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Mourir au Burundi: gestion de la mort et pratiques d'enterrement (de la période pré- coloniale à  nos jours )

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par Emmanuel NIBIZI
Université du Burundi - Licence en histoire 2005
  

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II. 3. LES TYPES DE CIMETIERE

On a eu l'occasion de le voir, l'art d'enterrer les morts a évolué à travers le temps. Aussi les lieux d'enterrement ont bougé dans l'espace.

II. 3. 1. Les sépultures familiales

On peut le rappeler ici, avant l'intrusion coloniale, les Burundais enterraient les leurs soit à l'intérieur de l'enclos soit dans les champs. Tout dépendait encore une fois du rang social de la personne morte, mais aussi des époques.

En effet, le père de famille était enterré dans le rugo, à l'endroit habituellement réservé au feu pour le bétail (igicaniro). La femme ou l'enfant étaient inhumés derrière

98 .Art. 6 de l'Ordonnance du G.G. du 4 septembre1909 telle que modifiée par Ord. n°336/J. du 29 octobre 1947.

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l'enclos. Les Burundais croyaient que le mari défunt, s'il est mis devant la maison, pouvait continuer à veiller sur le bétail et sur toute la famille.99 C'est aussi cet endroit caché qui rendait facile aux Barundi de "pratiquer le culte des ancêtres".100 Cela constitue le premier choix du site funéraire.

Le deuxième choix du lieu de conservation des morts portait sur les champs familiaux. Au décès d'un membre de la famille, le cadavre qui était enveloppé dans des nattes, était conservé dans la propriété familiale. Au-dessus de sa tombe, on y entassait un amas de pierres (igihongo c'amabuye). Il y a lieu de penser déjà que les mentalités sur les morts connaissaient une mutation due aux contacts avec les étrangers, surtout les colonisateurs. Une fois enterrés, les restes humains étaient considérés comme impurs et tout contact avec eux risquait de souiller les vivants.

Après, les cimetières familiaux localisés dans la propriété familiale, une nouvelle innovation s'observe. Des missionnaires nouvellement arrivés sur le sol burundais inventent une stratégie pour convertir les gens au catholicisme, ce qui supposait d'abord la chasse aux pratiques traditionnelles, rapidement jugées rétrogrades. Les cimetières sont désormais "soumis à une sorte de consécration (...), regardés comme des dépendances ecclésiastiques".101 Il s'agit alors d'"une cléricalisation des funérailles"102 mettant en vogue la sensibilité religieuse qui a entraîné la disparition du culte des ancêtres où les devins sont remplacés par des prêtres, si l'on prend le cas de chez nous. En outre, les espaces funéraires qui étaient localisés dans l'enclos familial furent aménagés dans les champs, avant d'être publics, réglementés et localisés loin des lieux d'habitation. Autrement dit, on passe des sépultures « anarchiques » des familles aux cimetières communaux organisés.

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