2.4 Etudes empiriques sur les pays en
développement et les pays africains
Mamingi (1993) travaille sur un échantillon de 58 pays
en développement2 sur la période 1970-1990 en
utilisant l'économétrie des séries temporelles.
Cet article contribue à la littérature en montrant
:
- Qu'en introduisant une tendance dans l'équation de
base de FH, les résultats peuvent varier significativement ;
- Que les estimations de court et long terme de la
mobilité du capital peuvent être obtenues en utilisant la
cointégration et le modèle à correction d'erreur
2 Pour d'autres études sur les pays en voie de
développement y compris es pays africains, voir Montiel(1994), Haque et
Montiel(1990) et Dooley et al(1987)
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- Que l'utilisation des techniques robustes d'estimation comme
les FMOLS peuvent sous certaines conditions, atténuer l'étendue
de l'énigme soulevée par FH.
Pour montrer que l'introduction de la tendance dans
l'équation de base de FH, les résultats peuvent varier
significativement, l'auteur procède comme suit :
I t ?c?bS t ?dT?e t
En estimant l'équation de base de FH, il trouve qu'il y
a mobilité du capital dans 14 pays comme par exemple, le Togo, la
Sierra-Léone, la Mauritanie. La mobilité du capital est faible
dans 14 autres pays comme le Niger, le Ghana, le Burundi. Les autres pays sont
dans une position intermédiaire. Cependant, compte tenu d'un biais dans
l'équation de base due à l'omission de variables, les auteurs
introduisent une tendance. Il considère la variable temps comme
étant la plus importante variable omise.
L'estimation de la nouvelle équation montre que la
tendance déterministe est significativement différente de 0, dans
32 pays. Dans ces pays en question, 9 qui étaient
caractérisés par une mobilité imparfaite des capitaux sont
maintenant considérés comme ayant une parfaite mobilité
des capitaux.
Au total, en prenant en compte, les deux estimations, on
considère que 21 pays sont caractérisés par une parfaite
mobilité du capital, 8 par une absence de mobilité et les autres
par une mobilité imparfaite.
Cependant, compte tenu de l'autocorrélation des termes
d'erreur, du fait que l'épargne peut être endogène, du
biais d'échantillonnage, et du fait que la cointégration n'a pas
été encore étudiée, les résultats de
l'estimation des équations précédentes doivent être
considérés avec précaution.
L'auteur utilise la procédure de Engle et Granger, pour
estimer l'ECM. Les résultats du test ADF montrent que les séries
d'épargne et d'investissement sont toutes intégrées
d'ordre 1
sauf celles du Bénin et du Kenya. Les résultats
du test de cointégration montrent que la cointégration entre
l'épargne et l'investissement est acceptée pour tous les pays en
dehors du Bénin et du Kenya pour lesquels les séries
d'épargne et d'investissement étaient stationnaires.
Dès lors, les résultats des équations
précédentes sont considérées comme acceptables par
l'auteur tout en notant qu'une attention particulière doit être
portée aux problèmes précités. C'est pourquoi
Mamingi (1993) a recours au FMOLS et la méthode de Philips and Hansen
(1990).
Les résultats issus de ces méthodes sont
considérés comme les estimations correctes de long terme de la
mobilité du capital. On note qu'aucun degré de mobilité de
mobilité du capital n'est détecté dans 11 pays. Certains
pays qui étaient dans la catégorie de capitaux mobiles ne le sont
plus ; d'autres qui n'y étaient pas y sont à présent.
Ensuite, Mamingi (1993) examine la relation entre les
corrélations épargne-investissement issues de FMOLS et la taille
du pays par la méthode de corrélation de rang de Spearman. Ils
trouvent que cette relation est négative. Ainsi donc, contrairement
à nos attentes, plus le pays est grand, plus la relation
épargne-investissement est faible et plus les capitaux sont mobiles.
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L'auteur estime maintenant l'ECM. Pour cela, il fait un test
de causalité au sens de Engle-Granger. Il trouve que l'épargne
cause bien l'investissement et dans ce cas les deux premières
équations sont bien valides.
AI t =c+a3e t ? 1+?AS
t +u t
Les variables retardées ne sont pas introduites dans
l'ECM pour ne pas diminuer le degré de liberté.
Le coefficient de la force de rappel est négatif et
significativement différent de 0.
Ainsi donc les résultats montrent que les capitaux sont
mobiles à court-terme dans 29 pays, imparfaitement mobiles dans 5 pays
et immobiles dans 4 pays.
Bangake et al (2010) utilisent un échantillon de 37
pays africains sur la période 1970-2006.
Ils divisent l'échantillon en différents groupes
: les pays de la zone franc, les pays non-membres de la zone franc, les pays
producteurs de pétrole, les pays non producteurs de pétrole, les
pays de droit civil (francophones) et les pays de common law (anglo-saxons :
Namibie, Botswana, Afrique du Sud). Cette division s'explique par le fait que
certains pays partagent la même monnaie, et ont même formé
des unions économiques et monétaires ; la question est de savoir
à ce niveau si la monnaie commune est un facteur de mobilité du
capital en particulier dans la zone franc. D'autres pays sont producteurs de
pétrole ; de prime abord on peut penser que les pays producteurs de
pétrole attirent fortement les capitaux étrangers et donc les
capitaux devraient y être plus fortement mobiles mais une
vérification s'impose. Enfin , la question est de savoir si la nature de
la loi en place influence la mobilité du capital.
Après avoir accepté les hypothèses de
racine unitaire et de cointégration en panel , les auteurs estiment le
coefficient de rétention de l'épargne par les méthodes
FMOLS, DOLS et PMG (pooling mean group). Ils trouvent des coefficients
respectivement de 0.38, 0.58 et 0.36. Les résultats montrent en outre
que les capitaux sont plus mobiles dans les pays non producteurs de
pétrole que dans les producteurs ; la mobilité est plus
élevée dans les pays de common law par rapport aux pays de droit
civil. Les pays hors zone franc ont une mobilité du capital plus
élevée que les pays de la zone franc indiquant que la monnaie
commune n'est pas un facteur favorisant la mobilité du capital en
Afrique.
Leur important apport est l'utilisation de l'estimateur PMG
(Pooled Mean Group) qui a été introduit par Pesaran et al (1999).
Cet estimateur impose une contrainte d'égalité aux coefficients
de long terme, mais permet aux coefficients de court-terme et aux variances
d'erreurs d'être différents dans les groupes.
Ces études ont montré que les pays en
développement d'une part et les pays africains d'autre part, sont
financièrement intégrés, certains l'étant plus que
d'autres.
Qu'en est-il de l'intégration financière dans la
zone OEA ?
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