2.1.1..2. La phase de croissance et de maturation
A ce stade d'évolution, les régimes de retraites
tendent vers un équilibre financier. Les excédents
accumulés au cours de la phase de jeunesse servent à supporter
les charges des premières générations de retraités.
En effet, dans cette seconde phase, le rapport « cotisants /
retraités » reste relativement élevé, cependant
à un niveau inférieur à celui de la première phase.
Les premières générations de travailleurs -
génération fondatrice du régime, spécialement ceux
qui avaient un âge compris entre 30 et 50 ans ont atteint l'âge de
la retraite et commencent par bénéficier de leurs pensions. Bien
que n'ayant pas cotisé durant toute leur vie active, ces
dernières reçoivent des transferts positifs plus importants que
la toute première génération de
bénéficiaires.
Contrairement à la phase de jeunesse, les taux de
cotisation augmentent rapidement au cours de cette phase de croissance. Bien
que cette élévation des taux de cotisations soit susceptible de
permettre un accroissement des ressources financières, les
excédents accumulés s'épongent progressivement du fait de
la lourdeur des charges : de plus en plus de personnes âgées
admises à la retraite ; pression exercée par celles-ci, non
seulement pour s'opposer à toute diminution des prestations à
leur endroit, mais surtout pour les maintenir à un niveau
élevé. Cette situation ajoutée à certains
départs précoces menacent la stabilité financière
à long terme de ces régimes, et les exposent à un
effondrement total.
2.1.1.3. Phase de maturité et effondrement du
régime
Ici, le système entre dans sa phase de vieillesse avec
plus de 40 ans d'existence. Les charges supportées par le régime
sont supérieures aux produits, entraînant ainsi un déficit.
La majorité des travailleurs assurés sont admis à la
retraite et donc, attendent à bénéficier des prestations
intégrales. Le rapport de soutien ne cesse de se
détériorer (moins de 6 actifs par âgés).
L'âge
16
moyen de la population augmente et le rapport «
travailleurs / retraités » devient de moins en moins important.
Dans certains pays parvenus à la fin de ce stade, on compte moins de
deux (2) travailleurs pour chaque retraité. Les taux de cotisation
augmentent et les pensions absorbent plus de 8% du PIE. Les caisses de
retraites sont souvent déficitaires. «Les charges sociales
augmentent, rendant la main-d'oeuvre beaucoup plus onéreuse, ce qui
encourage la fraude fiscale dans les pays où elle est possible»
estime l'économiste Robert Palacios (1997)19. Du fait de
l'intensification de la fraude et de la diminution des cotisations pour un
nouveau pensionné, les actifs commencent par s'inquiéter de leur
retraite à venir, de peur de ne bénéficier de
l'intégralité des rendements élevés comme ceux des
premières générations. Les pouvoirs publics sont parfois
amenés à «sacrifier» certaines charges sociales des
jeunes telles que l'éducation, pour couvrir les obligations de pensions.
Toute forme de mesure pour sauver le régime est entreprise, notamment la
lutte contre les départs précoces à la retraite. Mais
toute augmentation des taux de cotisation est perçue comme une
sévère sanction pour les actifs du fait de leur niveau
déjà jugé très élevé. Cependant, il
devient difficile à la fin de cette phase de trouver des moyens
efficaces pour éponger la dette. Là, certains pays se tournent
vers un nouveau système de privatisation dans lequel les contributions
des travailleurs sont investies dans de fonds de placement (actions et
obligations) soumis à une réglementation. C'est l'exemple du
Chili en 1981 qui a instauré un nouveau régime financé par
capitalisation et géré par le secteur privé, et
complété par un régime public financé par
prélèvement. La figure suivante montre un exemple type de
l'évolution d'un régime de retraites par répartition :
c'est celui du régime public Chilien.
19 M. Robert Palacios, entretien sur la
privatisation des régimes de retraite in Perspectives
économiques: Revue électronique de l'USIA, volume 2,
n°1, 1997.
17
Figure 2: Cycle de vie du régime public par
répartition Chilien de 1945 à 1971 Pourcentage
40
Ratio pensionnés / cotisants
30
20
Ratio démographique + 65 à 20-65
10
Excédent en numéraire en
pourcentage des recettes de la sécurité
-10
-20
-30
1945 1950 1955 1960 1965 1971
0
Source : Banque Mondiale, crise de vieillissement,
op.cit., p.44.
Tout au long de ce système, tandis que le rapport
démographique est resté presque constant (avec une tendance
à la hausse), les deux ratios : le rapport « pensionnés /
cotisants » et « l'excédant net (en numéraire) en
pourcentage des recettes de la sécurité sociale20
» ont évolué en sens inverse.
Dans ce pays, la première phase est marquée par
l'évolution des années 40 ; la seconde par les années 50 ;
et la troisième dans les années 60 jusqu'à l'effondrement
du système dans les années 70.
|