1.2. Revue de la littérature
La revue de la littérature est présentée
par thème. Les thèmes abordés sont : la place de
l'agriculture dans l'économie, l'interaction entre l'agriculture, le
PIB, l'industrie et les services, les obstacles au développement
agricole et enfin l'agriculture et la formation du capital.
1.2.1. Place de l'agriculture dans l'économie
Avant les années 1950, certains auteurs ont
estimé que la croissance agricole a précédé celle
de l'industrie. C'est ainsi que les historiens de la révolution
industrielle ont affirmé que la révolution agricole a
précédé la révolution industrielle par un
décalage de cinquante à soixante années. En 1767, à
l'aube de la révolution industrielle, Mill affirmait que la
productivité de l'agriculteur limite la taille du secteur
industriel5. A partir de 1950, les
5 Confère Bella (2009).
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économistes considéraient de plus en plus le
secteur agricole comme un secteur retardé dans l'économie,
générateur d'un surplus de main d'oeuvre tel que l'a
formalisé Lewis (1955). L'intérêt était porté
sur la croissance résultant du secteur non agricole. Le secteur agricole
devait fournir à ce dernier les éléments
nécessaires à son expansion. À cet effet, les physiocrates
reconnaissaient que l'importance d'un surplus agricole était essentielle
pour la bonne santé des finances publiques et le niveau de
l'activité économique.
Pour Lewis (1955), l'agriculture est source de formation du
capital. Elle libère la main d'oeuvre faiblement productive pour
alimenter les autres secteurs notamment l'industrie en constituant ainsi un
marché pour les produits industriels fournisseurs des devises permettant
de financer les importations.
Selon Bella (2009), le secteur agricole l'agriculture, de part
son potentiel de profits, attire des investissements directs étrangers,
créant de ce fait des emplois et ouvrant de nouveaux créneaux
d'investissements au profit des entrepreneurs locaux pour une augmentation de
la production locale. Dans ce même ordre d'idée, la Banque
Mondiale (2008) estime que l'agriculture contribue au développement de
beaucoup de manières. D'abord, en tant qu'activité
économique, « l'agriculture peut alimenter la croissance de
l'économie nationale, offrir des opportunités d'investissement au
secteur privé et être le principal moteur des industries
apparentées et de l'économie rurale non agricole ».
Ensuite, les industries et les services associés à l'agriculture
dans les chaînes de valeur contribuent souvent pour plus de 30 % au PIB
dans les pays en mutation et les pays urbanisés. En fin, elle pense que
l'agriculture constitue un instrument de développement unique car elle
contribue au développement en tant qu'activité économique,
moyen de subsistance et fournisseur de services environnementaux.
Pour la B.M. (op.cit), la manière dont l'agriculture
favorise le développement diffère d'un pays à un autre
selon la façon dont chaque pays l'utilise pour alimenter la croissance
et réduire la pauvreté. Dans les pays à vocation agricole
à l'instar des pays d'Afrique sub-saharienne, l'agriculture est le
principal moteur de la croissance. Dans les pays en mutation tels que la Chine,
l'Inde, l'Indonésie, le Maroc et la Roumanie, elle n'est plus un facteur
primordial de la croissance économique ; elle contribue en moyenne pour
seulement 7 % à l'augmentation du PIB. Dans les pays urbanisés,
la contribution directe de l'agriculture à la croissance
économique est encore plus réduite (5 % de l'augmentation du PIB,
en moyenne).
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Kuznets (1964) pour sa part, distingue quatre voies par
lesquelles l'agriculture concourt au développement économique.
D'abord, à travers ses produits, l'agriculture est source de nourriture.
Elle permet d'alimenter la main d'oeuvre des autres secteurs. Elle procure
à l'industrie les matières premières. Un secteur agricole
productif fournira des produits bon marché, d'où une
amélioration du niveau de rémunération réelle et
donc une possibilité d'accumulation pour les autres secteurs. De plus,
l'augmentation de la production agricole a un effet sur la croissance du
Produit Intérieur Brut (PIB). Ensuite, le secteur agricole peut
constituer une demande de biens industriels et de services. Une
amélioration de la productivité dans ce secteur devrait permettre
l'amélioration des revenus du monde paysan et par conséquent
l'accroissement de leur consommation. Le secteur agricole peut ainsi faciliter
l'émergence de nouveaux débouchés pour les industries. En
outre, l'agriculture est source de devises pour l'ensemble de l'économie
à travers l'exportation de ses produits. Ces devises peuvent permettre
d'importer des machines et matières premières dont a besoin
l'industrie pour se développer. Enfin, l'agriculture dégage le
plus souvent un surplus de main d'oeuvre qui est considérée comme
un important facteur de production aux autres secteurs, notamment
l'industrie.
Bako (2011) s'est intéressé aux problèmes
de financement de l'agriculture burkinabè en mettant en exergue les
potentialités et les défis de cette agriculture afin
d'appréhender les besoins de financement du secteur et d'analyser les
problèmes de son financement. Une analyse économétrique
réalisée à partir d'un modèle à correction
d'erreur a révélé qu'il existe une relation de long terme
entre la production agricole et les financements publics et que ces
financements ont un impact positif à court et à long terme sur la
croissance agricole. Les simulations réalisées montrent
qu'à partir d'un taux de croissance des financements publics agricoles
de 9% sur la période 2009-2015, le pays pourrait atteindre les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD) en matière de
réduction de la faim.
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