin de promouvoir l'éducation de base et surtout lutter contre les violences scolaires et les violences liées au genre. Alors qu'en Occident le problème de violences scolaires apparait au grand jour et fait débat, en Afrique et en particulier en RDC ce phénomène n'est pas assez préoccupant bien qu'il soit subi par les élèves et devient un calvaire journalier. L'on constate que dans bien des écoles, à longueur de journées, les apprenants sont victimes de leurs enseignants. Le recensement empirique de ces violences infligées par les enseignants aux élèves est parlant : tirer les oreilles, gifler, tirer les cheveux, appliquer les coups de règle sur les doigts, donner des fessés, se placer au coin de la classe, se mettre à genou, être enfermer dans une armoire, etc. Et pourtant, il y a moyen de former et d'éduquer sans constamment recourir à ces pratiques rétrogrades du système de l'éducation traditionnelle dite de la « méthode forte », modèle ancestral du « père fouettard »1(*)qui parait être inefficace de nos jours dans le processus éducatif. Les ONG tant internationales que nationales oeuvrant en RDC n'hésitent pas d'aller dans le secteur éducatif afin de corriger ces pratiques inhumaines et inciter les enseignants à recourir à la nouvelle méthode d'enseignement dite « discipline positive » pour transmettre les connaissances. Cette nouvelle méthode est celle qui est basée sur les idéaux de droits humains. Pour ces nouveaux acteurs, l'école reste et demeure comme l'instance première de diffusion des savoirs et de la culture. L'école reste et restera selon les mots d'E. Durkheim, « le premier outil de socialisation ». L'école doit demeurer l'« antichambre de l'espace public, un intense lieu de communication »2(*). A l'heure d'aujourd'hui, ces nouveaux partenaires des écoles contribuent à la mission éducative de cette institution3(*). Ces ONG apportent la plus-value dans le secteur éducatif grâce à une « ingénierie » positive de formation et de pédagogie. OEuvres des personnes non inscrites dans les cursus validants de formation, ces ONG pourtant se battent pour assainir l'environnement éducatif et les outils médiatiques qu'elles mettent en oeuvre pour favoriser les apprentissages sont quasiment assimilables aux divers réseaux alternatifs de distribution ou d'échanges des connaissances4(*). Ces nouveaux objets ont plus souvent été intégrés comme de nouveaux contenus, de nouveaux dispositifs pédagogiques ou de nouvelles pratiques d'acquérir5(*). Il s'agit dès lors de la naissance d'une « nouvelle écologie éducative »6(*). Au fait, avec ces outils socio-éducatifs, on peut dire sans se tromper qu'il y a désormais l'émergence de la communication socio-éducative dans le secteur scolaire. Il est vrai, on le sait, la nécessité de communiquer les contenus de problèmes sociaux à travers un média, à l'aide d'un dispositif technologique possédant ses propres opérations techniques et ses modes de représentation symbolique, a fait apparaitre toute l'épaisseur du média, ses contraintes et la façon dont il détermine les contenus, les usages et finalement le sens même du message. L'ONG IDI comme les autres acteurs sociaux recourent justement aux outils médiatiques plus particulièrement aux dispositifs socio-éducatifs afin de lutter et combattre avec la plus grande fermeté toutes les formes de violences perpétrées à l'école. Ces outils qui favorisent l'apprentissage sont actuellement au coeur de tous les débats sur les transformations de l'éducation. Pour P. Moeglin, « les outils médiatiques éducationnels ont des enjeux culturels, pédagogiques, communicationnels, sociaux et éducationnels importants »7(*). Tout en bouleversant le schéma traditionnel du rapport maître-élève, ils participent à reconfigurer les espaces de formation, et du coup, ils contribuent à produire de nouveaux rapports au savoir et à l'apprentissage8(*). L'on constate curieusement que « ces médiations sémiotiques »9(*) sont introduites dans l'univers scolaire non par les professionnels des médias ni par les professionnels de l'éducation mais plutôt par les acteurs de la société civile. M. Poncelet affirme sans se tromper qu' « A la croisée de l'action publique, de l'aide internationale, ces nouveaux notables (ou reconvertis) assurent désormais une fonction importante en matière de (re)production et de connections globales des élites »10(*). Or, lorsque l'on essaie d'analyser les dispositifs proposés actuellement dans les contextes institutionnels de formation, nombre d'entre eux tendent à reproduire des pratiques que l'on pourrait qualifier de « traditionnels ». L'on en vient à dire par ailleurs, que ces moyens de transmission du savoir, ces outils pour apprendre sont diversifiés, hétérogènes, confus et diffus. Ils participent comme les autres produits à des mouvements d'industrialisation, de marchandisation. Ils participent à des tendances de massification, individualisation, autonomisation, collaboration11(*). A ce stade, l'exigence herméneutique nous met en demeure de nous poser la question suivante : dans quelle mesure ces dispositifs socio-éducatifs innovants peuvent-ils conduire à un enrichissement de l'offre de d'éducation pour les problèmes sociaux en général et en matière de violences scolaires en particulier? Cette question centrale appelle une série de questions connexes: les outils socio-éducatifs qu'utilise l'ONG IDI sont-ils pertinents pour communiquer efficacement les savoirs informels comme on le fait pour les savoirs formels et ainsi aider tous les acteurs scolaires à adopter un comportement responsable face à la violence? Ces outils permettent-ils aux enseignants ainsi qu'aux apprenants d'opter pour une « discipline positive » et ainsi participer à créer un environnement sécurisé à l'école ? En quoi ces outils peuvent-ils être considérés comme des médias ou dispositifs socio- éducatifs ? * 1 VIVET P., FEFRANCE B., Violences scolaires. Les enfants victimes de violence à l'école, Paris, Syros, 2000, p.18. * 2 D. BOUGNOUX, Introduction aux sciences de la communication, Paris, La Découverte, 2001, p.13. * 3 D. ZAY, Enseignants et partenaires de l'école. Démarches et instruments pour travailler ensemble, Bruxelles, De Boeck, 1999, p.15. * 4 D. BOUGNOUX, op.cit., p.13. * 5 F. RABATE, « De la communication aux médias : un repositionnement de l'appareil éducatif ? », dans Langue française, n°70, 1986, p.115 * 6 V. DAGDILELIS, S. ASLANIDOU, « La formation des enseignants grecs dans la nouvelle écologie éducative », dans Recherches en communication, n°31, 2009, p.120. * 7 Elucidé par E. LOMBARDO, Analyse communicationnelle des effets cognitifs d'un dispositif médiatisé. Le cas de la médiatisation d'un cours en images virtuelles immersif et interactif et ses impacts sur la mémoire explicite (Thèse de doctorat), Paris, Université du Sud Toulon-Var, 2007, p.29. * 8 B. ALBERO, « Pratiques d'apprentissage dans et hors institution. Une dialectique enfin possible dans les dispositifs émergents de formation », dans Recherches en communication, n°15, 2001, p.77. * 9 D. PERAYA, « Image(s) et cognition. Présentation du dossier », dans Recherches en communication, n°10, 1998, p.9. * 10 M. PONCELET, G. PIROTTE, alii, Les organisations non gouvernementales en villes africaines. Etudes de cas à Cotonou (Bénin) et à Lubumbashi (RDC), Bruxelles, Bruylant-Academia, 2006, p.13. * 11 Cf. G. JACQUINOT, « Les sciences de l'éducation et de la communication en dialogue : à propos des médias et de technologies éducatives », dans L'Année sociologique, vol.51, 2001/2, p.404. |
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