I.5.4.2. Autres formes de funérailles
Les funérailles des adultes morts sans avoir eu
d'enfants sont des rites qui montrent l'importance attachée à la
fécondité en Afrique en général et au Burundi en
particulier. Pour le Murundi, un être vivant n'a de valeur que s'il est
fécond. Son respect et son honneur sont tributaires du nombre d'enfants.
Aussi les funérailles des gens morts sans avoir donné la vie sera
sans honneur et imprégnées d'une pitié plus blessante
qu'une méchanceté ouverte.79
Dans les funérailles des morts sans communiquer la vie,
certaines pratiques sont délaissées. Dès qu'un homme ou
une femme de cette catégorie rend son dernier soupir, le premier geste
consiste à prendre une racine de ficus (umuvumu) et d'erythrine
(umurinzi ) liés ensemble et enveloppés dans un peu
d'herbes ou dans
un morceau de natte pris à l'endroit où le mort
avait l'habitude de s'asseoir pendant la réunion familiale
(ubwicaro) . On fait passer le paquet sur le corps du défunt,
puis à travers le feu du foyer ( iziko) sans le laisser
brûler, puis à travers la hutte ou la fenêtre, si c'est une
maison moderne.
Le paquet sera exposé sur la tombe, après
l'inhumation. Selon la signification donnée par Ndigiriye
Emile, la racine d'erythrine signifie la providence du défunt sur la
terre, celle du ficus l'espoir de ce monde, le morceau de natte, le
bonheur en famille. Le contact du paquet sur le corps du défunt aurait
pour but d'inviter l'esprit (muzimu ) de sortir du défunt et de
se joindre au paquet. Le passage du paquet à travers l'âtre ardent
viserait à brûler tous les espoirs de la terre et les souvenirs de
la famille, afin que le défunt soit libéré de tout souci
et entre chez les esprits (bazimu) sans arrière-pensée
de la vie qu'il a vécue sur la terre et dans sa famille.80
Vient le tour de mettre un charbon éteint dans ou sur
les organes génitaux du défunt pour qu'il emporte le triste
souvenir qu'il est éteint dans la famille: "yazimye". Cette
cérémonie est très humiliante. Il n'y a pas de pires
malédictions que de maudire un jeune homme ou une jeune fille en disant
" Uragatanwa ikara " ( que tu sois enterré avec du charbon
éteint). Le reste des funérailles se fait comme plus
haut.
Les funérailles des enfants revêtent un
caractère particulier. Pour un enfant qui a l'usage de la raison, mais
n'est pas encore arrivé à la puberté voici comment on
79.E. Ndigiriye, op.cit., p.263
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procède, dès qu'il expire, on lui ferme les yeux
comme on le fait à tous les mourants. Comme dans le cas
précédent, on prend deux racines, l'une de l'erythrine, l'autre
du ficus liées ensemble, dans un peu d'herbes prélevées
à celles de l'endroit où il avait l'habitude de s'asseoir en
famille. On promène le paquet sur le corps du défunt, puis on
fait passer le paquet à traverser le foyer en feu; on le reçoit
du côté opposé et on lui fait traverser les parois de la
hutte ou à travers la fenêtre jusqu'au dehors. Par après,
il sera exposé sur la tombe. La signification est la même que plus
haut: ne pas laisser partir le défunt avec les idées, les espoirs
et les souvenirs de la vie sur la terre et dans sa famille, ce qui ferait le
sujet d'une perpétuelle préoccupation d'esprit. Alors, on lui
remet ses objets religieux (amulettes,..). Ensuite, on l'enroule dans une
étoffe que sa mère portait. Nous ignorons la signification de ce
rite.
Pour les enfants à la mamelle, les funérailles
sont encore plus simples. Aussitôt que l'enfant expire, on lui ferme les
yeux. On l'enveloppe dans un des habits que portait sa mère, ou son
père s'il est orphelin de mère, ou sa tante, s'il est orphelin de
père et de mère.
On détache du berceau (ingovyi), les attaches
(imicisho) qui tenaient l'enfant à sa mère lorsque
celle-ci le portait sur le dos. Cette cérémonie, appelée
"guca umucisho", est poignante pour la mère qui comprend
qu'elle est séparée pour toujours de son enfant. Elle garde
encore le berceau pendant un certain temps à son oreille, pour garder
l'espoir qu'un jour elle aura un autre enfant. Puis elle le jettera, parce
qu'il est interdit de l'employer pour l'enfant suivant. L'inhumation se fait
comme pour les grandes personnes. Les garçons sont couchés sur le
côté droit et les filles sur le côté gauche.
Après les rites de funérailles, les choses ne devaient pas
s'arrêter là, il restait à faire le deuil.
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