1. Introduction
La théorie néo-classique a toujours
défendu la libéralisation financière. Selon les
économistes de l'école néo-classique le mouvement de
libéralisation permet une meilleure allocation des ressources. En effet,
un pays qui manque d'épargne pour ses financements internes peut faire
appel aux ressources externes. En outre selon cette théorie, la
libéralisation financière permet une plus grande diversification
des placements et donc une atténuation des risques et aussi une
croissance plus accrue à travers l'augmentation des investissements et
de la production.
Dans les années 80, les institutions de Brettons Woods
prônent à grande échelle, la libéralisation et
l'intégration financière, comme facteur de croissance. Dans les
pays d'Afrique subsaharienne, cette libéralisation s'effectue à
travers les Programmes d'ajustement Structurels (PAS) élaborés
pour leur redressement. Ainsi, on constate partout dans le monde un vaste
mouvement de libéralisation et d'intégration
financière.
De nos jours, ce mouvement de libéralisation est
renforcé avec les accords l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Les
pays de la zone franc qui s'étaient lancés dans ce vaste
mouvement de libéralisation à travers les Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) et aujourd'hui au travers des différents accords de
l'OMC enregistrent toutefois toujours des performances médiocres en
termes de revenu par tête contrairement à des économies
émergentes comme l'Indonésie ou la Thaïlande. Ces pays ont
la particularité d'avoir une monnaie commune depuis les années
1950 et par la suite se sont lancés dans un processus
d'intégration économique (ouverture des frontières, tarifs
extérieurs communs,...) en formant des unions économiques et
monétaires. Il s'avère donc important d'étudier à
quel niveau se trouvent ces pays en matière d'intégration
financière.
Peu d'études économétriques ont
été effectuées sur les pays de la zone franc concernant ce
sujet. Ainsi, après plus de 20 ans d'intégration, pour ces pays
il n'est pas tôt de se pencher sur la question. Est-ce qu'il y a
réellement intégration financière au sein de cette zone
?
Selon Lee et al. (2002), l'intégration
financière favorise l'intégration monétaire et est un des
critères d'appartenance à zone monétaire. En effet, pour
ces pays qui ont déjà formé des unions monétaires,
il est très important de savoir leur degré d'intégration
financière d'autant plus que la OEDEAO (Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest) qui comprend l'UEMOA a un projet de constitution
d'une union monétaire.
Il existe plusieurs méthodes1 de mesure du
degré d'intégration financière : la mesure des flux bruts
de capitaux, la vérification de la parité des taux
d'intérêt couverte et non couverte, le test de l'autonomie
monétaire, l'approche de Feldstein et Horioka.
Nous nous intéressons dans cette étude à
cette dernière approche. Le choix de cette mesure macroéconomique
du degré d'intégration financière s'explique par la forte
résonnance qu'a eu l`étude de ces économistes en 1980 et
qui a donné lieu à de nombreuses controverses. C'est une approche
de l'intégration financière par la mobilité du capitaux.
Elle consiste à calculer le coefficient de corrélation entre
l'investissement et l'épargne. Celui-ci mesure le degré de
mobilité du capital et donc le degré d'intégration
financière Une forte corrélation
1 Voir Montiel(1993)
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équivaut à une faible mobilité du capital
et une faible corrélation à une forte mobilité du
capital.
En 1980, Martin Feldstein et Charles Horioka, montrent que
contrairement à ce que l'on pourrait croire il y a un faible niveau
d'intégration financière au niveau international. Cela constitue
l'une des six énigmes de la macroéconomie internationale, connu
sous le nom de paradoxe de Feldstein-Horioka (FH). Ce paradoxe met en
évidence que, malgré le vaste mouvement de libéralisation
et d'intégration financières et donc l'hypothèse de
parfaite mobilité des capitaux adoptée dans de nombreuses
études, le degré d'intégration financière est
faible sur un échantillon de 16 pays industrialisés.
Notre objectif est tout d'abord de faire un bilan des
différentes méthodes économétriques
appliquées au paradoxe de Feldstein-Horioka ; puis d'étudier le
degré d'intégration financière de la zone OEA à
travers certaines des méthodes précitées. L' apport de
cette étude réside dans l'utilisation de la variable de
gouvernance, pour capter son effet sur l'intégration financière
et du modèle à correction d'erreur pour connaître le
degré d'intégration financière sur le court terme.
A cette fin, notre étude s'articulera comme suit : dans
une seconde section, nous faisons une revue de la littérature des
différentes approches économétriques appliquées au
paradoxe de FH ; dans une troisième section, nous présentons les
données ainsi que quelques faits stylisés sur les pays de notre
échantillon ; la quatrième section présente les
différentes approches économétriques ainsi que nos
résultats. La cinquième section conclut.
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