IV.2.2- Ethmalosa fimbriata
La réduction progressive de la taille des
ethmaloses de Sakar à Diana Malary pourrait traduire une migration
anadrome différentielle des classes d'âges d'aval en amont. Les
immatures pénétreraient plus en amont que les adultes dans
l'estuaire. Des résultats identiques ont été
trouvés par Albaret (1984) sur la Casamance et par Salzen (1958) sur
l'estuaire de Freetown. Albaret & Charles-Dominique (1982),
interprètent ce phénomène comme une stratégie
adaptative mise en oeuvre en réponse à la péjoration de
l'environnement. Mais les variations temporelles observées lors de cette
étude, avec des individus de plus grandes tailles en février
qu'en mai et octobre, traduiraient plutôt une migration vers l'amont des
basses classes d'âges en octobre, qui sous la contrainte que constitue de
la digue à leur passage, restent en aval pour atteindre de grandes
tailles en février et même y reproduire (femelles matures
rencontrées). Les individus de petites tailles capturés en mai
seraient la progéniture de ces femelles matures qui regagneraient les
milieux paraliques. Des observations identiques ont été faites
sur les ethmaloses de la lagune Ebrié par Gerlotto (1979).
Néanmoins l'existence de différence significative de la taille
des individus entre les mois avec de très petites tailles en mai
suggère un effet de la salinité sur la variation des classes de
tailles observée. De plus les très petites tailles des individus
à Diana Malary pourraient constituer une réponse au stress de
salinité et de température. Des auteurs ont évoqué
que l'ethmalose serait sensible à la péjoration de son
environnement (nanisme ou maturation précoce, Albaret &
Charles-Dominique, 1982).
IV.2.3- Elops lacerta
Malgré la différence significative
trouvée sur les tailles d'Elops lacerta entre Sakar et Maka
aval, les individus capturés sont immatures. Cette différence
spatio-temporelle s'expliquerait tout simplement par une
pénétration des juvéniles dans l'estuaire. Des
études ont montré que l'utilisation de l'estuaire est surtout le
fait de la phase larvaire (Hié Daré, 1982) et juvénile
(Baran, 1995). Ces immatures peuvent aller plus loin en amont de
l'estuaire
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(eau douce) et même y rester jusqu'à
certaines tailles pour ensuite retourner en mer pour les besoins de la
reproduction. Ceci recoupe les résultats d'Albaret (1987) sur la
Casamance, qui considère E. lacerta comme une espèce
amphibiotique exclusivement thalassotoque et à reproduction marine. Ces
observations expliquent les grandes classes de tailles rencontrées
à Maka aval par rapport à Sakar, car suite à l'obstacle
que constitue le barrage à leur passage, ces spécimens y restent
et y grandissent. Les différences temporelles qui existent, avec en
particulier des plus petites classes de tailles en février, situeraient
le début de cette entrée des juvéniles dans l'estuaire en
février et avant octobre. De même la variation de la
salinité pourrait avoir influencé également la
répartition des classes de tailles malgré l'instabilité de
cette espèce dans l'estuaire au vu de la différence significative
des tailles en fonction des mois.
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