3.2. Présentation et analyse des
résultats
3.2.1. Tests de stationnarité
Pour étudier la stationnarité des variables, les
tests de racine unitaire de Dickey-Fuller augmenté (ADF) et de
Phillips-Perron (PP) ont été appliqués. Ces tests ont fait
l'objet de nombreuses présentations dans la littérature
empirique. Ils ne seront donc pas formellement présentés ici. Il
est important de rappeler que contrairement au test ADF qui prend en compte
uniquement la présence d'autocorrélation dans les séries,
le test PP considère en plus l'hypothèse de présence d'une
dimension hétéroscédastique dans les séries. Pour
ces deux tests, l'hypothèse nulle est celle de l'existence d'une racine
unitaire. Pour que la série soit considérée comme
stationnaire, il faut que la statistique reportée soit inférieure
à la valeur critique.
44
Il ressort des tests ADF et PP, que Log(k) (Niger),
Log(PIBAGR) (Niger, Sénégal et Togo), Log(PIBIND)
(Sénégal et Togo), Log(PIBRH) (Togo) et Log(PIBSER) (Mali) sont
stationnaires à niveau au seuil de 5 pour cent. En effet, les
statistiques des tests ADF et PP reportent des valeurs inférieures aux
valeurs critiques à 5% ; ce qui autorise à rejeter
l'hypothèse nulle de racine unitaire. Ces variables sont stationnaires
en niveau dans les pays concernés.
En considérant les séries en différence
première, les statistiques des tests ADF et PP donnent des valeurs
inférieures aux valeurs critiques pour le reste des variables, sauf pour
la variable Log(k) qui est stationnaire en seconde différence dans la
plupart des pays (Bénin, Côte d'Ivoire, Sénégal et
Togo).
Les résultats de ces tests sont synthétisés
dans un tableau en annexe 5.
3.2.2. Tests de cointégration de Johannsen
Les tests de cointégration de Johansen effectués
sur les séries ont monté que les variables : Log(PIBRH), Log(k),
Log(PIBAGR), Log(PIBIND), et Log(PIBSER) sont cointégrées au
seuil de 5 pour cent.
En effet, d'après les résultats du tableau de
l'annexe 6, le test de la Trace indique les relations de cointégration
suivantes : 01 pour le Sénégal et le Togo, 2 pour la Côte
d'Ivoire, 3 pour le Burkina-Faso et le Niger et 4 pour le Bénin et le
Mali. En conséquence, les Log du PIB réel par tête, du
capital physique par tête, des PIB agricole, industriel et des services
suivent des évolutions parallèles sur la période 1972
à 2007 dans les 7 pays de l'UEMOA.
Les résultats obtenus autorisent à estimer le MCE
pour les 7 pays. 3.2.3. Estimation du MCE
> Modèle 1 (variable dépendante
: PIB réel par tête)
La synthèse des résultats de l'estimation de
modèle MCE à la Hendry sont consignés dans le tableau
ci-après.
45
Tableau 9 : Effet d'une croissance de 10% de la valeur
ajoutée agricole sur le PIBRH
Log(PIBAGR)
|
Bénin
|
Burkina- Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Effets de court terme sur le PIB
|
3,79%
|
3,33%
|
0,62%
|
3,42%
|
3,20%
|
1,90%
|
2,84%
|
Effets de long terme sur le PIB
|
4,03%
|
5,53%
|
0,61%
|
4,44%*
|
-1,19%*
|
1,78%
|
5,40%
|
* : non significatif
|
Source : l'auteur
Les analyses suivantes peuvent être faites :
a) Dans les 7 pays de l'UEMOA, les valeurs de R2
montrent que le log du PIB réel par tête est bien
expliqué le modèle. Par ailleurs, la statistique de Fisher (avec
une probabilité nulle) montre que le MCE est globalement significative.
La statistique de Durbin-Waston est proche de 2, confirmant une absence
d'autocorrélation des erreurs sauf pour le Bénin.
b) Il convient de constater que les valeurs du coefficient
associé à la force de rappel (â5) sont négatives
comme prévu dans les 7 pays. Il existe donc bien un mécanisme
à correction d'erreur : à long terme les
déséquilibres entre les variables se compensent de sorte que les
cinq séries ont des évolutions similaires dans ces pays. Par
exemple, f.?G = -0.319382 pour le Togo signifie qu'on arrive à ajuster
à 31,9% du déséquilibre entre le niveau
désiré et effectif du PIBRH. Il faut ajouter que la force de
rappel est significativement différente de zéro au seuil de 5%
dans ces pays à l'exception du Mali et du Niger. Cependant, la non
significativité de la force de rappel dans ces deux pays n'invalide pas
le MCE.
c) A court terme, le secteur agricole a un effet positif et
significatif sur la croissance dans la majorité des économies de
l'Union. Pour la Côte d'Ivoire, bien que l'effet est positif, il est non
significatif (valeur absolue du t-student calculé < 1.96).
En effet, les élasticités de court terme du
Log(PIBRH) par rapport au Log(PIBAGR), c'est-à-dire f.?2 sont
respectivement 0.379 ; 0.334 ; 0.062; 0,342 ; 0,320 ; 0,190 ; 0,284 pour
Bénin, Burkina-Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger,
Sénégal et Togo. Ce qui signifie qu'à court terme, si le
Log(PIBAGR) augmente de 10% dans ces pays, alors le Log(PIBRH) augmente
respectivement de 3,79% ; 3,34% ; 0,62%; 3,42% ; 3,20% ; 1,90% et 2,84%.
