Ces travaux ont été financés par le
Projet REGE 13
CHAPITRE III :
Démarche globale de la prospective
I. Concepts de base
La prospective n'est en aucune manière assimilable
à la prophétie ou à la prévision, et ce, parce
qu'elle ne dévoile pas l'avenir comme s'il s'agissait d'une chose
déjà faite, mais elle aide à le construire. Cela est le
fait de l'essence même de la prospective qui se traduit par trois (03)
postulats.
I.1. L'avenir, domaine de liberté
Ce fondement de la prospective reflète que l'avenir
des sociétés humaines est loin d'être intégralement
régi par des lois, mais qu'il demeure largement
indéterminé et ouvert. L'avenir n'est pas prévisible
à l'instar des visions du futur de cette chimère qu'est la boule
de cristal. Il est ouvert, à contrario, à plusieurs futurs
possibles (tant rassurants qu'alarmants). Ces futurs possibles constituent
alors des opportunités d'autodétermination, en d'autres termes,
des espaces de liberté.
Cependant, il serait tout à fait puéril pour le
prospectiviste de penser que tout est possible si bien qu'il lui appartient
d'identifier l'éventail des futurs possibles. La conséquence de
cela est que, vu que cet éventail se déforme continuellement (des
futurs possibles disparaissent alors que d'autres émergent), il faudra
procéder à son identification non pas une fois pour toutes, mais
de façon permanente. Ainsi donc, convient-il d'être
perpétuellement aux aguets vis-à-vis des changements possibles
et, inversement, dans les domaines où l'on croit les changements
rapides, de ne pas négliger les facteurs d'inertie et ceux qui, tout
simplement, jouent un rôle de frein : à titre d'exemple, les
changements socio-organisationnels et l'acquisition des nouveaux savoir-faire
qu'impliquent souvent l'adoption de nouvelles technologies.
I.2 L'avenir, domaine de pouvoir
Ce postulat de la prospective met en évidence le fait
que le temps long soit le seul sur lequel peuvent réellement être
engagées les actions en profondeur, impliquant, par exemple, de
nouvelles infrastructures, la formation des hommes, le changement des
mentalités et des comportements. A l'opposé, à l'horizon
de quelques mois, de trois ou cinq années, les dés sont
pratiquement lancés, donc les marges de manoeuvre très
limitées.
Michel GODET énonce quatre (04) attitudes face
à l'incertitude et aux potentialités de l'avenir : passive (subir
le changement), réactive (attendre le changement pour réagir),
pré-active (se préparer à un changement anticipé)
et proactive (agir pour provoquer le changement souhaité). Parmi ces
attitudes, la prospective s'intéresse simultanément à la
pré-activité et la pro-activité.
Mais il faut éviter d'amalgamer sur cette notion de
pouvoir en ce sens que le pouvoir dont il s'agit ici n'est pas un pouvoir
absolu. En effet, chacun possède un lopin de pouvoir lui permettant
d'une part, de faire pour lui-même des projets, et d'autre part, de
s'inscrire dans le projet de société.
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