I. Quelques acceptions de la prospective
Etymologiquement, le terme prospective dérive du verbe
latin prospicere qui signifie regarder au loin, discerner quelque
chose devant soi. Certains auteurs ont tenté de donner une
définition plus précise de la prospective.
Selon Charles WALEY (1986), la prospective est « une
tentative d'examen systématique des facteurs pouvant influencer l'avenir
et d'exploration des futurs possibles sur la base de l'interaction de ces
facteurs ».
THEODORE (1992) définit la prospective comme
étant l'exploration systématique de ce qui pourrait arriver...
Ceci inclut des approches objectives et subjectives. Pour lui, le but principal
de la prospective est d'anticiper les obstacles qui pourraient se dresser sur
le chemin, d'identifier et d'évaluer les différentes politiques
et stratégies, et d'illustrer les projets d'avenir qui peuvent
être atteints.
Quant à Michel GODET (1997), il appréhende la
prospective comme une « conspiration pour un futur voulu qui n'attend pas
le changement dans le double sens de la pré-activité (se
préparer à un changement attendu) et de la pro-activité
(provoquer un changement souhaité). C'est le désir, force
productive d'avenir ».
Ces travaux ont été financés par le
Projet REGE 8
Ces travaux ont été financés par le Projet
REGE 9
II. La prospective pour quoi faire ?
En 1957, le terme prospective a été
relancé par Gaston BERGER parce que la prévision devenait de plus
en plus assimilée à la prédiction. Il faut noter que la
prospective n'a rien à voir avec le fatalisme de la futurologie et de la
boule de cristal. Elle n'est pas non plus la prévision trop
marquée par la quantification systématique et par l'extrapolation
de tendances. De plus, elle n'envisage pas l'avenir dans le seul prolongement
du passé, mais considère également les actes
présents destinés à concrétiser des projets
futurs.
Au sein des sociétés modernes, deux grands
facteurs justifient l'anticipation :
y' de prime abord, il y a le sentiment de
l'accélération du changement tridimensionnel regroupant les
changements technique, économique et social qui nécessite une
vision à long terme car « plus on roule vite, plus les phares
doivent porter plus loin » dixit Gaston BERGER (1957) ;
y' en second lieu, les facteurs structurels et
comportementaux nous incombent de construire aujourd'hui pour habiter
demain.
Cependant, les mutations sont porteuses d'incertitudes que la
prospective cherche à minimiser autant que faire se peut en prenant des
décisions allant dans le sens de l'avenir souhaité.
L'utilité d'une réflexion prospective
dépend des objectifs poursuivis par ceux qui la mènent ou la font
mener, ainsi que de la crédibilité de ses résultats. La
crédibilité exprime le degré de confiance que l'on accorde
à la qualité des informations, à la rigueur du
raisonnement et à l'indépendance du jugement.
Parmi les objectifs auxquels contribue la prospective, on
peut relever des objectifs stratégiques suivants:
· Orienter l'action présente (le plan) à
la lumière des futurs possibles et désirés, par exemple,
en recherchant le maximum de souplesse face à l'incertitude;
· Baliser les futurs possibles de repères qui
aident à distinguer dans la légion des faits du présent,
les faits porteurs d'avenir, c'est-à-dire « les faits infimes par
leurs dimensions présentes, mais immenses par leurs conséquences
virtuelles » (P.MASSE);
· Mobiliser l'intelligence des hommes : c'est
l'appropriation du changement par l'anticipation partagée.
L'utilité dépend directement de la contribution
à ces objectifs stratégiques. Ainsi, la crédibilité
de la prospective croît avec la pertinence, la cohérence et la
vraisemblance des scénarios et l'importance de leurs
conséquences.
Mais la prospective peut être utilisée par les
dirigeants pour orienter les populations en ce sens que ceux-ci jouent avec le
futur comme instrument de mobilisation (ou de démobilisation) des
masses. Il s'agira par exemple de mieux faire accepter les difficultés
présentes au nom d'un projet futur. Pour pallier cette éventuelle
situation, il est nécessaire que la réflexion prospective soit
l'affaire de tous, c'est-à-dire prise en main par tous ceux qui sont
concernés.
La prospective a le mérite d'être un domaine
concernant chacun là ou il se trouve, et lui permettant de prendre son
avenir en main.
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