II. 3. 2. Les cimetières paroissiaux
Avec la colonisation, les missionnaires venus au Burundi dans
le cadre de l'évangélisation ont bouleversé les pratiques
ancestrales trouvées sur place, sans oublier celles liées
à l'inhumation. Ils créent des cimetières tout autour des
postes de mission et des succursales avec la complicité de
l'autorité coloniale. Cela est à l'origine d'un
déplacement des sites funéraires passant de l'enclos ou des
alentours vers des
99. Enquête, Ntahondi, Rutana, juillet 2005
100. A.Vereycken, l'Administrateur de territoire Bururi,
Lettre n°840 / Cont. en réponse à la lettre n°1445
/Just. du 17.4.1954.
101. P..Ariès, L'homme devant la mort, Ed. du
Seuil, Paris, 1985, p.485
102. P. Ariès, op.cit., p.493
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cimetières communaux. L'ancienne pratique a toutefois
résisté farouchement, comme le constate en 1954, l'Administrateur
du territoire de Bubanza, J. FREZIN :
« En ce qui concerne les païens, les
indigènes continuent à enterrer leurs morts dans leurs ingo...
».103
L'implication du clergé dans la résolution de ce
problème semble effective comme l'illustre la lettre de l'Administrateur
de Territoire de Ngozi au Résident de l'Urundi, en date du 20 avril
1954:
"... la question soulevée par son Excellence
Monseigneur Martin devient d'actualité en ce qui concerne les Missions
de KATARA et de BUSIGA. J'ai déjà recherché la
possibilité de disposer d'un terrain libre dans le voisinage de ces deux
missions mais l'occupation très dense ne permet pas de trouver une
solution sauf par des expropriations." 104
C'est le début de l'enterrement en dehors des
propriétés familiales. Notons que les cimetières
paroissiaux ont l'avantage d'être entretenus contrairement aux
cimetières communaux généralement, laissés pour
compte. Ce sont des "villes" entières chez les habitants de l'autre
monde! En s'y promenant, on a l'impression que ceux qui sont morts gardent leur
statut d'hommes puissants. C'est à cause de cette importance à
laquelle on leur attache, que des richesses entières sont
consacrées dans l'aménagement des espaces d'inhumation. Mais le
constat général reste que les cimetières au Burundi n'ont
jamais été l'objet d'attention des pouvoirs publics en dehors de
la zone urbaine.
103. J. Frezin, Lettre au Résident de l'Urundi
n°636/Just., du 28 avril 1954.
104. Lettre de l'Administrateur de Territoire de Ngozi au
Résident de l'Urundi, du 20/4/1954, Archives nationales, Ngozi
B1/1950-1953, liasse1
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Photo n°1: cimetière paroissial
(cathédrale de Bujumbura)
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