3.2. Analyse des conditions de l'équilibre
financier
Dans la section qui précède, l'analyse de
l'équilibre financier du régime de la Caisse de Retraites du Togo
est faite individuellement sur chaque déterminant. Ces analyses ont
permis de vérifier la (ou la non) véracité des
hypothèses formulées. A présent, il est question
d'analyser les différentes possibilités d'obtention d'un
équilibre général.
3.2.1. Base théorique du modèle.
Les projections de tendances37 sont les
façons les plus simples de prendre en compte les implications des
évolutions démographiques sans se préoccuper de
l'hétérogénéité des
36 Caisse Nationale de la Sécurité
Sociale (CNSS), Guide de l'assuré social Togo, pp.12, 61-62.
37 Gaël Dupont et al, « Les
modèles de microsimulation dynamique dans l'analyse des réformes
des systèmes de retraites : une tentative de bilan »,
op.cit. pp. 8-10.
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situations individuelles ni du bouclage
macroéconomique, notamment l'effet de l'évolution des taux de
cotisation, des ratios de dépendance, du niveau des prestations sur la
dynamique économique. Il s'agit d'une approche approximative qui a une
visée principalement illustrative. On fait une hypothèse de
croissance dépendant de l'hypothèse de croissance de la
productivité et d'évolution du chômage et de la population
active. Un cadre économique général est ainsi
dressé à partir d'hypothèses sur l'évolution de
l'âge moyen effectif de départ à la retraite. On
déduit alors l'évolution du ratio de dépendance (rapport
entre le nombre de retraités et le nombre de travailleurs). Compte tenu
d'une hypothèse d'évolution du niveau de vie relatif entre
retraités et actifs occupés (et entre chômeurs et actifs
occupés), on en déduit la part des pensions de retraite (et des
prestations versées aux chômeurs) dans le PIB. Cela fournit une
évaluation simple de l'évolution du poids des retraites pesant
sur les actifs occupés due aux seuls changements
démographiques.
Les projections de tendance permettent néanmoins
d'aborder une formulation simplifiée de l'équilibre des finances
des régimes de retraites. Ce dernier s'écrit : (pension moyenne X
ratio de dépendance) = (taux de cotisation) X (salaire moyen). Le
salaire moyen considéré est le coût du travail (salaire
brut et cotisations patronales). Le taux de cotisation défini ici est un
taux apparent. Il mesure le ratio entre les cotisations sociales versées
et le coût du travail.
Appelons :
Tr : le taux de cotisation pour la retraite,
r : le ratio de dépendance,
ar : le taux de pension net c'est-à-dire le
rapport entre la pension moyenne nette et le salaire moyen net.
A chaque période, on a :
(Pension moyenne nette) = ar X (salaire net moyen). En
posant : pension moyenne nette = pension moyenne38 et Salaire net
moyen = salaire moyen x (1 - tr),
L'équilibre du système de retraites s'écrit
alors : arX (1-tr) X r = tr
Autrement dit : tr = (ar X r) / (1+
ar X r).
38 Cette égalité est
vérifiée pour le cas étudié car il n'y a pas
d'impôt sur la pension.
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Si (1-á) est la part des salaires dans la valeur
ajoutée, la part des retraites dans le PIB est : (1-á) X tr.
Avec cette relation simple (que l'on peut bien sûr
généraliser un peu, notamment, en prenant en compte d'autres
prestations sociales), on obtient la relation qui décrit la contrainte
comptable à chaque période. Elle montre les conséquences
de l'augmentation du ratio de dépendance (r) du fait du
vieillissement : soit le taux de cotisations augmente, soit l'âge de
départ augmente (r diminue), soit la pension moyenne relative (ar)
diminue.
Cette approche ne décrit pas la réalité
institutionnelle. Elle ne permet pas de prendre en compte la diversité
des situations présentes et futures. Cependant, elle a deux grands
avantages. Le premier est sa simplicité. Le second est qu'elle permet
d'aborder la question des retraites de façon globale et de poser la
problématique essentielle de la répercussion du vieillissement
démographique sur le niveau de vie des actifs et des retraités.
Plus précisément, elle permet de s'extraire d'un débat
purement technique et institutionnel sur les réformes des régimes
et d'évaluer le « triangle des contraintes » du système
de retraite par répartition : le vieillissement se traduira
nécessairement par une augmentation des cotisations sociales et/ou une
diminution du niveau de vie relatif des retraités et/ou un recul de
l'âge de départ à la retraite. La question du choix social
devient effective lorsque l'ampleur des évolutions est chiffrée.
C'est ce que permet cette approche. En France, le Conseil d'Orientation des
Retraites (COR) estime par exemple que le maintien du rapport entre la pension
moyenne nette et le salaire moyen net à son niveau actuel (78 %) suppose
une augmentation du taux de cotisation de 15 points (par rapport au salaire
brut). Pour maintenir ce ratio sans augmenter les cotisations, l'âge de
départ à la retraite doit augmenter de 9 ans.
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