1.2.2. Interaction entre agriculture, PIB, industrie et
services
Peu d'études empiriques ont porté sur la
corrélation entre les trois secteurs de l'économie à
savoir le secteur agricole, le secteur industriel et le secteur des services,
de même qu'avec le PIB. Ces études qui ont été
réalisée établissent une corrélation positive entre
l'agriculture (en amont), les autres secteurs et le PIB (en aval).
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C'est ainsi que Yao (2000) a démontré par la
méthode de co-intégration qu'en Chine, l'agriculture a
entraîné la croissance des autres secteurs, et la croissance du
secteur non agricole n'a pas d'effet sur le secteur agricole.
Katircioglu (2006) a mené les mêmes études
dans la partie nord de Chypre afin d'établir le sens de causalité
selon Granger entre les taux de croissance du P11B réel et du P11B
réel agricole. Dans une deuxième étude, il a
recherché la co-intégration et les relations causales entre les
différents secteurs d'activité de Chypre du nord. En utilisant
les valeurs en logarithme du P11B réel, du P11B réel agricole, du
P11B réel industriel et du P11B réel des services, il trouve que
l'agriculture reste encore l'épine dorsale de l'économie de ce
pays et qu'elle a une relation d'équilibre de long terme avec la
croissance économique et donne la direction du développement de
l'industrie.
Bella (op.cit) a abouti aux résultats contraires
à ceux de Katircioglu (op.cit) pour le Cameroun. Par l'estimation d'un
modèle vectoriel à correction d'erreur (VECM), il trouve qu'il
existe une relation de long terme entre les taux de croissance du P11B
réel par tête, des P11B réel agricole, industriel et des
services. Cette relation de long terme montre qu'une hausse du P11B réel
agricole a eu en moyenne une baisse du P11B réel par tête. Les
estimations révèlent également que le développement
du secteur agricole n'a pas causé celui des autres secteurs.
1.2.3. Obstacles au développement agricole
D'après une étude réalisée par
l'UEMOA (2002), l'agriculture est confrontée à certaines
difficultés ces dernières années. L'exemple le plus
frappant concerne le secteur céréalier qui a connu une
dégradation ces trois dernières décennies alors qu'il
était assez équilibré dans les années 60. Cette
situation est liée à « l'accroissement
démographique, aux aléas climatiques, à la
dégradation des termes des échanges, à l'exode rural, mais
aussi aux politiques agricoles, qui n'ont pas pu toujours trouver
l'équilibre souhaitable entre cultures de rentes et cultures
vivrières, ni protéger suffisamment la petite exploitation qui
assure les 90 % des productions céréalières
».
Dans cet ordre d'idée Hassine & al. (2006), ont
fait remarquer que la libéralisation agricole présente des
risques. Mais au-delà de ces risques, elle offre de nombreuses
opportunités pour les pays impliqués dans l'accord
d'association.
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Pour Harsch (2004) les politiques agricoles des gouvernements
africains se sont révélées insuffisantes, n'offrant que de
faibles incitations économiques aux producteurs agricoles. Les mesures
de privatisation et autres politiques d'ajustement structurel ont amené
les Etats à se retirer "trop précipitamment" de la production
directe. Faute d'un secteur privé viable, ce désengagement a
provoqué une `profonde désorganisation de la production, du
commerce des produits agricoles et des services d'appui à
l'agriculture'.
Le secteur agricole souffre également du manque de
capitaux. De nombreux gouvernements consacrent moins de 1 % de leurs budgets
à l'agriculture. Non seulement les donateurs diminuent le volume global
de l'aide consentie, mais aussi ils privilégient d'autres secteurs.
C'est ainsi qu'à l'échelle mondiale, le montant de l'aide
allouée aux activités agricoles est passé de 11 milliards
de dollars en 1990 à 7,4 milliards en 1998. La diminution a
été particulièrement sensible dans le cas de la Banque
mondiale qui consacrait 39 % de l'ensemble de ses prêts au secteur
agricole en 1987, contre 7 % seulement en 2000.
D'autres obstacles à l'agriculture concernent l'absence
ou le mauvais état des infrastructures routières et de moyens
d'entreposage. Les efforts des agriculteurs pour accroître la production
se heurtent à la pénurie d'infrastructures dans la plupart des
pays d'Afrique. L'état de nombreuses routes asphaltées du
continent s'est sensiblement détérioré en raison d'une
utilisation excessive et d'un entretien insuffisant. L'absence de moyens
d'entreposage et d'infrastructures dont les agriculteurs ont besoin pour
commercialiser leurs récoltes ne les incitera pas à produire
davantage. La part exportée souffre non seulement de
l'instabilité des cours agricoles mondiaux, mais aussi, pâtissent
d'un accès limité aux marchés du Nord et des subventions
importantes versées aux agriculteurs riches des pays
industrialisés.
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