2. Revue de la littérature
L'étude de Feldstein et Horioka (1980) a eu une forte
résonnance dans le milieu des économistes. De ce fait
différentes études furent menées pour apporter des
explications à la forte corrélation
épargne-investissement. En outre à l'opposé de Feldstein
et Horioka (FH) qui ont utilisé les coupes périodiques dans leur
étude, différentes méthodes économétriques
furent appliquées au paradoxe, certaines corrigeant le biais
d'autres.
2.1. Présentation du paradoxe de FH et de leur
étude
Selon FH (1980) dans leur article fondateur, lorsque les
capitaux sont parfaitement mobiles, l'épargne et l'investissement
domestiques doivent être décorrélés. En effet
l'épargne doit répondre aux opportunités d'investissement
au niveau international et réciproquement, c'est-à-dire que
l'investissement domestique doit être financé par l'épargne
étrangère.
FH dans leur étude travaille en coupes
instantanées sur un échantillon de 16 pays de l'OCDE et des
données annuelles brutes d'épargne et d'investissement sur une
période allant de 1960 à 1974.
Les résultats aboutissent à un coefficient de
rétention de l'épargne de 0.89. Ce coefficient est sensiblement
égal lorsqu'on divise la période d'étude en trois
sous-périodes de 5 ans. Les auteurs concluent alors à faible
niveau d'intégration financière. Pourtant, l'intégration
financière est considérée comme un acquis et la plupart
des auteurs font l'hypothèse de parfaite mobilité des capitaux,
dans leurs études.
Cela constitue le paradoxe de FH auquel différentes
études apporteront des explications.
2.2. Différentes explications du paradoxe de FH
Berdot et al (2003) et Apergis et al (2009) passent en revue
des explications données au paradoxe de FH. On peut relever comme
explications du paradoxe :
L'endogeneité et la simultanéité :
certains auteurs expliquent la forte corrélation entre l'épargne
et l'investissement comme le résultat de chocs et facteurs
exogènes comme des chocs de productivité, la croissance de la
population, et les réactions de politiques gouvernementales aux
déséquilibres extérieurs. Lorsqu'un gouvernement
mène des politiques telles que la diminution des dépenses
publiques ou l'augmentation des impôts pour résoudre un
déficit induit par une croissance de l'investissement, alors
l'épargne et l'investissement domestique seront corrélés.
Obsfeldt (1995) met en évidence le rôle d'une croissance
élevée de la population sur l'épargne et l'investissement
; en effet lorsque la population augmente les dépenses d'investissement
augmentent et il faut épargner pour faire fasse à ces
dépenses.
L'ouverture : d'autres auteurs ont mis l'accent sur la
présence de biens échangeables et non échangeables ;
Tésar (1991) montre que des chocs de demande et d'offre dans le secteur
des biens non échangeables génèrent des co-mouvements
entre l'épargne et l'investissement, dans un modèle incluant des
biens échangeables et non échangeables.
La contrainte d'équilibre de la balance courante :
selon cette approche, la forte corrélation entre l'épargne et
l'investissement serait due à la contrainte qu'ont les gouvernements
pour assurer l'équilibre la balance courante. En effet le fait que la
balance courante soit
![](Integration-financiere-dans-la-zone-CFA-une-approche--la-Fedlstein-Horioka11.png)
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stationnaire, implique la cointégration entre
l'épargne et l'investissement et donc le fait que leur
corrélation asymptotique soit l'unité. Autrement dit la
corrélation entre l'épargne et l'investissement serait due aux
contrôle de capitaux imposés par les gouvernements en cas de
déficit. Coakley et al (1996), en montrant que les séries
d'épargne et d'investissement sont intégrées d'ordre 1 ce
qui implique la stationnarité de la balance courante (en % du PIB),
concluent que la régression de Feldstein-Horioka ne mesure pas le
degré d'intégration financière, mais plutôt la
contrainte de solvabilité à long terme de la balance courante.
Préférence pour les titres domestiques : la
faible mobilité du capital serait due au degré d'aversion
élevé d'investir à l'étranger. En effet, c'est la
perception que les investisseurs nationaux ont de l'investissement
étranger qui explique en grande partie leur préférence
pour les titres nationaux. Feldstein(1994) attribue le faible niveau
d'intégration financière au biais de la préférence
pour les titres domestiques.
Taux d'intérêt international élevé
: cette approche développée notamment par Westphal(1983) montre
qu'un taux d'intérêt international élevé conduit
à une hausse du taux d'intérêt domestique qui favorise
l'épargne domestique et décourage l'investissement
intérieur. Il montre donc l'existence d'une relation négative
entre l'épargne et l'investissement qui tend à
détériorer la balance courante.
Questions politiques : Kisangani (2006), dans son étude
portant sur 37 pays africains, montre que le niveau d'intégration
financière est faible dans les pays qui ont connu des changements de
régimes politiques entre 1960 et 1998.
Parallèlement à ces explications, de nombreux
auteurs ont utilisé différentes méthodes
économétriques, les unes apportant des solutions aux
problèmes des autres, afin de mieux expliquer le paradoxe.
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