SYNTHESE
Par la présente étude, nous avons estimé
les charges de production de pomme, d'abord par classe d'exploitations et puis
par commune. La classe des grandes exploitations se démarque comme
étant celle qui engage les charges de production les plus
élevées et réalise, en conséquence, les meilleurs
rendements. Nous avons pu apprécier l'avance qu'a la commune d'Asni sur
les autres communes de la zone d'étude dans la conduite technique du
pommier.
Les charges de production renseignent donc sur
l'itinéraire technique adopté, ce qui confirme l'hypothèse
H1. Nous avons également déduit, moyennant un cas d'étude,
que les charges de production les plus importantes sont celles des traitements
phytosanitaires et de la main d'oeuvre salariée.
Le diagnostic des pratiques de commercialisation des pommes
par les producteurs de la zone, nous a permis de retenir deux grandes
modalités de vente bien distinctes : la vente sur pied et la vente
après stockage. Comme il nous a permis de relever l'existence de deux
modes de conservation dans la zone : l'un traditionnel, l'autre moderne.
Comme avancé dans notre hypothèse de travail
à ce sujet, la prépondérance de la vente sur
pied s'est vérifiée ; elle s'opère par
les 3/4 des producteurs. Les raisons qui les poussent à y recourir
varient d'un producteur à l'autre, tout en retenant que plus de 50%
d'entre eux déplorent leurs besoins pressants en trésorerie.
Nous avons pu révéler à l'aide de la
MARP, que 70% des pommes destinées à la vente après
stockage, sont conservées traditionnellement. Vu la nature
périssable de la pomme, ce mode de stockage engendre des pertes
considérables en quantité et en qualité. Ainsi,
l'hypothèse H3 est confirmée.
En comparant la marge brute des producteurs vendant sur pied
avec celle de ceux qui vendent après stockage, une nette
différence est ressortie : 1,7 DH/Kg pour les premiers et 2,2 DH/Kg pour
les seconds.
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L'intervention des collecteurs dans la commercialisation des
pommes produites dans la zone d'étude prend différentes formes
(Figure 9). Ils peuvent acheter des agriculteurs leur production qu'ils
écoulent directement sur le marché, comme ils peuvent la stocker
ou, dans quelques cas, la vendre à un autre collecteur. L'intervention
des collecteurs est souvent taxée d'être la cause du
renchérissement des prix payés par le consommateur. Pourtant,
selon les estimations dégagées par notre travail, la marge brute
qui revient à cette catégorie d'opérateurs n'est que de
0,5 DH/Kg.
La mise en oeuvre de tout projet de développement
requiert une synergie entre les différents opérateurs
concernés et leurs organisations. Le diagnostic des circuits de
commercialisation des pommes produites dans la zone d'étude a
relevé l'existence d'une multiplicité d'intervenants qui
devraient être prise en considération dans la conception de tout
projet visant le développement de cette filière. En fait, les
collecteurs constituent une catégorie d'opérateurs importante
dans la mesure où ils arrivent tout de même à prendre en
charge la plus importante part de la production. Leur implication dans le
projet en cours de réalisation pourrait contribuer à faire sortir
leur pratique de l'informel, voire de l'opacité.
Les collecteurs seront les premiers à se servir de
l'unité frigorifique prévue et pourtant, ils ne sont pas pris en
compte et aucune mesure pour organiser autrement leur intervention n'est
envisagée. Quant aux producteurs, la majorité d'entre eux, et
surtout les petits, continueront à vendre sur pied, non guère par
choix mais contrariés par le manque de financement. L'hypothèse
H4 est ainsi, remise en cause.
Outre cela, les conflits menaçants entre la
coopérative Asni et celle de Tifaouine pourraient compromettre la
réussite de cette action. La coopérative Asni,
désignée comme le porteur du projet, est censée
gérer l'unité prévue, mais sa « rivale » la
coopérative Tifaouine commence d'ores et déjà à
protester et à exiger que toutes les coopératives soient parties
prenantes dans le projet. La création d'une union de coopératives
ou d'un groupement d'intérêt économique entre elles
pourraient constituer une alternative porteuse, encore faut-il que la bonne
volonté de tous soit acquise. Ce qui ne semble pas être le cas
aujourd'hui.
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Concernant la production, les enquêtés ont
évoqué avec insistance, le manque, si ce n'est l'absence, d'un
encadrement technique efficace à leur profit. Ils jugent les quelques
formations dont ils ont bénéficié très
insuffisantes et les considèrent, dans la plupart des cas,
inadaptées à leur besoin.
L'étude que nous avons menée n'avait aucune
prétention de procéder à une analyse intégrale de
la filière pomme dans la zone choisie. Elle s'est limitée aux
segments ciblés par notre problématique.
D'un point de vue méthodologique, il faut mentionner
qu'une sur-représentativité des grandes exploitations a
été révélée. En effet, la taille moyenne des
exploitations de la zone est de 0,9 ha contre 2,8 ha pour notre
échantillon. Notre but était de choisir un échantillon
raisonné, de manière à couvrir toutes les classes
d'exploitations. Cela pourrait limiter la représentativité, au
sens de la statistique quantitative, des résultats obtenus sur la base
de l'échantillon.
Au demeurant, la valorisation de la pomme devrait commencer
par l'amélioration de la productivité et de la qualité qui
se préparent au verger. Autrement, quelle valorisation serait-elle
possible à une pomme de qualité médiocre ?
Comme il serait judicieux de se pencher sur les sources et les
difficultés de financement des producteurs. La réponse à
cette problématique permettrait certainement de mieux cerner les goulots
d'étranglement à la production et de dégager les voies
susceptibles d'en améliorer les performances en quantité et en
qualité. Dans cette perspective, il serait d'une extrême
importance de se rapprocher de deux acteurs parmi ceux que l'analyse de
filière qualifie d'acteurs indirects et que notre travail n'a pas
touchés : les fournisseurs d'intrants agricoles et les institutions de
financement.
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