L'instant d'après( Télécharger le fichier original )par Isabelle Gaillard Université Joseph Fourrier Grenoble - DIU soins palliatifs et accompagnement 2011 |
Cadre conceptuel1 Un instant, un lieu
1-3 Un instant soumis à des réalités matérielles. 1-4 Un lieu d'intimité 1-5 Un instant, un mystère 2 Les proches2-1 Le parcours de ces familles 2-2 La confrontation à la mort 2-3 La relation au défunt 2-4 L'impact des rites et croyances 2-5 Les répercussions physiques et psychologiques 2-6 La mémoire d'un instant, d'un lieu
3 L'infirmier
3-1 Une place particulière 3-2 Les soins portés au corps 3-3 L'accompagnement des proches 1 Un instant, un lieu 1-1 Un instant, hors du temps :Entre la survenue du décès et le transport du corps, le temps imparti est d'une durée plus ou moins longue, selon le souhait des proches de rester auprès du défunt. Bien que limité, cet instant peut paraître durer une éternité. Certaines familles relatent très bien cette notion d'un moment qui semble se figer, se cristalliser, autour de cette scène si intense. L'écoulement des minutes n'a plus de prise sur le proche, en total décalage avec ceux qui l'accompagnent. Concernant le choc initial qu'est l'annonce du décès, Alain de Broca évoque un « instant d'éternité. »1(*) Le proche endeuillé semble être placé hors du temps, dans une autre dimension. Les repères temporels s'estompent, et le proche n'a plus la même perception du temps que les soignants. 1-2 Un instant, entre deux :Le patient, vient de s'éteindre, quittant le monde des vivants. D'un monde à l'autre. Le monde du soin va se retirer dans quelques heures à peine, laissant place au monde du rituel. Entre l'avant et l'après, cet instant marque une totale transition : Tout se mélange, les pensées vaporeuses du proche se tournent vers les souvenirs, l'avenir, l'instant présent. Tout s'enchevêtre si vite, une brume mêlant ces images. Il revoit défiler les images antérieures, le passé lointain, puis la valse incessante des soins, et se projette subitement, percevant l'avenir sans celui qu'il aime tant : « Adieu pour toujours, ou à jamais ! Comment l'écho poignant de ces paroles remplira-t-il le désert infini du temps ultérieur qui commence ce soir ? Pourrons-nous peupler l'immensité de notre solitude quand l'être aimé nous aura quittés ? L'homme au bord du néant voudrait rattraper in extremis cet instant ultime, cet instant béni qui coule dans le lac obscur. »2(*) Son regard se pose sur celui qui n'est plus, essayant de retenir la vue de celui qui bientôt aura totalement disparu : « Le corps du mort, qui n'est jamais seulement ce corps inanimé, est le lieu ou se confondent les temps d'un « encore ici » et d'un « plus jamais là »3(*) En cet instant transitoire, la présence du proche est précieuse. Les minutes auprès de l'être cher sont désormais comptées. Et bien que cet instant soit douloureux, son caractère éphémère lui donne une indéniable intensité. * 1 De Broca Alain, Deuils et endeuillés, Elsevier Masson, 4° édition, 2006, p.13. * 2 Jankélévitch Vladimir, L'irréversible et la nostalgie, Flammarion, Paris, 2011, p.48. * 3 Baudry Patrick, La place des morts, L'Harmattan, Paris, 2006, p.125. |
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