46
d) Les élasticités de long terme du Log(PIBRH)
par rapport à l'agriculture (f.?7/f.?5) indiquent qu'à long terme
le Log(PIBRH) augmente de 4,03% ; 5,53% ; 0,61% ; 4,44% ; -1,19% ; 1,78% ;
5,40% respectivement pour le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte
d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo suite à
une augmentation de 10% du Log(PIBAGR).
> Modèle 2 : variable
dépendante Log(PIBAGR)
Les résultats des estimations sont
synthétisés dans un tableau à l'annexe 9. Ces
résultats montrent que le MCE est globalement significative et que
toutes les variables à l'exception du Log(PIBIND) sont explicatives.
Les valeurs du coefficient associé à la force de
rappel (á5) sont négatives comme prévu. Il existe aussi
bien un mécanisme à correction d'erreur pour ce modèle. A
long terme les déséquilibres entre les variables se compensent de
sorte que les cinq séries ont des évolutions similaires dans ces
pays. La force de rappel est significativement différente de zéro
au seuil de 5% dans presque tous les pays
étudiés12.
Dans le tableau 10 sont consignés les effets sur
l'agriculture d'une croissance de 10% du PIB et des secteurs industriels et des
services.
Tableau 10 : Effets d'une croissance de 10% du PIB réel
par habitant, de la valeur ajoutée du secteur industriel et de celle du
secteur des services sur l'agriculture
|
Bénin
|
Burkina- Faso
|
Côte d'Ivoire
|
Mali
|
Niger
|
Sénégal
|
Togo
|
Elasticités de court terme sur
l'agriculture
|
Log(PIBRH)
|
2,17%
|
15,79%
|
6,28%*
|
17,43%
|
1,89%
|
47,35%
|
17,98%
|
Log(PIBIND)
|
-0,19%7
|
0,985%*
|
-2,94%*
|
-2,84%
|
-0,49%
|
-10,15%
|
-5,97%
|
Log(PIBSER)
|
-1,12%
|
-7,75%
|
7,58%*
|
-2,51%*
|
-0,57%
|
-26,16%
|
-2,72%
|
|
Elasticités de long terme sur
l'agriculture
|
Log(PIBRH)
|
2,82%
|
14,26%
|
-6,95%*
|
-1,22%*
|
1,41%
|
46,41%
|
17,02%
|
Log(PIBIND)
|
0,62%
|
6,85%*
|
0,64%*
|
-3,3%*
|
-0,22%
|
-8,78%
|
-5,53%*
|
Log(PIBSER)
|
-2,40%
|
-16,06%
|
15,06%*
|
10,47%*
|
0,05%
|
-27,69%
|
0,33%*
|
* : non significatif
|
Source : l'auteur
12 Au Bénin et au Niger, la force de rappel
n'est pas significative.
47
On constat que le coefficient associé à la force
de rappel (a5) est négatif (-0.601) et significativement
différent de zéro au seuil de 5% (test de student
supérieur en valeur absolue à 1,96). Il existe donc bien un
mécanisme à correction d'erreur : à long terme les
déséquilibres entre les variables se compensent de sorte que les
cinq séries ont des évolutions similaires. a5 = -0.601 signifie
qu'on arrive à ajuster à 60,1% du déséquilibre
entre le niveau désiré et effectif du PIB agricole.
Par ailleurs, les analyses suivantes peuvent être faites
:
a) A court terme :
y' le secteur agricole est positivement influencé de
manière significative par le PIB dans presque tous les pays. Elle n'est
pas significative en C'ôte d'Ivoire mais le coefficient est de signe
attendu ;
y' le secteur industriel a une influence négative sur
le secteur agricole dans l'espace UEMOA hormis le Burkina-Faso où
l'influence est positive mais non significative ;
y' le secteur des services a aussi une influence
négative sur le secteur agricole dans les pays, sauf la C'ôte
d'Ivoire.
Les élasticités de court terme de PIBAGR par
rapport au PIBRH, au PIBIND et au PIBSER sont respectivement a2
= 1.579, a3 = 0.098 et a4 = -0.775.
Ce qui signifie qu'à court terme, si le PIBRH, le PIBIND et le PIBSER
augmentent de 10%, alors le PIBAGR va respectivement augmenter d'environ 15,8%,
de 0,98%13 et diminuer de 7,75%. En somme, à court terme, la
croissance économique a un effet positif significatif et le secteur des
services a un effet négatif significatif sur le secteur agricole.
Cependant l'effet positif du secteur industriel est non significatif.
b) A long terme, le secteur agricole est
corrélé positivement d'une façon significative dans la
majorité des pays avec le PIB. Bien que cette relation se soit
révélée négative en Côte d' Ivoire, elle
n'est pas significative. La croissance des secteurs Industriel et des services
n'entraîne pas, dans la plupart des cas, celle de l'agriculture à
long terme. Malgré que la corrélation soit positive au
Burkina-Faso et en Côte d'Ivoire (pour l'industrie) et en Côte
d'Ivoire et Togo (pour les services), elle n'est pas significative. Au
Sénégal par exemple, les
13 Cette augmentation n'est pas significatif car le t
de student (0.434149) est < à 1,96 et la probabilité (0.6676)
est > à 5%.
48
élasticités de long terme de l'agriculture par
rapport au secteur industriel (- (Z\
[] ) et celui des
services (- [^ ) sont respectivement -0,878 et -2,769. Ces
valeurs signifient la croissance de []
10% de la valeur ajoutée de l'un ou l'autre secteur
entraîne à long terme une diminution significative de 8,78% ou de
27,69% de la valeur ajoutée agricole.
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