1.2 Les charges de production
Avant d'exposer et d'interpréter les résultats
obtenus à ce sujet, nous devons préciser que dans notre propos,
les charges de production que nous avons prises en compte sont les charges
monétaires que les exploitants enquêtés ont
déclarés comme étant celles qu'ils engagent habituellement
dans la conduite technique de leurs vergers de pommier. Elles correspondent aux
charges opérationnelles occasionnées par l'achat des intrants
(produits phytosanitaires, engrais) et l'utilisation de la main d'oeuvre
salariée. Aussi, nous n'avons pas considéré les charges de
structure, ni la valeur de la main d'oeuvre familiale.
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Lors de nos enquêtes auprès d'eux, les
producteurs nous déclaraient autant les charges que le rendement en les
rapportant au nombre de pommiers qu'ils ont en production. Ce qui nous a
conduits à opter pour l'évaluation des charges par Kg de pommes
produit, en divisant les charges/pied par le rendement/pied. Etant entendu
qu'à ce niveau de l'analyse, nous n'avons pas intégré les
charges des opérations de récolte et de stockage que certains des
producteurs enquêtés réalisent pour la production qu'ils ne
vendent pas sur pieds. Les résultats obtenus par classe de producteurs
sont rapportés par le tableau ci-après.
Tableau 9. Charges moyennes de production des pommes
selon les classes d'exploitations enquêtées.
Classes d'exploitations (Nb pommiers
en production)
|
Nombre d'exploitations
|
Rendement moyen
|
Charges moyennes de production
|
(t/ha)
|
(Kg/pommier en production)
|
(DH/pommier)
|
(DH/Kg)
|
= 100
|
8
|
13
|
15
|
19
|
1,3
|
100 à 200
|
10
|
15
|
18
|
25
|
1,4
|
200 à 700
|
14
|
18
|
22
|
32
|
1,5
|
700 à 1200
|
5
|
18,5
|
22
|
39
|
1,8
|
1200 à 6000
|
3
|
20
|
24
|
48
|
2,0
|
Total échantillon
|
40
|
16,5
|
19
|
30
|
1,5
|
Ce tableau montre que pour l'ensemble de l'échantillon
enquêté, les charges de production s'établissent, en
moyenne, à 30 DH/arbre et à 1,5 DH/Kg de pomme (max : 4,5 DH/kg,
min : 0,7 DH/kg). Il montre surtout qu'à l'instar du rendement, ces
charges augmentent significativement des plus petites aux plus grandes
exploitations (de 19 à 48 DH/arbre et de 1,3 à 2 DH/Kg).
Ces résultats laissent penser que : i) l'investissement
dans la conduite technique des vergers est d'autant plus important que les
exploitations sont plus grandes ; ii) cet investissement s'accompagne d'une
augmentation du rendement ; iii) sauf que cette augmentation ne compense pas
celle des charges de production. Il en résulte que le Kg de pommes
produites par les grandes exploitations leur coûte plus cher que les
autres. Mais comme leur production est beaucoup plus importante, le revenu
qu'ils en tirent de sa vente l'est autant (effet de masse).
En fait, dans ce type de zone, le nombre de pieds de fruitiers
productifs, composante majeure du patrimoine des exploitations agricoles, est
l'un des facteurs déterminants des
34
stratégies adoptées par les producteurs. Ainsi,
ceux qui en ont suffisamment en tirent des revenus substantiels qui leur
permettent de dégager de quoi couvrir les charges nécessaires
à l'amélioration de la conduite technique de leurs vergers et
par-là, d'en accroître la productivité. Ce qui n'est pas le
cas de la grande majorité des petits producteurs dont les ressources de
base sont si limitées qu'elles ne suffisent même pas à
couvrir les besoins essentiels de leurs familles souvent nombreuses. Cette
catégorie de producteurs se trouve ainsi confrontée à de
réelles difficultés à satisfaire les besoins en engrais et
surtout en produits phytosanitaires de leurs fruitiers. Il en résulte
des vergers mal conduits, mal traités, exposés aux risques des
maladies et des ravageurs. Ce qui conduit à une productivité
très modeste avec une qualité qui laisse à désirer.
La MARP nous a permis d'estimer que 20% seulement des producteurs appliquent un
itinéraire technique adéquat et arrivent à produire des
pommes de qualité.
Encadré 2. Structure des charges de
production.
|
Mr. Brahim, producteur de pomme à la commune
d'Asni, nous fait part de ses connaissances dans le domaine. Il nous explique
qu'une parcelle de 100 arbres nécessite des dépenses d'environ 5
000 DH. Il y inclut les coûts des intrants achetés (engrais et
produits phytosanitaires) et de la main d'oeuvre salariée
utilisée pour l'exécution des divers travaux d'entretien des
vergers.
Chez ce producteur, ce montant des charges se répartit
comme suit :
|
les produits phytosanitaires occupent le premier rang avec
44% ; le pommier étant une
|
espèce extrêmement sensible aux maladies et aux
attaques des ravageurs. « La protection
|
phytosanitaire est onéreuse en raison du nombre
élevé d'interventions (12 à 20) que
|
nécessite le pommier. Elle dépend de la
situation de chaque verger et des attaques subites
|
la saison écoulée » (Oukabli A. 2004)
;
|
la main d'oeuvre vient au deuxième rang avec 36% (dont
17% consacrés à la taille). « La
|
taille est une des opérations les plus importantes de
l'itinéraire technique qui est difficile à
|
décrire et qui nécessite une main d'oeuvre
spécialisée pour sa réalisation » (Oukabli A.
|
2004). ;
|
au dernier rang, les fertilisants avec 20% (dont 20% pour les
fertilisants organiques et 80%
|
pour les fertilisants chimiques).
|
35
|