I. Contexte et justification
Sur le plan international, les débats en matière
de développement concernent les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). Ces objectifs, qui sont au nombre de huit (08) sont
fixés pour l'horizon 2015. Ce sont : éliminer l'extrême
pauvreté et la faim ; assurer l'éducation primaire pour tous ;
promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ;
réduire la mortalité des enfants de moins de cinq (5) ans ;
améliorer la santé maternelle ; combattre le VIH/SIDA, le
paludisme et d'autres maladies ; assurer un environnement durable ; mettre en
place un partenariat mondial pour le développement.
A l'échelle sous-régionale, les Etats de
l'Afrique de l'Ouest ont pour la plupart entamé la réalisation
d'études prospectives. Cet état de fait est dû à la
volonté de disposer d'un cadre prospectif d'un développement
basé sur un changement structurel de l'environnement.
Au plan national et suite au constat des insuffisances du
Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), le Burkina
a décidé de procéder à une relecture de celui-ci.
Au titre de ces insuffisances, figure le fait que le CSLP n'ait pas
suffisamment intégré la vision prospective. Le dispositif
chargé de la mise en oeuvre de la Stratégie de Croissance
Accélérée et de Développement Durable (SCADD) a
été alors mis en place par l'arrêté
ministériel N°2009007. La SCADD vise de manière succincte
l'amélioration des capacités de production et l'atteinte des
OMD.
Ainsi, la prospective apparaît au centre des politiques
de développement mises en place tant aux niveaux national,
sous-régional, qu'international, puisque la SCADD doit s'inscrire dans
la vision prospective afin d'atteindre, entre autres, les OMD.
Le choix de notre thème découle de la
nécessité de faire un bilan de l'avancée de la culture et
de la pratique prospective au Burkina, compte tenu de son importance dans les
actions de développement au Burkina.
Ces travaux ont été financés par le Projet
REGE 2
Ces travaux ont été financés par le Projet
REGE 3
II. Problématique
Au Burkina Faso, le séminaire sur le renouveau de la
planification de 1994 qui s'est tenu à Bobo-Dioulasso a marqué le
point de départ de l'approche prospective. Au cours de ce
séminaire, une analyse rétrospective des trois dernières
décennies de planification a été
réalisée.
Le pays avait connu deux grandes périodes de
planification à cheval entre 1960 et le milieu des années 1990.
La première période qui s'est étalée de 1960
à 1990 est caractérisée par une planification à
moyen terme généralement à horizon quinquennal dans une
situation contemporaine d'Etat-providence, donc intervenant dans la
quasi-totalité des secteurs de développement. Cette ère de
planification n'a pas réussi à anticiper sur les conjonctures des
années 80, lesquelles se distinguèrent par des
déséquilibres macroéconomiques, notamment des endettements
croissants et des fluctuations des prix des produits de base. Pour pallier ces
déséquilibres, la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International (FMI) ont mis en place à partir des années 1990 les
Programmes d'Ajustement Structurel (PAS). Ce changement a influé sur la
planification quinquennale qui s'est transformée en programmation
triennale, axée sur la gestion financière, donc sur le court
terme. Cette deuxième période de planification, bien qu'ayant
assaini les finances publiques et entraîné un retour vers la
croissance économique, n'a pu juguler l'aggravation de la
pauvreté.
L'analyse rétrospective a permis de conférer
désormais à la fonction de planification trois (03) missions
principales que sont la valorisation de la fonction prospective, la mise en
place d'un cadre d'orientation stratégique à moyen terme et la
traduction de l'orientation stratégique en un cadre de gestion
opérationnelle de l'économie nationale. C'est dans cet ordre
d'idées que suite à ce séminaire, il a été
entrepris de réaliser une étude nationale prospective
dénommée « Etude Nationale Prospective Burkina 2025 »,
sous la conduite du Ministère de l'Economie et du Développement
(MEDEV) et avec l'appui des partenaires au développement. Cette
étude, après un démarrage timide depuis 1999, a connu une
accélération en 2003 et les résultats sont disponibles
depuis 2004-2005.
Cependant, force est de reconnaître que plus de dix (10)
ans après les prémices de la prospective au Burkina Faso,
l'approche prospective demeure toujours un véritable problème
en termes de mise en oeuvre. Un premier constat est que les
Directeurs Généraux et Centraux du Ministère de l'Economie
et des Finances (MEF) ont été informés des
résultats de l'ENP le 29 juillet 2009 soit cinq ans (05) après la
sortie des résultats de l'étude prospective. Ces directeurs sont
pourtant les cadres du MEF qui est partie intégrante du dispositif
institutionnel de la prospective au Burkina. Ensuite, lors de la restitution
des résumés des études prospectives sur le secteur
énergie, le secteur coton et le VIH/SIDA, la plupart des participants
semblait ne pas savoir en quoi consiste la prospective. Dans ce contexte, la
question d'intérêt que l'on est en droit de se poser est la
suivante : Quelles sont les chances de réussite de la démarche
prospective au Burkina ?
Cette question centrale de notre étude est sous-tendue
par quatre interrogations fondamentales liées entre elles:
y' Le Burkina a-t-il les capacités de réaliser
la vision prospective sur le plan de la gouvernance ?
y' Le Burkina possède t-il les moyens de réaliser
la vision prospective sur le plan social ? y' Le Burkina se trouve-t-il sur la
voie de la réalisation de la vision prospective sur le plan
économique ?
y' Le Burkina a-t-il les capacités nécessaires
pour la réalisation de la vision prospective sur le plan de la politique
extérieure ?
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